Voilà pour les 10 titres de Spice ! C’est le 1er album des Spice Girls. Les mecs ne se sont pas foulé sur le titre. Il aurait tout aussi bien pu s’appeler “Girls”.

Il sort le 19 septembre 1996 en Compact disque, Cassette et vinyle sur le label Virgin (chez EMI). C’est un immense succès commercial, on parle même de Spicemania, 30 ans après la Beatlesmania (je ne sais pas si vous connaissez les Beatles, un boys band british). De toute l’histoire de la musique, c’est à jour LE groupe qui a vendu le plus de produits dérivés. C’est complètement dingue.

Quand les Spice Girls débarquent en 1996, on encore est en pleine vague Brit-Pop au Royaume Uni : c’est la grande époque de Oasis et Blur. Les Spice Girls s’inscrivent dans un renouveau pop, avec des chansons super légère assez éloignés des auteurs-compositeurs qui cartonnent. 1996 c’est au aussi l’apparition des films catastrophe avec Twister, Independance Day, et Daylight. Bill Clinton est réélu président des Etats-Unis, la France remporte la coupe Davis et on passe au numéro de téléphone à 10 chiffres !

Manu : Voilà, on va maintenant vous raconter l’histoire des Spice Girls, le girls band le plus célèbre du monde. Je l’aime bien cette histoire, elle commence comme un conte de fée : Nous sommes en 1992 par une petite annonce qui paraît dans le journal anglais The Stage. Et au départ, il y a une longue file file d’attente sur le trottoir de Balderton Street, de filles qui se bousculent pour décrocher un rôle dans le premier girl band, c’est ça Olivia ?

Olivia : Mais tout à fait mon cher Manu !

Si tu savais ma joie parler de cet album aujourd’hui ! La jeune adolescente qui sommeille en moi tambourine dans ma poitrine pour que je la laisse sortir. Faudrait pas grand chose pour que je ressorte mes baskets Buffalo, que j’avais achetées couleur jaune curry à l’époque.

«Wannabe», c’est évidemment la chanson que l’on a toutes envie de hurler depuis le début de cet épisode. Le single sort donc 8 juillet 1996.
Et c’est le début d’un phénomène comparable à celui des Beatles (oui, je place des références pour les boomers qui nous écoutent).

Mais si cette success story a pris presque tout le monde par surprise, elle ne s’est pas faite du jour au lendemain.

Revenons à l’hiver 1994 : une petite annonce est postée dans le magazine professionnel “The Stage”.

«Recherche: vous avez entre 18 et 23 ans et vous savez chanter/danser? Vous êtes débrouillarde, extravertie, ambitieuse et dure à la tâche? L’entreprise de management musical à succès Heart Management forme un groupe pop entièrement féminin avec chorégraphies en vue d’obtenir un contrat avec une maison de disque. Audition ouverte. Danceworks, 16 Balderton Street. Vendredi 4 mars. 11 heures-17 h 30. Amenez s’il vous plaît vos propres partitions ou cassettes.»

L’idée de Heart Management, qui a donc posté cette annonce, c’est de donner une réponse 100% féminine au succès rencontré par les boys band.

Chris Herbert de Heart Management a bien compris le potentiel : Si vous créez un groupe de filles à la fois culotté pour plaire aux femmes et sexy pour attirer les garçons, vous pourrez doubler votre audience et tout ce qui va avec.

Il a une idée assez précise de ce qu’il veut créer avec ce groupe. Il imagine une formation à cinq membres, comme les Take That, pour éviter que ne se forment deux clans égaux et rivaux.

Plus de 400 jeunes femmes se présentent à l’audition du 4 mars 1994. 5 filles sont retenues pour le groupe qui s’appelle alors Touch.
Victoria Adams, 19 ans, Melanie Brown, 18 ans, Melanie Chisholm, 20 ans, Geri Halliwell, 21 ans, et Michelle Stephenson, 19 ans. Elles emménagent rapidement ensemble dans l’ouest de Londres pour écrire, composer et apprendre à vivre ensemble.

Mais là vous me dites ? C’est qui cette Michelle Stephenson? Et bien c’est la fille qui aujourd’hui doit bien se mordre les doigts de s’être engueulée avec le reste du groupe. Très vite, elle est remplacée par Abigail Kis. Le nom ne vous dit rien non plus? C’est parce qu’après quelques semaines, elle quitte à son tour la colocation pour retrouver son petit ami. J’espère vraiment que le mec en valait la peine ! En juillet 1994, Emma Bunton fait donc son apparition comme cinquième membre de Touch.

Cinq filles, cinq profils facilement marketable: la sportive, la piquante, la sophistiquée, la métisse wild et la femme enfant. Quelle idée de génie ! Toutes les petites filles vont toutes chercher à ressembler à l’une ou à l’autre.
D’ailleurs, pardon Manu mais je me tourne vers mes collègues filles : Vous étiez qui, vous ? Moi, clairement Geri !

Les filles commencent donc les répétitions. Apparemment, le niveau est assez inégal. Certains d’ailleurs ne sauront jamais chanter (coucou Victoria !).

INSERT — répètes

Mais toutes sont animées d’une énorme volonté de réussir et de devenir célèbre. Et il va falloir s’accrocher, car Heart Management ne leur a fait signer aucun contrat et leur fait vite comprendre qu’elles sont très facilement remplaçable.

Un rapport de force se met en place entre Chris Herbert et la meneuse de la bande, Geri. Les filles trouvent que ça n’avance pas très vite. Elles obtiennent l’organisation d’une audition pour la fin de l’année 1994 afin de présenter leurs premiers morceaux et tenter d’attirer de nouveaux compositeurs.
Et ça fonctionne : le duo Richard Stannard/Matt Rowe, qui a écrit pour East 17, est convaincu du potentiel du groupe, rebaptisé Spice Girls. Les choses s’accélèrent.

En mars 1995, la rupture est consommée avec Heart Management. Les filles ont plus d’ambition que leur manager !

Elles auditionnent elles-mêmes le nouveau : Simon Fuller.
En juillet, elles signent chez Virgin. Pour se faire connaître, elles ont débarqué à l’improviste dans tous les bureaux de l’industrie musicale, Geri n’hésitant pas à faire des photocopies de ses seins pour montrer aux absents ce qu’ils ont raté. Je vous ai dit que j’adorais cette fille ?!

Et on y trouve tous les éléments qui va faire le succès des Spice girls : la solidarité entre filles, l’affirmation de soi, l’insouciance, la rencontre entre le rap et de la pop, la légèreté, l’humour.

Wanabee sert de déclic identitaire. Elles vont devenir ce que cette chanson affirme ! Un groupe de copines qui s’éclate et qui fera toujours passer ses copines avant son mec.

Comme l’écrira Geri Halliwell: «On s’est marrées en le faisant. C’est nous, et si vous ne comprenez pas ça, vous ne nous comprenez pas.»

D’ailleurs, quand vient le choix du premier single pour l’album Spice au début de l’année 1996, «Wannabe» est évident pour Geri et Mel B. Moins pour Virgin, qui préfère «Say You’ll Be There». Le groupe s’entête et la maison de disque fait remixer le morceau plusieurs fois jusqu’à arriver à cette version pop hyper accrocheuse.

Avant même la sortie de Spice en Angleterre, à l’automne 1996, Virgin veut installer l’image d’un groupe au succès international. Le disque sort donc d’abord au Japon, pays très sensible au phénomènes pop. C’est de là-bas que les cinq filles interprètent pour la première fois «Wannabe» en live, pour l’émission culte «Top of the Pops», qui culte joue un rôle décisif dans leur notoriété en inventant les surnoms qui les rendront célèbres: «Scary Spice» (Mel B., «l’effrayante»), «Sporty Spice» (Mel C., la «sportive»), «Baby Spice» (Emma, le «bébé»), «Ginger Spice» (Geri, la «rousse», la «piquante» ) et «Posh Spice» (Victoria, la «chic»).

Le 8 juillet 1996, «Wannabe» sort au Royaume-Uni. Il faut néanmoins attendre la 2e semaine avant que le single ne se hisse en tête des charts, devançant Michael Jackson, George Michael ou Robbie Williams. La chanson restera n°1 pendant sept semaines, soit tout l’été.

Quand le morceau sort aux Etats-Unis le 1er janvier 1997, il prend directement la 11e place du Billboard Hot 100, un exploit qui n’avait plus été réalisé en première semaine depuis les Beatles et «I Want To Hold Your Hand». La prestation des Spice Girls dans la mythique émission «Saturday Night Live», le 12 avril 1997, est suivie par 20 millions d’Américains.

Au final, plus de 7 millions d’exemplaires du single ont été vendues à ce jour, les plus grosses ventes mondiales de l’histoire pour un morceau signé par un groupe de filles.

Si les Spice Girls ont révolutionné la pop, c’est grâce à leur créativité et à leur génie marketing : jamais les pré-ados ne s’étaient identifiés à ce point à un groupe.

INSERT — Fan2

Mais la vraie question qui nous tient tous et toutes en haleine : pourquoi diantre ne se reforment-elles pas ? Pourquoi s’amusent-elles à nous torturer en annonçant tous les deux ans une nouvelle tournée mondiale ? Pourquoi broient-elles les restes de nos coeurs d’adolescentes avec leur ongles french-manicurés ?

Se reformer, ce serait nous prouver que le temps n’a pas d’emprise. Se reformer, ce serait montrer à cette génération Tik tok, que nous aussi dans les 90’s on savait manier la brosse à cheveux en guise de micro !
Come on girls, spice up our world !

Manu : J’adore l’histoire. Ce que je trouve génial c’est comment les nanas ont pris le pouvoir, et comment elle ont pris d’assaut le devant de la scène. Mêmes les journalistes ils étaient intimidés !

1997 c’est donc une année complètement What the fuck avec les Spice Girls. L’autre jour j’ai appelé ma copine Béatrice, qui est anglaise, pour qu’elle me raconte, elle, comment c’était les Spice Girls à l’époque. Béatrice c’est elle qui a dessiné le logo de Radio K7, elle est graphiste le jour et graffeuse la nuit. En 1998, elle était là pour la toute première tournée des Spice Girls. Petite précision : elle découvre les Spice Girls quand elle est à Rome. Magneto.

Manu : On va revenir maintenant sur le making of du disque. Résumé des épisodes précédents : tout à l’heure Olivia nous a raconté leurs débuts rocambolesques. Le casting, le groupe Touch, la colloc entre meufs, les cours de chants, Heart Management, le hold up avec la cassette. A ce moment de l’histoire les Spice Girls ont un concept, de l’ambition, mais aucune chansons. Il va falloir maintenant fabriquer un album sauf qu’elles n’y connaissent rien. Il n’y en a pas une seule qui soit musicienne….

Leila : Oui et soyons honnêtes, elles étaient tout à fait conscientes qu’elles n’étaient pas musiciennes, ni compositrices ou autrices de chanson (bon il fallait aussi qu’elles travaillent le chant et la danse, Victoria et Geri bof)… Donc dès le départ, elles ont compris que pour réussir à créer un bon album, elles ne pouvaient compter que sur leurs débrouillardises et surtout chercher les meilleurs producteurs, auteurs et compositeurs d’Angleterre.

1. La chasse aux talents :
3 rencontres vont être décisives :

D’abord celle de Eliot Kennedy, qui a composé pour le boy band Take That notamment deux ans plus tôt. Anecdote amusante : le rendez-vous était déjà arrangé par Heart Management, mais une fois avoir dit goodbye à leur manager, elle vole leur bandes et filent à l’anglaise directement voir Eliot Kennedy à Sheffield. Le processus de création est rapide, Eliot propose des ambiances et les 5 filles improvisent pas dessus. Elles vont composer comme ça Say you’ll be there en seulement 10 minutes !

Autre rencontre décisive, les auteurs Matt Rowe et Richard Stannard. Eux ils ont composés notamment “Steam” de East 17. C’est elles qui sont aller les trouver. Ca fonctionne bien, c’est grâce à eux qu’elles composent “Wanabee” et “2 become one”. D’ailleurs “2 become 1” aurait été inspirée par la relation spéciale qui s’est développée entre Halliwell et Rowe au cours de la session…

Enfin le duo auteurs-compositeurs et de producteurs Paul Wilson et Andy Watkins plus connus sous le nom d’Absolut. Ils viennent de Bristol et on remixé quelques bons tracks du rappeur Biz Markie ou du groupe indie Everything but the Girl qui aurait même inspiré Massive Attack ! Ces mecs-là vont produire quelques unes des meilleures chansons de l’album mais ils vont surtout présenter le groupe à… Simon Fuller qui va devenir le manager adoré des Spice Girls !

Mais revenons un peu sur Wanabee. Et oui c’est l’un des plus gros tube des années 90. Saviez-vous que selon une étude menée en 2014 par J.Burgoyne, un musicologue spécialiste de l’analyse des données musicales de l’université d’Amsterdam, «Wannabe» est la chanson la plus accrocheuse de l’histoire ! Les gens la reconnaissaient au bout de 2,3 secondes en moyenne.
Vous êtes prêts ?

INSERT — wanabee

2 sec et 3 dixièmes ! On a juste à mettre l’intro et on reconnaît le rire de Mel B direct ! C’est mieux que «Mambo n°5» de Lou Bega (2,48),

insert 7

et «Eye of the Tiger» de Survivor (2,62) :

insert 8

C’est un titre de single parfait car les spice girls prennent la parole chacune leur tour comme si elles se présentaient à nous finalement.

insert 9 (acapella)

Les paroles. «Wannabe» est composé en moins d’une heure un week-end en l’absence de Victoria, partie à un mariage. Elle suivra l’avancée de la chanson à distance par téléphone, et ne chantera que sur le refrain. Enfin, chanter… c’est vite dit ..

Même si la chanson a été écrite très vite, il y a eu de longues discussions entre elles et les auteurs. Elles voulaient écrire une chanson sur les relations amoureuses mais qui sortait de l’ordinaire et qui enverrait un nouveau message. Et aussi, pendant la composition, la chanson est devenue l’hymne du groupe et donc elle a finit par leur ressembler : fière, sans peur, confiante, grand gueule et montrer leur indestructible sororité etc.
Enfin parlons du mystère “zigazig ah”. Qu’est-ce que veut bien dire ce mot ?! A votre avis ?

Difficile de classer l’album des Spice Girls. Il y a pas mal d’influences diverses dans l’album
— il y a Du HIP HOP dans If you can’t dance par exemple, porté par le sample de Digital underground,
— on entend clairement G-funk sur SYBT
— du RNB et du funk grâce aux titres créees avec Absolut. Last Time Lover me fait penser à du TLC (1994)
— des ballades de lovers comme chez Take That
— et même du disco sur Who do you think you are !

A noter : c’est un album qui a été composé AVANT l’arrivé de l’auto-tune… Donc Victoria a quand même du mérite !

Les Spice Girls ont été pleinement impliquées dans l’écriture de toutes les chansons. G.Halliwell en particulier : Elle arrivait aux sessions avec des notes qui produisaient souvent le point de départ d’un texte, d’un titre de chanson ou simplement un agenda pour le travail du jour. En général, elle chantait une réplique et les autres s’en emparait. Mel C et Emma aimaient bien s’asseoir pour chanter des mélodies et elles s’en allaient avec de petites sections avant l’enregistrement final.

Elles ont surtout introduit l’idée d’une identité d’auteur-compositeur. C’était un concept familier dans des groupes de rock comme Queen ou les Sex Pistols, mais pas dans le monde de la  » pop manufacturée  » où les crédits d’écriture des chansons étaient répartis strictement en fonction de celui qui les avait écrites.

Dès le début, les Spice Girls ont reconnu leur solidarité en tant que groupe, qui dépendait du maintien de la parité dans tous les départements, y compris dans les crédits d’écriture de chansons et les redevances qui en résultaient. Il y a un partage de 50-50 entre elles et leurs différents collaborateurs.

Bref, quand on connaît l’histoire du 1er album, on ne peut nier le fait que les Spice Girls n’ont pas attendu leur succès (comme peut-être d’autres girls band à qui on a dit quoi chanter, comment s’habiller…) elles l’ont construit elles-mêmes et elles se sont battues pour l’obtenir. 

Manu : On va voir maintenant comment les Girls ont construit leur image justement, et chacun de leur personnage. Pour ça, elle explosent leur bilan carbone et traversent la planète en avion, direction Tokyo. Nous sommes au printemps 1996.

Fanny : Oui le 21 Mai, elles ont rendez-vous avec Kunihiro Takuma pour une séance photo dont seront issues les images promotionnelles de l’album. Le photographe japonais les fait poser en groupe puis individuellement devant des fonds aux couleurs pop. Ce sont des portraits hyper simples qu’on peut d’ailleurs découvrir à l’intérieur du livret de l’album Spice. Pour la pochette de l’album, le choix est aussi sobre et pop puisqu’on a un fond tout blanc, dans le 1er tiers haut le mot SPICE écrit en grandes lettres stylisées rose, jaune, vert et rouge à bord argenté et le portrait d’une fille dans chaque lettre. Sous le mot SPICE on a le mot GIRLS écrit en petit en noir, et dans le bas à droite de la pochette un anneau doré avec les mots SPICE GIRLS gravés dedans.

MANU : Est-ce que vous voulez un fun fact là dessus ? Cette bague est le symbole qu’elles sont best friends forever ! Pour la petite histoire c’est Geri qui leur en a offert une à chacune en 1995 en référence à leur moto « Friendship never ends » 🎼

Bon cette pochette d’album ne va pas révolutionner le design graphique des années 1990 mais elle fait le job efficacement. Et elle deviendra suffisamment iconique pour que 21 ans plus tard, à l’heure de fêter la reformation du groupe et la sortie d’un best-of, les Spice Girls aient l’idée saugrenue de faire fabriquer rien de moins que la pochette la plus chère de l’histoire ! Est-ce que vous savez comment elles y sont arrivées ? Eh bien elles ont repris l’artwork initial de 1996 et ont fait tailler chaque lettre du mot SPICE dans des pierres précieuses :

Le S en ambre, le P en rubis, le I en diamant, le C en saphir et le E en émeraude. Il n’existe qu’un seul exemplaire de cet album mais qui a coûté la modeste somme de 2,5 millions d’euros (2,84 M$). Mon petit doigt me dit que c’est la Posh qui se l’est gardé celui-là !

Concernant les clips, revenons sur celui par lequel tout a commencé : Wannabe.

INSERT — Wannabe

Il a été réalisé le 19 avril 1996 par Johan Camitz, un vidéaste suédois connu à l’époque pour son travail dans la pub et qui signera en 1997 un autre clip iconique des 90s : le ‘Save Tonight’ d’Eagle-Eye Cherry ! A l’origine, le concept de Camitz pour cette vidéo, c’était un plan séquence du groupe arrivant dans un immeuble exotique à Barcelone, les filles auraient pris le contrôle des lieux avant de créer une émeute. Mais quelques jours avant le tournage, catastrophe, on lui refuse son permis de tourner donc il relocalise l’affaire à Londres, au Midland Grand Hôtel dans le quartier de St-Pancras.

La vidéo commence avec un générique où s’inscrit en rouge le nom des Spice Girls et le lieu, on a un intermède durant lequel on voit les 5 filles débouler en courant devant l’hôtel, Emma chourre la casquette d’un clodo assis par terre et s’en sert pour faire la quête pendant que les autres commencent à chanter a cappella pour une famille d’aristos qui sort d’une Rolls. Ensuite elles entrent dans le hall en bousculant les portiers, bazardent les feuilles de la guest list et BOUM la chanson commence ! La caméra suit les filles en plan séquence dans leur cheminement travers les salles et couloirs, elles vont draguer les jeunes mecs, emmerder les vieux et semer gentiment la zizanie à base de salto arrière sur la table du banquet ! Elles finissent par s’échapper de l’hôtel en esquivant des flics qui avaient été appelés en renfort. Je suis tombée sur un passage du livre Girl Power, dans lequel Geri partage son souvenir du tournage :

« Je me rappelle du chaos et du froid. Rien n’était très contrôlé, on ne voulait pas que ça le soit. On voulait que la caméra capture la folie des Spice. J’avais de très grosses chaussures et je suis tombée plein de fois. J’ai revu le clip récemment et j’ai trouvé qu’on aurait vraiment dit une comédie. Toutes les autres filles m’ont décerné la palme de la plus barge dans ce clip ! C’est notre vidéo la plus spontanée. »

Ce qui est génial dans le clip de Wannabe, c’est l’énergie hyper communicative, ça sourit, ça s’amuse et tu as une bande de jeunes anglaises « normales », des vraies girls next door, habillées en survet ou en topshop qui s’incrustent chez les bourges. Je trouve que ça parle à tout le monde, l’ambiance est hyper bon enfant ! Tu te dis pas que c’est des vandales, tu te dis « wouahhh trop drôle, moi aussi j’ai envie d’être pote avec ces meufs ! » Bon évidemment, c’était pas du tout du goût des vieux briscards de chez Virgin !! Ouh la la ! Quand ils ont vu le clip pour la première fois, c’était plutôt en mode :

« Nan mais au secours ! la lumière est trop sombre, les filles sont hors de contrôle, Geri est habillée en showgirl, Emma détrousse un SDF, il y a des vieux partout dans le clip, ça va faire fuir les chaînes télé ! »

Hann, mais il y avait un outrage encore pire, c’est qu’à cause du froid on voyait les tétons de Mel B et Mel C pointer sous leurs tops ! Cachez ce sein que je ne saurais voir ! La vidéo a fini par être bannie dans certains coins d’Asie pour cette raison d’ailleurs. Concernant Virgin, ils ont carrément essayé de faire tourner un nouveau clip à la place mais les Spice ont refusé. Dès sa sortie, la vidéo a eu tellement du succès que les gens appelaient par milliers la télé pour réclamer sa diffusion. Dans la foulée, elle va remporter plusieurs prix et nominations comme Meilleure vidéo de l’année, notamment aux MTV Awards. Et elle est régulièrement classée dans le top 10 des meilleures vidéos de tous les temps. Alors on leur dit quoi aux puritains ? Free the nipple, free the nipple, free the nipple !

[RDV sur les réseaux sociaux pour les coulisses et anecdotes sur le clip ‘Say You’ll Be There’ !]