Doc Gyneco “Première consultation”
(1996)
EN QUELQUES MOTS
Dans cet épisode on va vous parler de Bruno Beausir de la Porte de la Chapelle, alias Doc Gynéco et de son premier album Première Consultation, le phénomène rap de l’année 1996.
Loin des clichés gangsta habituels, le Doc revendique un rap revu et corrigé par la chanson française : un pied dans le Montmartre de Charles Aznavour et l’autre dans le Sarcelles du Ministère A.M.E.R. De “Nirvana” à “Vanessa”, en passant par “Viens voir le docteur”, “Né ici” ou “Ma salope à moi”, Doc Gynéco dépeint une galerie de personnages cyniques, obsédés sexuels ou romantiques.
Alors que personne n’y croyait, Première consultation va s’écouler à plus d’un million d’exemplaires et le Doc sera même le premier rappeur à avoir sa marionnette aux Guignols !
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Retour en 1996
Voilà pour les 15 titres de Première Consultation. Je précise quand même que Ma Salope à moi n’est pas sur l’album à sa sortie, il apparaîtra en bonus track sur la réédition de 1997.
C’est le 1er album de Doc Gynéco. Il sort juste avant l’été le 16 avril 96, en Compact disque, Cassette et vinyle chez Virgin.
1996 c’est une année marquante. La Haine de Mathieu Kassovitz reçoit le césar du meilleur film. C’est la fin de Premiers baisers et le début des nouvelles Filles d’A côté. Et en football le PSG remporte la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe.
La story de Doc Gyneco
Manu : Je voudrais qu’on revienne maintenant sur la petite histoire du Doc. Elle commence par la naissance de Bruno Beausir à Clichy-sous-Bois en 1974, de parents guadeloupéens. Un beau gosse qui grandit dans le 18e arrondissement de Paris, près de la porte de la Chapelle.
Oui un quartier auquel il rend très souvent hommage dans ses chansons. La légende dit que, petit, Bruno était plutôt timide et discret. Mais il va bien se rattraper à l’adolescence : au lycée, il appartient à une bande qu’on surnommait les SS pour les « super-séducteurs ». C’est aussi à partir de cette époque que Bruno va commencer à se faire appeler Doc Gynéco. Pourquoi ? Parce qu’apparemment, il sait y faire avec la gent féminine.
Bruno rencontre un jeune boxeur qui pratique dans un club du quartier, un certain Gilles Duarte qui deviendra plus tard Stomy Bugsy. Très vite, ils deviennent potes et Gilles lui présente un ami d’enfance, Passi.
Il traîne de plus en plus souvent à Sarcelles, ville d’où Stomy Bugsy et Passi sont originaires, dans un quartier surnommé la « Secte Abdoulaï ». À la fin des années 1980, ils découvrent tous le hip-hop et Stomy et Passi fondent un groupe de rap avec d’autres Sarcellois : le Ministère A.M.E.R.
Même s’il ne fait pas partie intégrante du groupe, Bruno les suit en studio d’enregistrement et pendant la promo de leur premier disque.
Mais quand même, tout ça commence aussi à le titiller : il se met à écrire quelques morceaux et se choisit un nom de scène : Doc Gynéco.
C’est en 1994 que Doc Gyneco apparaît publiquement pour la première fois avec ses copains du Ministère A.M.E.R sur leur deuxième album : 95200 — Je vous le donne en mille c’est le code postal de Sarcelles — Je vous propose d’écouter un extrait d“Autopsie” où déjà le Doc marque les esprits par sa nonchalance, sa dérision et vous allez voir, par ses paroles explicites.
INSERT — Autopsie
L’année suivante, il participe à l’enregistrement d’un des morceaux les plus controversés du rap français, Sacrifice de poulets, paru sur la compilation du film La Haine, et qui pour des questions juridique marquera la fin du groupe pour plusieurs années. En effet, à l’époque le ministère de l’Intérieur a poursuivi le Ministère A.M.E.R. pour « provocation au meurtre ».
On va s’en écouter un petit extrait :
INSERT — Sacrifice de Poulet
réactions ?
C’est en fait pendant l’enregistrement du deuxième album du Ministère A.M.E.R. qu’il a profité du studio pour enregistrer, la nuit, ses premières maquettes en solo avec l’aide, du producteur du Ministère A.M.E.R., Mariano Beuve. Après avoir envoyé ses premiers enregistrements à plusieurs maisons de disques, Virgin lui propose un contrat en 1994.
Je vous propose qu’on écoute un interview croisée du Doc Gyneco avec Pauline Duarte, la soeur de Stomy Bugsy :
INSERT — ITW de la soeur de Stomy Bugsy
Doc Gynéco impose à sa maison de disques que les compositions musicales de son album soient jouées par de vrais instruments, et non des boîtes à rythmes comme ça se fait alors dans le rap français. L’enregistrement se fera à Los Angeles mais ça, c’est notre ami Grégoire qui va nous le raconter.
Manu : Première consultation sort le 15 avril 1996, Doc Gynéco a 22 ans. Le style innove grâce à une sonorité pop, funk et soul, très influencé par un autre grand praticien du rap : Dr. Dre.
Sa première consultation tombe en fait au bon moment : La loi Toubon vient de rentrer en application, forçant les radios à passer plus de chansons francophones. Skyrock prend le virage tout-rap avec le Doc en fer de lance. « Son premier album, c’est son best-of », juge Laurent Bouneau, directeur des programmes de Skyrock qui joua neuf morceaux sur ses ondes !
“Viens voir le docteur » rythme tout l’été 1996, entre G-funk à la française et rimes un peu polissonnes. Son flow mélodieux presque chanté, le rapproche de la variété française. Ce qu’il revendique sur le morceau Classez moi dans la variet’ :
INSERT — Classez-moi dans la variet.
Et il est peut-être là le côté avant-gardiste de Première consultation. Jean Morel écrit sur le site de Nova en 2017 : “Grâce au Doc tout le rap français devient pop pour la première fois et aujourd’hui c’est tout le rap qui est classé dans la variet’, et c’est sans doute grâce au Doc, car ceux qui ont cherché à faire ce tube pour le tube, (Alliance Ethnik, Reciprok…) n’ont jamais connu la légitimité de Bruno”.
MANU : Beaucoup s’accordent là-dessus, la force de l’album, c’est de concilier des publics qui à la base n’avaient aucun point commun. Le rappeur a trouvé une formule qui permet à pratiquement tout le monde d’y trouver son compte et, logiquement, les ventes suivent. De la même façon, le Doc est un des seuls à pouvoir allier vocabulaire très cru et interprétation légère.
Et puis, aussi, il faut le dire, Doc Gynéco s’impose grâce à son concept : son album s’appelle Première consultation, il fonde le collectif La Clinique et parle de bloc opératoire pour la session production. Il devient ce personnage cynique, obsédé sexuel, macho et romantique à la fois, mais en tout cas jamais dupe.
Il se joue des conventions, des codes et de la bienséance. Dans une émission avec Daniela Lumbroso qui lui demande »mais pourquoi vous vous appelez Doc Gynéco au fait ? » il répond tout sourire »pour que tu sois ma patiente ».
Il se place en Gainsbarre du rap et ça fonctionne.
Je vous propose d’écouter son tout premier passage télé, en 1996 dans “Nulle part ailleurs” présenté par Alexandre Devoise et Philippe Vecchi :
INSERT — ITW Nulle Part ailleurs
Manu : Comme souvent, ce petit vent de scandale plaît beaucoup et Première consultation est un carton. Évidemment, la sortie de l’album ne se déroule pas sans problème :
avec le premier single Viens voir le docteur, Doc Gynéco et Virgin sont accusés de vouloir faire un tube commercial. C’est ce que lui reprochent le puristes : Le Doc Gynéco serait un rappeur qui n’a pas de message. Il ne fait pas de morceau anti-police et ne revendique rien explicitement. Pour les gardiens du temple, son album est « commercial », et donc inintéressant. Jusqu’à présent, le rap conjugue en « nous » alors que Doc Gynéco parle en « je » . Il ne parle qu’à partir de lui et ne prétend représenter personne.
Autre scandale : on l’accuse d’antisémitisme. La Licra porte plainte à cause du terme “youpin” utilisé dans le titre Dans ma rue (« les youpins s’éclatent et font des magasins »).
Puis M6 décide de ne pas passer le clip de Nirvana, car il y est question de suicide.
Enfin, Vanessa Paradis qui n’a pas vraiment apprécié la chanson Vanessa. Elle n’empêche pas sa diffusion mais refuse toute promotion avec Doc Gynéco.
Manu : Malgré tout, le disque est soutenu par les radios grâce à une succession de tubes comme Viens voir le docteur, Nirvana, Né ici, Vanessa. L’album devient l’un des plus grands succès de l’histoire du rap français.
Avec plus de 750 000 exemplaires écoulés, l’album obtient un double disque de platine au printemps 1998. À ce jour, Première consultation s’est vendu à plus d’1 million d’exemplaires. Il est l’un des albums de hip-hop les plus vendus en France.
« Première Consultation est également considéré par de nombreuses critiques comme un disque fondateur pour toute une génération.
Des Inrocks à Nova, en passant par Libération et l’ABCDaire du Son, tous s’accordent à dire que Première Consultation est un disque fondateur pour toute une génération. On laissera le mot de la fin à Calbo du groupe Arsenik : »
Quand on dit « classique », on devrait mettre la couverture de cet album à côté de la définition. Plusieurs bons morceaux, tous différents, qui s’écoutent encore aujourd’hui avec le même kif. C’est le genre de disque que tu mets dans ta voiture et que t’écoutes de bout en bout. Y’en avait pour les lascars, pour les meufs, pour le bled, pour le foot..
Le making-of de "Première consultation"
Manu/ Avec toi Greg on va revenir sur l’histoire de la fabrication de ce disque assez incroyable on va le voir, une histoire qui se déroule entre la Porte de la Chapelle et Los Angeles.
Porte de la Chapelle, L.A représente. En effet Manu, Première consultation naît d’abord dans le nord du 18ème arrondissement. Eté 1995. Bruno Beausir traîne alors en studio avec Stomy Bugsy et Passi, alias le Ministère A.M.E.R. Parallèlement, il bosse sur ses propres sons avec son pote Mariano Beuve, le producteur du Secteur Ä, grand nom du hip hop français malheureusement décédé en 2009. Les deux compères mettent sur la table de Virgin la maquette de Viens voir le docteur qui décide de signer ce jeune rappeur. Et chez Virgin, il y en a un qui y croit plus que les autres, c’est Thierry Planelle, directeur artistique qui décide de partir avec Doc Gyneco à Los Angeles pour enregistrer l’album. Le label casse sa tirelire et sort 1 million de francs soit 200 000 euros, c’est colossal pour un album de rap français, qui plus est pour un jeune rappeur encore inconnu du grand public…
MANU/ Et là pour le doc et son directeur artistique c’est le début du rêve américain…
Et oui Bruno Beausir et Thierry Planelle se retrouve à la source du son West Coast qui les fait fantasmer, le son G funk ensoleillé de Snoop Dog et Doc Dre. Ils passent le mois de décembre 1995 dans le studio Skip Saylor Recording, sur l’avenue Melrose, au cœur du West Hollywood, avec une escouade de vétérans soul-funk et rap. Avant d’entrer en cabine, Doc Gynéco croise dans les couloirs du studio les TLC, joue au flipper avec Coolio, alors au zénith avec Gangsta Paradise. Les deux franchises adoptent le style de vie californien en écoutant les morceaux en voiture pour voir comment ils sonnent, une technique bien connue des producteurs U.S.
Sur place, Doc Gyneco rencontre un certain Ken Kessie. Un ingénieur du son chevronné qui a déjà bossé avec Whitney Houston et a réalisé les albums du groupe en Vogue, références du r’n’b nineties.
INSERT —En Vogue
En studio, oubliez les boîtes à rythmes et les échantillonneurs, ce sont de vrais musiciens qui jouent sur le disque avec des instruments à lampe des années 70, des claviers mini Moog qui permettent d’obtenir ce son chaleureux qui plaît tant à Doc Gyneco fan de Marvin Gaye et de soul à l’ancienne. Il explique son attrait pour la musique jouée live dans une une itv accordée au média Deeper Than Rap à l’occasion des 20 ans de Première consultation
INSERT — ITW Deeper than Rap
MANU / Il faut quand même préciser que non seulement, Ken Kessie est un ingénieur du son chevronné mais en plus il a un sacré carnet d’adresse…
Pour chaque instrument, Ken Kessie a un tueur dans son escarcelle et il peut créer autour du Doc une véritable Dream Team : un super batteur qu’il fait venir de New York, Ronnie King au clavier qui vient poser ses sirènes signatures, entendues chez Tupac et Snoop, il fait aussi appel aux membres de Tower Of Power pour les cuivres; Sur le titre Nirvana les vocalises sont assurées par Nanci Fletcher, la choriste quasi-officielle du label Deathrow, bref la grande classe…
INSERT — Nirvana
MANU/ Je suis sûr que vous ne saviez pas mais en studio, le Doc va surprendre ses collègues américains quand il doit poser son flow sur les instrumentaux…
Oui ça c’est une anecdote que raconte Thierry Planelle le directeur artistique de Virgin dans une interview accordée à Libération. Bruno voulait qu’on coupe les rythmiques quand il posait sa voix sur les instrumentaux, il se calait sur les mélodies, pas les beats, très inhabituel pour un rappeur et en fait, c’est ça qui a donné ce flow mélodique, plus chanté que parlé.
MANU/ Yes ce truc super nonchalant, laidback. Moi j’adore.
Au final, Greg l’album reste un véritable OVNI dans l’histoire du rap français…
Un OVNI car à cette époque, dans le rap, on dénonce, on s’insurge, les rythmiques sont agressives et le son plutôt influencé par le rap de New York et voilà que débarque ce Pierrot lunaire au flow désabusé qui parle de sexe, de drogue et de foot sur un album ultra bien produit, peut-être le mieux produit rap français des années 90 avec l’école du Micro d’argent d’IAM
Et puis c’est aussi un OVNI parce qu’on n’avait jamais entendu ce drôle de mélange entre rap US et variété française, entre G funk californienne et gouaille parisienne avec en plus ce petit parfum de scandale, ce côté drôlement subversif qui a sans doute aussi beaucoup contribué au succès de l’album.
INSERT — Ma salope à moi
L'univers visuel de Doc Gyneco
Manu : On va retourner en France maintenant et s’intéresser de plus près à la pochette de Première Consultation.
On n’est jamais au bout de nos surprises avec Radio K7 ! Qui aurait pensé qu’en bossant sur Doc Gygy, j’allais retomber sur le nom d’un photographe déjà cité dans l’émission ? Et oui, parce que la pochette de Première Consultation, c’est le français Nicolas Hidiroglou qui l’a réalisée et on vous a parlé de lui dans notre épisode sur Daft Punk ! Mais si rappelez-vous ! La fameuse double pochette intérieure de l’album Homework qui montre le bureau de Thomas Bangalter dans sa chambre d’ado chez ses parents. Une idée sensiblement similaire à celle déjà utilisée une année plus tôt pour Première Consultation…
La photo sur l’album de Gyneco, elle, a été prise au 23e étage de la tour Mercedes, à Paris Porte de la Chapelle, dans l’appartement familial du chanteur, et même mieux : dans sa chambre !
Manu : Mais ça alors mais c’est bien sûr !
Dans une interview au magazine Ambassade Excellence, l’ex-directrice artistique spécialisée en identité visuelle des artistes, Nathalie Noennec explique que c’est Thierry Planelle, le DA de chez Virgin avec lequel elle travaillait qui a eu cette idée. Apparemment, il avait une idée bien claire de comment marketer Doc Gyneco, en jouant sur le côté je cite : « documentaire, très innocent, et parfaitement inscrit dans l’esthétique hip-hop des années 90. » La photo prise par Hidiroglou est très réussie, dessus on voit le papier peint à motifs musicaux qui orne les murs de la chambre, une télé allumée qui diffuse une sitcom, un petit bureau avec une pile de livre, de la bouffe et une chaine hifi posée dessus, un skateboard au pied d’un petit canap’ recouvert de tissus à imprimé exotique ; au fond de la pièce y’a un lit une place, aux murs quelques posters, un sombrero et un panneau signalétique avec écrit « Porte de la Chapelle » sûrement chouré dans la rue.
Le décor est planté. Doc Gynéco se tient au centre de la pièce, l’air dégingandé, polo bicolore, baggy beige et coupe afro. Il ne sourit pas. On dirait une image extraite d’un reportage sur la vie d’un jeune en HLM, on dirait une capture d’écran de la série télé The Get Down ou bien une œuvre du photographe Jamel Shabazz, avec sa connotation seventies bien plus douce et nostalgique. Le logo avec le nom du chanteur dessiné par Vincent Bergerat aussi fait très old school, avec les lettres blanches détourées de bleu. On est dans le champ visuel des US et du campus universitaire pour moi.
Manu : Je crois que là c’est clair, Doc Gyneco prend complètement le contre-pied de l’image de lascar véhiculée par ses pairs. Lui, c’est la variet et le rap à l’eau, le gangsta rap ça sera pour NTM et le Ministère AMER.
Oui c’est déjà un vrai statement cette pochette, on est loin de La Haine de Kassovitz. Et puis le CD à l’intérieur est entièrement rose bonbon ! Quand on déplie le livret, on a une double-page avec tous les crédits de production plus 2 doubles pages de photos et de polaroids pris à Los Angeles pendant l’enregistrement. Ça sent le soleil, la musique, le gros kiff à plein nez ! Tu disais tout à l’heure Greg que le Doc avait rencontré Coolio, et ben on a même la photo qui le prouve ! C’est plutôt la classe
Manu : Dans ses clips par contre, Doc Gyneco ne donne pas toujours la même image de gentil garçon…
ça dépend desquels ! Pour assurer la promo de Première Consultation, il y a 3 clips qui vont voir le jour : « Viens voir le docteur » réalisé par Xavier de Nauw, « Nirvana » réalisé par Nicolas Hidiroglou et « Né ici » réalisé par Jean-Claude Barny. Penchons nous un instant sur « Viens voir le docteur »
Extrait :
INSERT — Viens vois le docteur
Dans ce clip, le doc se la joue légèrement « coquinou coquinou » comme dirait Olivia. Clairement quand il était à L.A. il a pas fait que chiller avec les zikos du coin, il a aussi retenu la leçon numéro 1 du gansgta rap : qui est « Un clip avec des zouz à oilp réaliser tu devras ! »
Voilà donc on est dedans : scène 1, intérieur jour, chambre d’hôtel : Doc est dans une baignoire remplie de lait façon Cléopâtre. Au moins 4 meufs s’activent autour à le masser, le manucurer, servir des fraises et du champagne. Scène 2 : on passe de la salle de bain sur le lit pour une consultation à base de jeux polissons dans une ambiance saturée de rouge. Scène 3 : pareil dans ambiance tamisée bleue. Et puis tout ça alterne avec des refrains dans lesquels on voit 3 meufs déguisées en infirmières cochonnes, on dirait les TLC du Boulevard Ney. Elles sont très distinguées… ou pas !
Manu : C’est d’autant plus drôle que tu as retrouvé quelques infos sur le making-of du clip qui s’est pas du tout passé dans la même ambiance !
Haha ! Clairement ! Je suis tombée sur une interview hyper intéressante du réalisateur Xavier de Nauw pour le site web I-D qui raconte tout son parcours en tant que photographe de la scène rap émergente. Le mec a fait des photos exceptionnelles de Lauryn Hill, Lenny Kravitz, Biggie, Prince et en France, tous les meilleurs sont passés devant son objectif. Mais voilà le truc, De Naw est photographe freelance à la base et il raconte comment lui, qui bosse tout seul, se retrouve propulsé sur un tournage à gros budget pour Doc Gynéco :
« Du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec la responsabilité de diriger une équipe de 45 personnes super qualifiées alors que je n’avais absolument aucune expérience. Je devais commander des professionnels que je ne connaissais pas, mais dont je savais qu’ils étaient des stars dans leur domaine, comme Gigi Lepage, la chef costumière. Lorsque Bruno est arrivé sur le plateau, il était aussi impressionné que moi par l’infrastructure du shoot et, lorsque je l’ai mis devant la caméra pour faire son premier playback, il n’a pas osé rapper. On a dû quitter le set, aller à l’épicerie du coin acheter un flash de bon matin – une bouteille que l’on voit d’ailleurs dans le clip. Pour la suite, il n’a pas eu besoin d’émulation ! »
C’est plutôt mignon cette anecdote non ? Vous y repenserez la prochaine fois que vous verrez la petite flasque apparaître à l’image !
Sinon je n’ai plus trop le temps d’épiloguer mais je ne voulais pas conclure sans mentionner viteuf le clip de Nirvana, qui a été censuré par M6, non pas à cause de ce qui s’y passe mais à cause des paroles faisant trop ouvertement référence au suicide. C’est très dommage car le clip est très beau, on voit qu’il y avait un paquet d’oseille pour produire ce genre de chose à l’époque. Y’a les plans aériens qui vont bien, la focale grand angle avec le vignettage pour les plans style reportage urbain, et le total look survet’ de scarla. Ahh c’était bien les nineties quand même, ça manque !
Manu : C’est clair, faudrait qu’on fasse un podcast là-dessus 🙂
À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST
Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.
Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !
« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »
Manu, Fanny, Olivia et Grégoire
“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “