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Backstreet Boys “Millenium”

(1999)

EN QUELQUES MOTS

Aujourd’hui on va vous parler de Brian, Nick, Kevin, Howie et A. J. alias les Backstreet Boys. Ils squattent depuis des mois le TOP50 quand sort en 1999 leur nouvel album qui s’applique surtout à ne pas changer une recette qui gagne : des harmonies pop, des rythmes dance et quelques ballades efficaces, le tout parfaitement chorégraphié.

Ce disque, Millenium, est une bombe, qui enchaîne tubes sur tubes : “The One”, “Larger than life”, “Show me the meaning of being lonely” et bien sûr LE son ultime de vos soirées karaoké “I want it that way”.  Nommé 5 fois aux Grammy Awards, Millenium décroche tous les records : c’est l’album le plus vendu de l’année 99 et même un des albums les plus vendus de tous les temps ever avec 24 millions d’exemplaires vendus à travers le monde !

Les chansons des Backstreet Boys ont non seulement dominé les charts pendant des années, mais elles ont aussi établi la norme marketing du futur de la musique pop, influençant toute une génération comme N’SYNC, Justin Bieber, Ed Sheeran, BTS et même Drake !

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Retour en 1999

Voilà pour les 12 titres de Millenium ! Il y a carrément 14 titres pour les éditions russes et japonaises, incluant deux tracks inédits. 

L’album sort le 18 mai 1999 en CD, Cassette et MiniDisc sur le label Jive. Je vous préviens c’est pas loin de 100 balles aujourd’hui pour se payer le MiniDisc. En l’espace de seulement deux ans, Jive Records a vendu, tenez vous bien : 60 millions d’albums des Backstreet Boys, 30 millions d’albums de Britney Spears, et 14 millions du ‘No Strings Attached’ de ‘N Sync. Le patron du label s’est fait des couilles en or, il a eu la bonne année de revendre son catalogue l’année suivante à BMG pour 2 milliards de dollars !

Les 90s c’est vraiment l’âge d’or du torse imberbe et bien huilé. On retrouve aux côtés des Backstreet Boys dans les bacs de votre disquaire préféré plein d’autres groupes plus beaux les uns que les autres : Take That, East 17, Boyzone, Worlds Appart, N’SYNC… Mais tous ces boys bands européens ne peuvent pas revendiquer les prouesses vocales des Boyz II Men… D’où une certaine tendance à compenser par la chorégraphie ! En France ce sont Alliage, G-Squad et les 2Be3 qui dominent les charts à leur apogée en 1997, souvenez-vous. Charly et Lulu surferont également sur cette vague, que dis-je cette lame de fond, avec la parodie “Le feu ça brûle”, qui elle a aussi cartonné. 

La story des Backstreet Boys

Manu : On va maintenant reprendre l’histoire depuis le début avec toi Olivia, une histoire qui s’apparente en fait à la plus grosse arnaque de l’histoire de la musique pop. 

Olivia : Alors voilà, on se dit qu’un épisode sur les Backstreet boys, ce sera l’occasion d’évoquer dans le détail (oh oui, dans le détail !) cette esthétique des torses huilés et de la mèche qui tombe négligemment sur le coin de l’œil. 

Quelle joie ! Non parce que c’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité d’aborder ces questions-là. 

Et ben pas du tout ! Au lieu de ça, le truc ressemble à un épisode d’« Affaires sensibles » ; une sombre histoire de trahison et d’arnaques au milieu des paillettes et des hits qui fleurent bon le gloss à la cerise et l’eau de parfum Cacharel acheté chez Carrefour. 

Les Backstreet Boys, on le sait, c’est donc un boys band créé de toutes pièces en 1993, à Orlando, en Floride. Mais aujourd’hui ce n’est pas tellement comment ils se sont formés qui va nous intéresser mais plutôt par qui et pourquoi ? 

Au départ, donc, il y a un homme d’affaires : Lou Pearlman, surnommé « Big Poppa » ; personnage haut en couleur qui aurait bien aimé faire une carrière dans la musique mais la nature l’a fait petit, chauve et rondouillard. Fils unique d’un modeste teinturier du Queens, Lou admire son cousin Art Garfunkel, du célèbre duo Simon & Garfunkel. 

Mais Lou a aussi une autre passion : l’aviation. 

Au début des années 80, il lance une entreprise de publicités sur dirigeables. Il vend le concept à une marque de jeans ; mais dès le premier vol, le dirigeable, qui avait été repeint en doré pour l’occasion, s’écrase magistralement au bout de quelques mètres. Tous les journaux du coin en parlent. Pearlman est ravi : la mauvaise publicité, ça reste de la publicité. 

Quelques années plus tard, il développe son activité : Trans Continental Airlines propose des jets privés à la location. Parmi ses clients, des sportifs, des groupes de rock…. 

Et c’est ainsi qu’il découvre les New Kids on the Block, un boys band qui cartonne à la fin des années 80. En 89, ils sont numéro 1 avec « I’ll Be Loving You (Forever) » :

INSERT — NKOTB “I’ll be loving you (forever)”

https://www.youtube.com/watch?v=ZT_7UjCVELg

Manu : Les New Kids on the Block, c’est un énorme phénomène ! En 1991, ils sont le premier groupe pop à jouer à la mi-temps du Super Bowl.

Pearlman va les voir en concert et il comprend très vite ce qui fait leur succès :  

« Le concert m’a époustouflé. Voir toutes ces mamans accompagner leurs bambins au concert, c’était un marché idéal, gagnant-gagnant. Les gamins devenaient dingues, ils adoraient ça, et les parents appréciaient le côté bien propre sur lui et inoffensif du groupe : un bon spectacle pour toute la famille ».

Pearlman analyse aussi la composition du groupe. Il note que, en plus des cinq voix – lead, premier ténor, second ténor, baryton, basse –, l’éventail des âges et des styles au sein du groupe permet de plaire aussi bien aux pré ados qu’à leurs mamans. 

On retrouve ainsi : « ( …) le mauvais garçon pour séduire les délurées, le gars à l’allure normale et rassurante pour les petites filles modèles, le sportif pour les plus superficielles, le poète pour les filles sensibles et solitaires – et le beau gosse bien bâti pour les mamans qui accompagnent leurs filles au concert ». 

Mais surtout, et c’est certainement l’argument qui fait mouche, Pearlman découvre qu’en une seule année, 1990, les New Kids ont amassé 800 millions de dollars grâce à la vente de produits dérivés, qui s’ajoutent aux 200 millions rapportés par les ventes de places de concert. C’est plus que Michael Jackson ou Madonna ! 

En 1992, Pearlman publie une annonce dans l’Orlando Sentinel : 

« PRODUCTEUR CHERCHE CHANTEURS HOMMES SACHANT BOUGER, ENTRE 16 ET 19 ANS, POUR MONTER GROUPE CHANT ET DANSE DE TYPE NEW KIDS. ENVOYER PHOTO OU BIO DE TOUTES SORTES.”

Après des auditions acharnées, il déniche cinq jeunes talents : Alexander James alias A. J. McLean, Howard Dwaine Dorough aka Howie D, Nick Carter (jeune acteur de 12 ans qui apparaît notamment dans Edward aux mains d’argent), Kevin Richardson (qui, quant à lui, tient le rôle d’Aladin à Disneyland Orlando) et Brian Littrell (son cousin). Les Backstreet Boys sont nés.

Manu : Le nom Backstreet fait référence à un quartier d’Orlando, où se trouve un marché aux puces très populaire chez les ados. 

Pearlman engage Johnny Wright, ex-manager des New Kids, pour encadrer le groupe. Leurs débuts sont modestes : ils chantent dans des parcs d’attractions, des lycées… 

Leur premier concert aura lieu en mai 93, à Seaworld, le parc aquatique

INSERT —  Live à Seaworld
https://www.youtube.com/watch?v=ktOltsaEqpw&t=14s

Pearlman envoie une vidéo du concert à différents labels qui ne donnent pas suite. 

À Orlando, ils font les premières parties d’artistes de passage, comme Brandy ou En Vogue.

À l’automne 1993, le groupe entreprend une tournée nationale des lycées ; lors de chaque concert, ils chantent au moins un morceau a cappella pour prouver qu’ils savent vraiment chanter. 

INSERT —  a cappella
https://www.youtube.com/watch?v=vbsTmEsUzdA (3 :27 > 4 :37)

Manu : Et puis, un soir, vers la fin de l’année 1993, alors que le groupe se produit à Cleveland, une amie de Johnny Wright appelle une connaissance chez Mercury Records. Son répondeur enregistre le concert et surtout les cris de la foule des jeunes filles en délire. 

Mercury souhaite rencontrer le groupe. Mais surtout ce multimillionnaire apparemment prêt à payer de sa poche tous les frais marketing. Lou n’hésite pas à investir des millions pour les former, les relooker et les promouvoir. Il propose d’ailleurs de financer lui-même l’enregistrement de l’album à venir. S’en suit plusieurs mois d’enregistrement. Lorsque les démos arrivent, Mercury les trouve ringards et décident de ne pas donner suite. 

Mais déjà un autre label se positionne : Jive Records, s’intéresse de près aux Backstreet Boys – ce qui paraît étrange car Jive est plutôt connu pour ses productions de rap.

On présente au groupe un contrat qui inclut des conditions bien particulières. À commencer par le statut de Pearlman : celui-ci n’est pas que le manager du groupe, il est aussi le 6e Backstreet Boy, ce qui lui ouvre des droits sur les ventes des disques, le merchandising et les tournées. 

Dans son autobiographie, Denise McLean, la mère d’AJ écrit : 

« À ce moment, nous nous en étions totalement remis à Lou. Il avait pris un gros risque financier et, à l’époque, nous avions le sentiment de lui être redevables. À plus d’une occasion, il avait expliqué aux garçons qu’il allait faire d’eux des millionnaires. Nous voulions tous vivre comme lui. Belle maison, belle voiture, célébrité, fortune. Quel parent refuserait ça à ses enfants ? » 

Manu : Nous sommes en septembre 1995, et les Backstreet Boys sortent enfin leur tout premier single : « We’ve Got It Goin’ On »

INSERT — We’ve Got It Goin’ On
https://www.youtube.com/watch?v=kHBXPoJhnHQ

Le single fait un tabac en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Mais aux USA, c’est le flop : le single se place à la 69e place du Billboard et les radios refusent de le diffuser. On les trouve un peu trop… européens. Et il y a une explication tout à fait logique à ça ; Greg nous expliquera ça tout à l’heure. 

Jive envoie donc le groupe en Europe pour une tournée de 6 mois, en partie aux frais de Pearlman. Les BSB enregistrent même des versions française et espagnole de « We’ve Got It Goin’ On ». 

À l’été 1997, Jive décide qu’il est temps d’imposer les Backstreet Boys aux USA, après deux années de tournée internationale. 

« Quit Playing Games » est diffusé pour la première fois en radio le 19 mai 1997 ; le CD single sort le 10 juin suivant. Fin juin, le morceau est en 2e position du Hot 100, classement dans lequel il figurera durant 43 semaines. Suivent les singles « As Long as You Love Me », « I’ll Never Break Your Heart », tous d’énormes tubes.  Aller on retrouve tout de suite Charlie et Lulu du Hit Machine, avec une public en… folie !

INSERT — Everybody (Backstreet Back) live Hit Machine
https://youtu.be/hnXA12NcLvE?feature=shared&t=408

Le groupe devient un phénomène mondial. A chaque étape de la tournée, des filles les attendent devant leur hôtel en hurlant leurs noms. 

Mais le ciel s’obscurcit au-dessus des 5 garçons. Cette tempête s’appelle les ‘N Sync et elle menace dangereusement leur empire. Mais la situation est bien plus critique encore et ils ne pouvaient pas imaginer ce qui était en train de se jouer… 

Manu : Dans l’ombre et dans le plus grand secret, c’est Lou Pearlman, lui-même, qui a monté ce groupe concurrent, mené par Justin Timberlake, la star du Mickey Mouse Club. 

« Je me suis dit, là où il y a McDonald’s, il y a Burger King et là où il y a Coca, il y a Pepsi, et là où il y a les Backstreet Boys, il y aura forcément quelque chose d’autre. Quelqu’un va le faire, alors pourquoi pas nous ? » 

Sans que les Backstreet Boys n’en soient avertis, leur manager Johnny Wright devient également celui de ‘N Sync. Et Ariola, un autre label appartenant à BMG, signe le groupe. La trahison vient de l’intérieur, de celui qu’ils continuent d’appeler Big Poppa et qu’ils considèrent comme un père. 

Kevin Richardson se souvient :

“Nous en étions arrivés à un point où nous avions fait cinq tournées en Europe, et pourtant aucun d’entre nous n’avait vu la couleur de l’argent, ou très peu. On commençait à se regarder en se disant “Vous savez quoi ? Nos managers roulent en Jaguar et nous, on partage des chambres d’hôtel. Y a un truc qui cloche.”

En 1998, au sommet de leur gloire, les Backstreet Boys intentent un procès à Pearlman pour fraude et violation d’obligation fiduciaire. Ils l’accusent d’avoir gardé pour lui 10 millions de dollars sur les revenus rapportés par leurs disques et leurs tournées et de ne leur avoir versé que 300 000 $ en tout et pour tout. ‘N Sync connaît le même sort. Malgré 15 millions d’albums vendus, les membres ne touchent que 35$ par jour. 

Pour l’avocat de Pearlman, Cheney Mason, il était légitime que Lou perçoive autant d’argent. C’est lui qui était à la base de tout : 

INSERT —  Dirty Pop, épisode 2, 04:35 > 5:02

« Il faut retenir que Lou était le 6e membre des BSB et de NSYNC. Il avait donc le droit à une compensation pour avoir créé le groupe. Lou a dépensé beaucoup d’argent pour former ces jeunes. Il a créé les BSB. Il a créé les NSYNC. Que ça leur plaise ou non, ce sont les faits »

Les deux groupes finissent par se libérer de l’emprise de Big Poppa, non sans lui verser 64 millions pour se libérer de leurs contrats. Lou leur prédit une fin proche et rapide. Et pourtant. 

Manu : Nous sommes en mai 1999, les Backstreet Boys sont enfin libres et sortent leur album Millenium avec comme premier single, « I Want It That Way ». Il est joué au Saturday Night Live, présenté ce soir-là par Sarah Michelle Gellar ! 

INSERT — I want it that way (live SNL)

C’est un énorme carton en France, et partout dans le monde. Si le tube n’a jamais atteint la première place aux États-Unis (les Backstreet Boys n’y sont jamais parvenus), « I Want It That Way » est un carton mondial et demeure à ce jour le morceau le plus connu du groupe. Le second single, « Larger than Life », ne connaît pas le même succès, mais le troisième, « Show Me the Meaning of Being Lonely » est un nouveau triomphe. 

L’album se vend à 1,1 million d’exemplaires la semaine dès sa sortie – un record que seul ‘N Sync parviendra à battre – et devient l’album le plus vendu de l’année 1999. 

Aujourd’hui encore, il figure parmi les plus grosses ventes d’albums de l’histoire aux États-Unis.

Que sont-il devenus ?
https://photo.voici.fr/que-deviennent-les-chanteurs-des-backstreet-boys-51919#le-chanteur-est-marie-depuis-2000-avec-sa-compagne-de-longue-date-leighanne-wallace-ensemble-ils-ont-un-fils-ne-en-2002-et-prenomme-baylee-thomas-wylee-bgmko 

De son côté, Pearlman va tenter de lancer un nouveau boys band, O-Town. Le public peut suivre la formation du groupe grâce à une émission de téléréalité Making the band. 

Puis, il y eut LFO, Aaron Carter, Take 5, Brooke Hogan, B4-4, Innosense (le groupe de Britney avant qu’elle ne se lance en solo vous vous souvenez on en a parlé dans Radio K7), un véritable empire du boys band ! 

Et plus fort encore : Lou va même tenter de reformer les Jackson 5. Le 10 septembre 2001, les Jackson donnent un concert exceptionnel à NYC. Personne ne s’en souviendra parce que quelques heures plus tard, l’Amérique se réveille en regardant les Twin Towers tomber. 

En 2006, l’empire Pearlman s’effondre : il est arrêté et condamné pour avoir orchestré l’une des plus grandes fraudes de l’histoire de la Floride, estimée à 500 millions de dollars

L’enquête menée depuis plusieurs mois prouve qu’en réalité ses affaires n’étaient qu’une gigantesque pyramide de Ponzi : l’argent de ses boys bands servait à payer les investisseurs de ses autres affaires frauduleuses – les dirigeables, les avions, et une gigantesque escroquerie aux assurances. Tout était faux, sa fortune et ses avions. Il n’en possédait en fait qu’un seul. La flotte de 47 avions visibles sur les brochures de sa société Trans Continental n’était en réalité que des maquettes.   

En 2008, il est finalement condamné à une peine de 25 ans de prison. Il y meurt en 2016. 

Manu : Merci, Oli, pour toutes ces infos ! Cette histoire assez incroyable et plutôt sordide fait l’objet d’un documentaire sur Netflix. Ça s’appelle Dirty Pop, c’est en 3 épisodes. Je recommande ! 

Et figurez vous que Drake s’est invité au concert des Backstreet boys à Toronto en 2022

Le making-of de "Millenium"

Greg : Aujourd’hui pour votre plus grand plaisir on va analyser le son du 3eme album des Backstreet boys et plus généralement le son Pop/Rnb/boys band des années 90/2000.

Pour ça les amis on va pas rester à Orlando mais on va se rendre chez les faiseurs de tubes Suédois, j’ai nommé Denizpop un dj producteur qui vient de réaliser le premier album de ace of base… Et puis son protégé : un certain Max Martin, on va en reparler…. 

Cet album est enregistré de fin 1998 à début 1999, et ça se passe principalement au studio Cheiron à Stockholm. À Cheiron on est loin des énormes studios de Los Angeles. Faut s’imaginer un studio plus modeste, les backstreet boys  l’appellent d’ailleurs le donjon car c’est petit, c’est sombre… 

Ils connaissent bien le studio parce qu’ils ont fait leurs 2 premiers albums ici avec Denizpop et Max Martin….

Les backstreet boys passent aussi au studio Polar qui a été créé par un fameux groupe suédois : Abba. Et puis il y aura quand même quelques petites session à NYC et à Orlando pour que ça fasse pro dans le CV quand même….Mais rien à LA

La différence avec les premiers albums c’est que Denizpop le créateur de Cheiron est décédé, alors c’est max martin qui va prendre le relai… 

Et il va carrément faire le son de l’album parce qu’il co-écrit et co-réalise 7 des 12 chansons de l’album…. 

Le mec a de l’or au bout des doigts… 

J’en profite pour faire une petite parenthèse Max martin parce qu’on le connaît pas forcément, mais en fait c’est celui qui a composé et réalisé toutes les chansons que vous aimez depuis 30 ans, en survolant les décennies et en adaptant son son : 

Et max Martin dans les années 90 c’est ça : 

INSERT — Medley Max Martin 90’s

90’s Ace of base, backstreet boys, Britney Spears, Nsync, Celine Dion,

En 1998 Cheiron c’est déjà une usine à Hit qui fait le pont entre le RnB et la pop. Certains parlent même d’influence de la musique suédoise…. 

Pour cet album on va avoir des morceaux très Rnb type TLC avec des petites clochettes, des ballades, et parfois une petite touche latine pour coller à l’air du temps et copier un peu Ricky martin 

Max Martin façonne le son l’époque : il y a plein de points communs entre les backstreet boys, Britney les Nsync : bah oui c’est la même recette dans le milieu on appelle ça le style Cheiron… 

On va essayer d’analyser ça en plusieurs points. 

1) Déjà la base ce avec quoi il faut composer c’est les voix des backstreet boys : la recette c’est des voix harmonisées, et un des backstreet qui prend la voix lead à chaque couplet, c’est leur talent ! Un peu de vibes des petites touches de gospel

 

INSERT — 

https://www.youtube.com/watch?v=nVkb9rZGp0I

2) Pour les paroles, c’est toujours très facile à comprendre, Max n’écrit pas tout, mais il dit que quand il compose il fait un peu de yaourt, il cherche avant tout des sonorités, comme l’anglais n’est pas sa langue maternelle, ça reste des paroles simples et catchy. 

3) Au niveau des structures de chansons, c’est un hack pour auditeurs, on a des harmonies simples, en général on a pas plus de 6 accords dans une chanson.

Le refrain arrive souvent avant une minute pour accrocher. 

Y’a très souvent une accroche sur les intros qui font que tu reconnais en 2 sec le morceau

INSERT —  intros catchy 

4) Je vous emmène maintenant dans mon studio parce que j’ai essayé de refaire un morceau dans le pur style Cheiron et backstreet boys… C’est pas parfait mais on va analyser ça : 

INSERT — Multitrack 

  • Beat new jack swing, max Martin emprunte bcp au new jack swing 
  • On est sur du son de synthé japonais Roland
  • Hits
  • Synth 
  • scratch
  • Piano
  • Petit cris Weyyyyy 
  • Sine wave g-funk lead gangsta 
  • Refrain qui arrive avant une minute 
  • Ajoute des instruments 1 à 1 
  • Simplifier le tout, faire des choses simples mais interessantes 

Voilà pour le style Cheiron 90’s…. Vous pouvez vous amuser à en faire chez vous… 

Moi je résiste pas à vous parler encore de Max Martin… Parce que son nom est maintenant inscrit à côté de celui des Beatles, de Phil Spector, de la Motown… C’est une usine à tubes à lui tout seul… 

A la différence qu’il a su s’adapter aux époques et changer le style des chansons qu’il propose. 

Après son époque boys band il a eu une période rock dans les 2000’s, dans les années 2010 et 2020 ils signe tous les plus grands tubes planétaires et son style s’adapte… 

INSERT — Medley Max Martin par décennies. 

2000’s : Bon Jovi, Avril Lavigne, Katy Perry, Pink 

2010 : Usher, Christina Aguilera, Justin Bieber, Maroon 5, Taylor Swift, Jennifer Lopez, Shakira, Ariana Grande.

2020 : The weekend, Lady Gaga, Ed Sheeran, Maneskin. 

Pour ceux qui ont écouté notre Influence de Metallica chez Max Martin.
à propos des paroles la chansons, on va écouter no goodbye.

 

INSERT — No Goodbye

L'univers visuel des Backstreet Boys

Manu : On va maintenant découvrir l’univers visuel des Backstreet Boys avec toi Fanny, ou plutôt la construction marketing de leur image…

Fanny : Oui parce que l’aspect le plus intéressant sur lequel se pencher quand on parle des icônes de la pop en général, c’est la stratégie marketing qu’il y a derrière. On a évoqué ça précédemment dans nos épisodes sur les Spice Girls ou Britney Spears. Et grâce à Oli et Greg tout à l’heure, on a vu que ce sacré lascar de Lou Pearlman a mis au point un plan diabolique pour se faire un max de blé sur le dos des Backstreet Boys. Donc ici rien n’est laissé au hasard.

Chez les BSB, c’est comme chez les Spice Girls : on va chercher à faire correspondre les garçons du groupe à des stéréotypes, pour que le public puisse s’identifier.  Nick c’est le beau gosse androgyne qui plaira aussi bien aux filles qu’aux garçons, AJ c’est le rebelle, Howie c’est le romantique discret, Brian c’est le good guy et Kevin c’est le grand frère qui a quelques années de plus, mais c’est aussi le danseur. En résumé, chaque membre a son rôle, bien particulier, dans l’image du groupe.

Manu : Ce côté stéréotypé c’est un des éléments de l’esthétique propre aux boys bands des 90s, mais il y en a d’autres…

Fanny : Oui bien entendu ! La recette magique pour faire un carton commercial avec un boys band, c’est aussi : petit 1) une image polie et propre, 2) des harmonies vocales en veux-tu en voilà, 3) des chorégraphies élaborées et 4) des tenues coordonnées.

Le but de la manœuvre, c’est vraiment de cibler un public principalement féminin, en jouant sur cette image de gentils garçons et sur l’aspect romantique, accessible, des chansons, souvent centrées sur les thèmes de l’amour et de la jeunesse. Moi j’avoue quand j’étais enfant, ça fonctionnait à 100%, j’ai fait partie de la génération boys bands, j’écoutais Worlds Apart, Boyzone, G Squad, les 2be3, les Poetic Lovers, Alliage, Backstreet Boys, évidemment, aussi. Et maintenant que je suis adulte je peux vous dire que j’ai eu légèrement la gerbe en écoutant le discours Lou Pearlman dans Dirty Pop sur Netflix:  

 INSERT — Dirty Pop EP1 2’00 à 2’16

« On m’a demandé, quand vas-tu arrêter les boys bands ? 

J’ai répondu : je sais exactement quand.

Quand il n’y aura plus de petites filles. En attendant, on continue. »

Voilà, ça m’a donné la gerbe parce que j’ai réalisé que derrière tous ces groupes de mon enfance, il y avait juste des gros mecs cyniques et profiteurs qui m’ont instrumentalisée moi, toutes mes copines et plus largement toutes les gamines de ma génération à tous les coins de la planète, mais aussi qui ont instrumentalisé les artistes en les formatant pour devenir des machines à vendre. Ils s’en tapent de l’art, ils s’en tapent de la musique, ils s’en tapent de l’humain. Tout ce qu’ils veulent c’est notre thune, les enfoirés.

Manu : Et ça BOOUUUHHH, c’est moche !

Fanny : C’est ultra moche ! Mais est-ce que c’est plus ou moins moche que la pochette de l’album Millenium ? ah ah ! On va le découvrir tout de suite !

Bah oui, parce que je sais que vous vous impatientez, là, les auditeurs à l’autre bout de vos écouteurs ! Donc c’est ti-par pour l’analyse de la pochette !

Déjà, l’arrière-plan est abstrait, presque uni. On a un fond bleu clair avec une sorte de tunnel lumineux bleu dessiné sur Photoshop qui donne un côté futuriste, presque céleste. Comme si le groupe était aux portes du paradis. Et en même temps, en 99 on n’est pas aux portes du paradis mais à celles d’un nouvel âge ! Souvenez-vous, l’an 2000 ! C’était assez énorme de changer de millénaire ! L’album s’appelle « Millenium » d’ailleurs, donc ici la direction artistique veut renforcer cette symbolique autour de la renaissance et du nouveau départ.

Le titre « Millennium » est écrit en lettres blanches avec un contour gris, dans une police qui accentue l’impression de futurisme et d’avancement technologique. C’est des thèmes très présents à l’époque. On a déjà vu ça sur la pochette des Destiny’s Child, de Dr Dre, de Muse…je pense que la plupart des albums sortis en 99 étaient surchauds sur le thème du nouveau millénaire !

Niveau look, on voit les 5 membres des Backstreet Boys habillés en blanc, décontractés  en baggy, t-shirts, chemises et chaussures assorties. L’ensemble correspond bien aux canons de la pop, on retrouve nos 5 gentils garçons tirés à 4 épingles, bien propre sur eux, avec une image contemporaine.

Le design graphique et la direction artistique de la pochette sont signés par Jackie Murphy et Nick Gamma, deux salariés de chez Jive Records. Les portraits du groupe qu’on trouve à l’intérieur du livret ont été pris par le duo d’artistes Reisig et Taylor, qui sont aujourd’hui galeristes à Los Angeles. Leur travail est très inspiré par le Pop Art, avec des couleurs vives et des compositions graphiques. Il y a aussi des choses plus sobres dans les photos studio, mais globalement c’est typé assez « magazine », c’est plutôt pas mal.

Manu : Je crois qu’en épluchant le livret tu es tombé sur 2 fun facts…

Oui alors le premier c’est pas très fun, mais j’ai noté dans les crédits une longue dédicace qui dédié l’album à la mémoire de Denniz Pop, mort pendant l’enregistrement. Ils disent qu’il a eu une grande influence sur eux et que sa mémoire continuera de vivre à travers leur musique…

Et le deuxième fun fact, j’ai failli passer à côté, c’est une petite énigme que Nick Carter a glissée dans ses remerciements. Attention, le mec lâche une bombe ! Il écrit :

« Je veux pas faire de la politique mais j’ai envie de dire ce que je pense vraiment. Vu que notre album s’appelle Millenium, c’est légèrement compliqué de passer à côté du problème de l’an 2000. Je sais que tout le monde à ses opinions sur le sujet mais personne ne sait vraiment. Personnellement, j’ai une chose à déclarer : 5483-5433-86-843 (…) »

Désolée Nick, je te coupe parce que ta suite de chiffre est trop longue.  

Manu : Mais c’est quoi ces chiffres alors ?

Et bien, c’est pas les chiffres gagnants du loto remporté par Hurley dans la série Lost, mais je peux vous dire comment les déchiffrer ! Vous vous rappelez de nos bons vieux téléphones portables à touches ? Sur le 3310, quand on voulait envoyer un texto, comment on faisait ? Pour la lettre L, fallait appuyer 3 fois sur la touche 5, pour la lettre I, 3 fois sur la touche 4. Etc. Et bien, si on met convertit la suite de chiffres de Nick en lettres, on obtient le message « Live life to the fullest, for the future is scarce » : Vis pleinement ta vie, car le futur est rare. 

Ok, Nostradamus ! Merci pour le conseil !

Manu : Ah ouais, ché-per le mec ! Mais « vivre sa vie à fond » c’est pas un peu ce qu’on retrouve dans leurs clips aussi ?

Totalement, ça apparaît dans quasi toutes les vidéos sorties pour promouvoir l’album. Et particulièrement dans le célèbre clip d’I Want It That Way, que perso j’interprète comme une sorte d’ascension vers la célébrité. Mais avant d’entrer dans le détail, écoutons ce que nous en dit Howie, interviewé sur les lieux du tournage :

INSERT — Howie backstage tournage clip
https://www.youtube.com/watch?v=BSxaTT1xgns 5”21 à 5”46

 “On a collectivement travaillé avec le réalisateur sur le concept de la vidéo. Il nous a proposé l’idée de potentiellement faire ça dans un aéroport, avec beaucoup de choses qui se passeraient autour de nous, on nous verrait marcher vers un avion, on verrait plein de gens aller et venir autour de nous, avec des effets spéciaux et des jeux de caméra. Il n’y a pas vraiment de trame narrative, comme ça l’attention est posée sur nous, et la musique. »

Merci Howie pour ce récap ! Effectivement il a résumé l’essentiel : un aéroport et pas de trame narrative. Mais donc, que voit-on dans ce clip ? Et bien on voit plusieurs sortes de scénettes qui s’enchaînent, autour de l’univers aéroportuaire. Un coup on est en décor réel sur un tarmac, ou dans le hall de l’aéroport, un coup on est en studio sur fond vert avec des images de guichets d’embarquement derrière. Dans toutes les circonstances, les garçons sont vêtus de looks assortis, soit tout blanc, soit noir et gris. Et ils chantent, et ils dansent avec un jet privé derrière eux dans l’arrière-plan. C’est ça en boucle jusqu’au 2 tiers du clip, et là ça switche dans une troisième ère, qui est l’ère de la fame !  Soudain, on arrive dans un décor de hangar, il y a des dizaines de jeunes adolescentes affublées de t-shirts des Backstreet Boys qui les acclament. Elles ont des panneaux à la main avec écrit « Bisous Kevin », « AJ je t’aime » et même un panneau avec écrit « Bon voyage » en français. Merci beaucoup !   

Et puis surtout le détail le plus notable, c’est que le jet privé visible depuis le début du clip est désormais recouvert d’un gigantesque autocollant avec écrit « Backstreet Boys », ça y est, ils ont réussi, ils ont leur propre jet ! Je crois qu’il faut pas aller chercher plus loin : c’est ça la morale du clip.

Manu : Ce clip complètement culte est vraiment typique de l’esthétique visuelle simple et efficace des boys bands des années 90

Oui clairement, la chorégraphie, les tenues blanches et le décor de l’aéroport ont vraiment marqué la mémoire collective des gens de l’époque. Ça a marqué les fans, mais aussi les détracteurs du groupe qui ont souvent parodié « I want it that way » !

La plus célèbre parodie on la doit à Blink 182 qui en reprend plusieurs scènes dans son clip pour « All the Small Things ». Ils détournaient par la même occasion plusieurs clips de Britney et de Christina Aguilera, donc je crois que l’idée c’était juste de critiquer la pop mainstream, et ses normes de beauté préfabriquées. Cependant, ils le font avec un sous-entendu homophobe et misogyne puisqu’il semble que pour eux les “vrais” hommes devraient se distancer.de la pop pour adolescents, jugée trop “féminisée”.

Olivia : Coucou les rockers toxiques, ça va on vous dérange pas ?

Une autre parodie que j’adore, et je vais terminer avec ça, c’est dans la série télé Brooklyn Nine Nine. Le détective Jake Peralta demande à un groupe de suspects de chanter « I want it that way » pour identifier un criminel. Lui est dans un bureau avec la victime. Et dans la salle derrière la glace sans tain, on a les 5 suspects qui chantent à tour de rôle. La scène devient hilarante quand Peralta se laisse emporter par la chanson, oubliant momentanément qu’il est en plein interrogatoire… oups !

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “