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Britney Spears “…Baby One More Time”

(1999)

EN QUELQUES MOTS

Dans cet épisode on va vous parler de Britney Spears — alias Brit-brit pour les intimes — et du raz-de-marée de “…Baby One More Time”, son premier album sorti en 1999. Après une décennie marquée par les sons grunge et métal, Britney Spears prouve enfin que la pop bubble-gum n’est pas morte.

Grâce à des refrains accrocheurs et une image soigneusement marketée, la petite animatrice du Mickey Club va littéralement devenir du jour au lendemain une superstar mondiale. Son premier album est un carton historique et va se vendre à plus de 30 millions d’exemplaires auprès des kids du monde entier.

Il contient les tubes “Born to make you happy”, “Sometimes”, “Crazy” et bien sûr “…Baby one more time”. Avec Britney Spears la “guimauve” prend enfin sa revanche.

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Retour en 1999

Voilà pour les 11 titres originaux de Baby One More Time. Parce que oui il y a plusieurs versions de l’album c’est le bordel avec 12, 13 ou 14 titres. Moi la mienne a même 16 titres j’ai vraiment de la chance 🙂
C’est donc le 1er album de Britney Spears, il sort le 12 janvier 1999 en CD, Cassette, vinyle et minidisc chez Jive, un label de BMG.

Britney va évidemment marquer l’année culturel 1999, tout comme The Offspring, Dr Dre, Larusso, Faudel et Axel Red. Au cinéma on va voir Star Wars, Matrix et American Pie.

1999, c’est la fin d’une époque. La planète Terre franchit le cap de 6 milliards d’êtres humains. Paco Rabanne prédit que la station mire va s’écrase sur la capitale (et sur le Gers !). On ne parle que du bug de l’an 2000 et tout le monde flippe que l’économie s’écroule.

Mais mais mais, heureusement l’apocalypse n’a pas eu lieu et en 2020 on vous parle de Britney Spears.

La story de Britney Spears

Manu : Revenons maintenant un peu en arrière si vous le voulez bien. On va vous raconter comment une petite animatrice du Mickey Mouse Club est devenu une superstar mondiale. Olivia je te passe le mic.

La petite Britney Jean Spears naît le 2 décembre 1981 à McComb, dans l’État du Mississippi. La famille Spears s’installe à Kentwood, en Louisiane, lorsque Britney a trois ans. BritBrit (comme sa famille aime à l’appeler … et comme on est tous un peu de sa famille, on va pas se priver) est douée pour la danse et la gymnastique. Elle a aussi un joli brin de voix. Sa mère l’inscrit donc à des cours de chant et à chorale de l’église baptiste de Kentwood. Britney passe son temps à chanter et ça en devient un peu agaçant pour tout son entourage…

A 8 ans, sa mère l’emmène à Atlanta pour passer une audition pour le Mickey Mouse Club, mais elle est recalée car trop jeune. Mais, miracle du storytelling à l’américaine, l’un des producteurs de l’émission la remarque et la recommande à un agent de New York.

On a d’ailleurs l’extrait de son tout premier passage télé. Elle a 10 ans et passe dans l’émission de télécrochet “Star Search”. Elle chante “Love can build a bridge” :

INSERT — Star Search

Britbrit passe ses étés suivants à New York afin de suivre des cours de danse et de comédie. En 1991, elle réussit à décrocher de petits rôles dans quelques spectacles de Broadway et des publicités. À 11 ans, elle se présente une nouvelle fois au casting du Mickey Mouse Club et, youpi, cette fois elle est sélectionnée. Elle anime l’émission avec entre autres Christina Aguilera, Ryan Gosling, Justin Timberlake…

Manu : C’est la plus jeune de la bande mais tout le monde la remarque. Son rêve n’est que de courte durée parce que 2 ans plus tard l’émission s’arrête. Britney doit pointer l’ANPE. Mais c’était son compté sur une bonne fée !

En 1997, Britney Spears fait ses débuts dans la musique avec Nikki DeLoach, une ancienne du Mickey Mouse Club. En juin 1997, elles forment le groupe Innosense, et la manager du groupe Lou Pearlman contacte son ami avocat du monde de l’entertainment Larry Rudolph. Britney quitte le groupe quelques mois plus tard.

Sur les conseils de Rudolph, Britney Spears enregistre une maquette avec une chanson non utilisée de Toni Braxton qu’elle envoie aux maisons de disques. Trois studios la refusent car ils préfèrent investir sur des boys bands et girl groups qui ont le vent en poupe, mais le label Jive Records est intéressé. Ils signent un contrat et Britney part pour les Cheiron Studios à Stockholm, en Suède, où la moitié de l’album est enregistrée entre mars et novembre 1998 avec entre autres les producteurs Max Martin, Denniz Pop et Rami. Mais ça, c’est notre cher Greg qui va nous en parler.

Manu : La suite… on la connaît tous. La légende est en marche !

Le single …Baby One More Time sort en octobre 98 et l’album …Baby One More Time en janvier 99. Pour promouvoir son single et son album, Britney fait la tournée des centres commerciaux dans la plupart des grandes villes des États-Unis.

Une grosse promo très 90’s est mise en place : un service d’écoute gratuite de son album est proposé, on envoie des cartes postales de Britney via les fanclub des autres artistes. Et même, attention : un site Internet est créé ! Complètement dingo !

Elle fait également la première partie de la tournée des NSYNC. Entourée de deux danseuses, elle chante et danse pendant trente minutes sur quatre titres. Au début, c’est pas évident : la pauvre BritBrit se fait huer par un public à 99% féminin qui vient pour de la mâchoire carrée et des torses épilés. Mais les choses vont tout de même très vite pour elle.
Le single se vend à 500 000 exemplaires le premier jour de sa sortie !

Comme Britbrit dirait, je la cite dans le texte : OMAGAD, it’s amazing !

Manu : Mais revenons sur l’origine de ce premier single, qui s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires ! c’est mieux que la Macarena !

La chanson en elle-même raconte donc l’histoire d’une jeune fille regrettant d’avoir mis fin à sa relation avec son petit ami. Elle explique et argumente sur le fait qu’elle souhaiterait ardemment se réconcilier avec lui. Ô comme elle désire qu’il la recontacte, « hit me » signifiant ici « hit me up » soit appelle-moi et non pas « frappe-moi encore une fois ».

La chanson s’est d’abord appelée Hit Me Baby One More Time, mais ce sera finalement just…Baby One More Time. Les cerveaux de chez Jive Records se sont rendu compte que la chanson pouvait donner l’impression de pardonner la violence conjugale.

Gros succès donc : l’album débute en première place du Billboard 200. Elle devient la plus jeune artiste à avoir son single et son album n°1 en même temps. Le disque est certifié double disque de platine un mois après sa sortie, tandis que l’album s’installe dans les premières places des classements dans 15 pays.

Manu : En 1999 Britney est absolument partout ! C’est la nouvelle icône pop à la fois ange et démon et elle va faire scandale en posant en soutifs pour le magazine Rolling Stone, avec en sous-titre de malade : “BRITNEY SPEARS : Dans le coeur, la tête et la chambre à coucher d’un rêve adolescent”. Boom.

Je rappelle au passage qu’elle a 17 ans. Evidemment, la fédération des familles américaines commence à voir flou. Ils l’accusent de mélanger innoncence enfantine et sexe. On est en effet très loin du Mickey Club. Ils demandent à ce que le Rolling Stone soit retiré de la vente et lancent un boycott sur l’album de BritBrit.

Guess what : évidemment c’est tout le contraire et les ventes de l’album décuple.

Britney, c’est tout le paradoxe américain : une jeune fille qui déclare partout dans la presse qu’elle se réserve pour le mariage, tout en étant furieusement sexy dans ses clips et apparitions télé.

Le 28 juin 1999, elle a entamé sa première tournée …Baby One More Time Tour aux USA et au Canada, qui continue d’alimenter le scandale à cause de ces tenues sexy.

Autre scandale, Britney chanterait en play back ! Nooooon ! Impossible, je n’ose y croire !

Elle répond via le magazine Rolling Stone :

« Il y a un laps de temps avec l’écran au-dessus de moi, donc si vous écoutez la musique et regardez l’écran, ils ne sont pas synchronisés. Je pense que les gens confondent. Mais je chante toutes les chansons. […] Il y a des moments pendant le spectacle, quand je danse beaucoup, où je suis à bout de souffle, et là nous avons un signal où je vais mourir et ils vont m’aider. Croyez-moi, je donnerais n’importe quoi pour faire un spectacle où je viens m’asseoir et chanter. »

Au total, c’est 30 millions d’exemplaires qui seront vendus dans le monde. En France, évidemment, BritBrit devient rapidement une star. Pas de tournée chez nous mais un peu de promo quand même sur les plateaux télé. Je ne résiste pas à l’envie de vous passer un court extrait de notre BritBrit dans Nulle part ailleurs interviewée par Nagui.

INSERT — Nulle par Ailleurs

Manu : Il y a un truc mois qui m’épate dans cette histoire c’est la stratégie marketing du label qui a déniché le produit parfait pour plaire aux kids. J’ai vu une interview d’époque dans laquelle il y un cadre de Jive qui explique l’explosion démographique à venir et pourquoi la cible marketing “jeune” va devenir LE nouveau marché à conquérir pour les années 2000. C’est assez cynique mais ils ont tapé dans le mille.

Le making-of de "…Baby One More Time"

MANU : Si on revient sur ce qui a fait le succès de Britney, il y a : sa voix, un parfum de scandale mais aussi le talent de deux ingénieurs suédois pour fabriquer des tubes. C’est ce qu’on va voir tout de suite avec toi Greg. Une histoire que l’on a déjà raconté dans notre épisode sur le groupe Ace of Base… mais en partie seulement.

Oui quand on vous a raconté l’histoire de Happy Nation, on vous a parlé d’un producteur suédois qui s’appelle Denniz Pop et de son disciple Max Martin qui avec les studios Cheiron de Stockholm vont façonner le son de la pop mondiale du début des années 2000. C’est eux qui se cachent derrière le succès d’Ace of Base mais aussi des Backstreet Boys, et voici qu’en 1998, le label Jive leur propose de s’occuper de leur nouvelle protégée, Britney Spears.

Une première rencontre est organisée à New York entre Max Martin et Britney Spears, là c’est un peu rencontre du 3ème type entre la petite provinciale américaine et l’ancien métalleux suèdois, mais bon le label JIVE se dit que c’est l’homme de la situation car vrai dire on ne sait pas trop quoi faire de cette gamine de 15 ans, d’ailleurs son contrat précise que si l’album qu’elle prépare ne leur convient pas, toute collaboration est interrompue sans autre forme de procès.

Après cette entrevue à NYC, direction Stockholm donc pour une session hyper intense de 10 jours qui va permettre de mettre en boîte une grande partie de l’album. En studio, Max Martin a les coudées franches et peut réaliser le disque qu’il souhaite faire puisque JIVE lui fait entièrement confiance et la petite Britney est trop jeune pour s’affirmer face à un personnage aussi influent. Cependant, n’imaginez pas du tout Max Martin en tyran qui contrôle tout, c’est au contraire quelqu’un d’hyper à l’écoute, la philosophie du studio c’est d’ailleurs de collaborer en équipe pour sélectionner les meilleures idées et les combiner comme un meuble Ikéa. Je vous propose d’écouter une petite pastille trop mignonne de Britney Spears et Max Martin dans les studios Cheiron de Stockholm au moment de l’enregistrement.

INSERT — Max Martin ITW

MANU/ Et donc Greg, pour cet album, Max Martin fait un peu les fonds de tiroir et retrouve une chanson qui pourrait convenir pour faire un single : un certain Hit Me Baby.

Oui les fonds de tiroir t’as raison Manu car ce titre a déjà été refusé 2 fois (TLC et la chanteuse Robyn). ET dans ce titre vous avez tout le génie de Max Martin et toute la philosophie que le grand Denniz Pop lui a inculqué. Une apparence de simplicité mais un morceau mélodieusement accrocheur basé sur une série de Hook. C’est-à-dire d’éléments qui vont accrocher l’oreille de l’auditeur, presque une signature. Et la signature de Baby one more time, c’est ça.

INSERT — Premier Hook

Dès les première notes, vous savez ce que vous allez entendre. Max Martin explique dans une masterclass que cela vient de la culture DJ de Denniz Pop, reconnaître le morceau pour rester sur le dance floor, car si vous ne reconnaissez pas le morceau tout de suite vous serez tenté d’aller vous reservir une autre caipirinha ou de vous soulager aux toilettes. Et ce Hook, cette signature du morceau, c’est un élément central de ces productions suédoises pour accrocher l’auditeur. Notez d’ailleurs le côté assez rock de ce premier hook, il faut se souvenir que Max Martin vient de cette culture hard rock, et que forcément cela a une influence sur ses productions.

Ensuite, ce qui fait la marque de fabrique de Max Martin c’est son goût pour les belles mélodies et les belles harmonies, un classicisme pop que l’on retrouve ici dans les choeurs de ce baby one more time

INSERT — Back vocals

Et puis souvenons-nous aussi que l’on est en Suède, au pays d’Abba, un groupe qui est aussi une référence pour Max Martin d’où ses petites incursions en territoire disco avec cette basse progressive et une guitare avec un effet wah-wah, très utilisée dans les productions disco des années 70

INSERT — Guitare

Enfin, dans la vision de Denniz PoP et Max Martin, il y a ce que l’on appelle les melodic math, les mathématiques mélodiques, un certain nombre de règles qui permettent de rendre une chanson agréable à écouter. Par exemple si votre couplet comporte beaucoup de mots vous allez vouloir entendre un refrain plus aéré. Max Martin se moque souvent du sens des paroles pour lui préférer la métrique, comment une série de mots va sonner et se combiner à la mélodie, il le fait d’autant plus qu’il n’est pas anglophone et donc il se permet un peu tout et n’importe quoi d’où ce drôle de titre « Hit me baby One More time »… mais qu’est-ce que ça veut dire, nom de Dieu?

INSERT — Baby One more Time

Manu/ Et ce qui est dingue c’est que cette manière de travailler — de taylorisme ou de fordisme appliqué à la musique — va faire de Max Martin le producteur le plus important des années 2000 jusqu’à aujourd’hui…

Oui, c’est vrai que cet album de Britney Spears est une référence de la pop des années 2000 qui a eu une influence considérable. Comme l’écrit le très sérieux journal britannique The Guardian dans un article à l’occasion des 20 ans de ce hit mondial, sans Baby One More Time, il n’y aurait pas eu Christina Aguilera, pas de Katy Perry et Taylor Swift serait probablement encore en train de chanter des chansons country.

L’album est aussi hyper important car il marque le coup d’envoi d’une domination quasiment sans partage de Max Martin sur la pop mondiale. Cela semble presque inconcevable et pourtant ce producteur suédois qui préfère rester dans l’ombre est parvenu en 20 ans à placer 73 titres dans le Top 10 des Charts américains. Des singles pour Ariana Grande, Maroon 5, Lady Gaga.

Parmi ces 73 titres, 22 se sont hissés à la première place, ce qui fait de Max Martin le songwriter le plus populaire de l’histoire derrière Paul McCartney et John Lennon. Bref, ce Max Martin aussi génial que discret, continue encore aujourd’hui à avoir une influence considérable sur la musique pop actuelle.

Manu : Si vous voulez aller plus loin, il y a sur Youtube une longue masterclass de Max Martin enregistrée en 2016 pour le Polar Music. C’est passionnant.
Julie tu avais déjà entendu parler de Max Martin ?

L'univers visuel de Britney Spears

Manu : Maintenant qu’on a terminé notre petit tour dans les studios en Suède, on va rentrer aux States pour peaufiner l’image de Britney et voir de quoi il en retourne avec toi Fanny…

Oui, parce que ça a fait couler beaucoup d’encre comme l’évoquait tout à l’heure Olivia. On va commencer déjà par la pochette de l’album. Nous en Europe on en a une différente de la version américaine. Je la trouve relativement mieux. Au recto on a un portrait de Britney habillée en blanc sur fond blanc, très jolie dans le rôle de la parfaite petite chrétienne baptiste du Sud avec les mains en prière devant le visage. So pure you know.

Au verso, on a Britney en chemisette rouge sur fond rose dans le rôle de la parfaite petite girl-next-door américaine alias la BFF de tes rêves à côté de qui tu voudrais être en classe pour faire partie du club des gens cools.

Et à l’intérieur de la pochette tu as un grand dépliant avec d’un côté toutes les paroles des chansons sur fond arc-en-ciel pastel, de l’autre plein de portraits de Britney la tête penchée tantôt à droite, tantôt à gauche pour montrer comment elle sait bien poser tsé, et pis tout ça mis sous la forme d’un poster que tu peux épingler directement aux murs de ta chambre pour passer tout ton temps libre à rêver de Britney <3

Les photos de l’album ont été prises par un certain Larry Busacca qu’on remercie et qu’on applaudit fort pour cette contribution tonitruante à la culture pop mondiale !

Manu : Haha ! Attends, attends Fanny ! Est-ce que le mec à applaudir ça devrait pas être plutôt celui qui a réalisé le clip de Baby One More Time ?

Ouh la la, si tu as raison ! Parce que lui il a plié le game du clip iconique des 90’s, mais genre puissance mille. Nigel Dick, qu’il s’appelle. Ça ne vous dit peut-être pas grand chose et pourtant son CV donne des sueurs froides :
Réalisateur anglais ayant réalisé plus de 380 clips, 35 documentaires et films. A gagné 3 MTV Awards, 2 Billboard Awards. Des dizaines de nominations à des dizaines de prix et en 2007, deux de ses clips ont atteint le TOP 15 du classement des meilleurs vidéos de tous les temps en Angleterre : Baby One More Time et Wonderwall d’Oasis.

Ouais, c’est lui qui l’a réalisée celle-là aussi ! Plus d’autres vidéos célèbres de Guns’n’roses, Backstreet Boys, Céline Dion, R.E.M, Sting, et j’en passe.
Un type impressionnant qui a l’air d’avoir un sacré ego à en juger par les très nombreuses rubriques sur son site officiel qui parlent de sa vie, son œuvre, avec des jeux de mot très fins et spirituels comme « Dick’s pics » pour catégoriser son travail photo.

Le truc chouette avec son site c’est qu’il regorge de pleins d’infos sur l’histoire du clip de Britney Spears. Par exemple, Nigel raconte :
« J’ai pondu une idée qui craignait, donc le label m’a repassé Britney au téléphone qui a dit qu’elle voulait faire une vidéo où elle serait coincée dans une salle de classe à penser à des garçons et on est partis de là. »

L’idée pourrave du départ qui a été abandonnée, c’est de faire un clip sous la forme d’un dessin animé qui aurait sans doute été dirigé vers une cible beaucoup plus jeune. Heureusement que Brit-brit est intervenue !

Le scénario qu’on voit à l’écran, assez mythique pour tous les gens de notre génération, est le suivant : Britney s’ennuie ferme en cours jusqu’à ce que la cloche retentisse. Tous les élèves sortent dans le couloir du lycée où une première chorégraphie alterne avec des plans de Britney seule dos à son casier. Ça fait très comédie musicale. Dans un 2ème temps, on est sur le parking du lycée. RE-choré avec Britney en leadeuse et plein d’élèves qui dansent derrière elle. A nouveau ça alterne avec des plans où elle est seule, en général pile au moment où elle confess’ que sa « loneliness is killing her nooow » au cas où y’en aurait 2, 3 qu’auraient pas compris. Puis 3ème séquence dans le gymnase. Elle est soit assise dans les gradins à mater un beau basketteur qui se trouve quelques mètres plus loin, soit au milieu de la piste à mener ses potes dans un dernier round de danse acrobatique super stylée.

Manu : J’ai une petite anecdote d’ailleurs à ce sujet : la prof qu’on voit dans le clip est jouée par Felicia Culotta qui dans la vie était l’assistante personnelle de Britney et le basketteur est joué par Chad Spears, le cousin de la chanteuse !

On l’a déjà dit tout à l’heure, l’histoire du clip est basé sur une idée de Britney. Mais ce n’est d’ailleurs pas son seul apport dans l’affaire, puisqu’elle a aussi orienté le stylisme. Une fois qu’il était décidé qu’on tournerait le clip au lycée Venice High School de Los Angeles, l’équipe demande comment habiller la jeune fille. Le réalisateur Nigel Dick répond : Un jean, un t-shirt et des baskets, ce à quoi Britney rétorque : « Tu penses pas que je devrais porter un uniforme d’écolière catholique ? »

Dans l’imagerie nineties, c’est un look déjà popularisé grâce des séries et des teen movies comme Buffy, Beverly Hills, Clueless ou The Craft. Mais Britney va rendre le truc encore plus tendancieux en se coiffant de petites couettes et en nouant sa chemise bien haut au-dessus du nombril. Du pain béni pour les fétichistes japonais mais aussi pour les associations conservatrices de parents aux Etats-Unis qui crieront au scandale non seulement à ce moment-là mais encore plus quelques mois après avec la fameuses couverture de magazine évoquée tout à l’heure, où Britney apparaît en sous-vêtements sur un lit avec un teletubbies sous le bras.

Britney est reine dans l’art de jouer le chaud/froid. Dans un essai de Chuck Klosterman, interrogée sur la sexualisation de son image dans le clip de Baby one more time, elle s’offusque qu’on puisse penser une chose aussi ridicule !

« Je portais une fichue tenue d’écolière ! J’étais juste en train de danser et de faire ce que j’aime. Pour moi, c’est ça qui est vraiment sexy. Aujourd’hui vous voyez tellement de vidéos avec des filles en soutien-gorge et c’est toutes des allumeuses. Les hommes n’aiment pas ça ! Enfin peut-être que certains hommes aiment, mais pas ceux qui m’attirent moi. Les vrais gens veulent voir quelqu’un qui passe du bon temps. Ils veulent voir quelqu’un qui brille. »

Voilà ce qui rend Britney différente des autres, les Madonna, Aguilera et consorts : elle refuse et refusera toujours d’admettre publiquement qu’il y ait la moindre connotation sexuelle dans ses clips. Oui même celui d’I’m a slave for you où ses danceurs lui lèchent la sueur sur tout le corps. C’est pour montrer qu’elle est esclave de la musique, ok ? C’est pas d’sa faute si vous avez tous un esprit tordu, ok ?

TOUS EN CHOEUR : Leave Britney alone !

Manu : Ahaha ouais c’est tout à fait ça le chaud et le froid, la personne aux deux personnes. C’est l’adolescente modèle, mais pas si innocente. Je me souviens qu’elle criait publiquement qu’elle voulait rester vierge avant le mariage et en même temps elle fait la couv de Rolling Stones.

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “