Francis Cabrel “Samedi soir sur la Terre”
(1994)
EN QUELQUES MOTS
Dans cet épisode, on va vous parler de Francis Cabrel, le mousquetaire de la chanson française.
Après le succès fou de l’album “Sarbacane”, et le silence radio qui s’en est suivi pendant 5 longues années, tout le monde pensait que Francis Cabrel était finalement passé à autre chose, maintenant qu’il était installé tranquille pépère dans le Lot-et-Garonne. Et bien non ! il propose en 94 un “Samedi soir sur la Terre” un disque blues et flamenco à contrepied total de son prédécesseur.
C’est une authentique mine à tubes ! Il contient “La Cabane du pêcheur”, “Octobre”, “Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai” et bien sûr “La Corrida”. L’album va rester dans le Top50 pendant deux ans et deviendra même le disque le plus vendu en France dans les nineties, devant Manu Chao et Céline Dion.
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Retour en 1994
Voilà pour les 10 titres de “Samedi soir soir sur Terre”. C’est le 8ème album solo de Francis Cabrel. Il sort le 6 avril 1994 en CD, Cassette, vinyle et MiniDisc sur le label Columbia (chez Sony)
Alors qu’est-ce qui se passe en 1994 ? L’année est marquée musicalement parlant par Grace de Jeff Buckley, Dummy de Portishead et le ill Communication des Beastie Boys. En France on écoute les Cranberries, MC Solaar et Patrick Bruel. 1994 va également être marqué par la séparation brutale et inexpliquée du groupe Nirvana… dont on n’a plus jamais entendu parler d’ailleurs.
Au cinéma on retrouve à l’affiche Un indien dans la ville, Le Roi Lion et la comédie romantique 4 Mariages et un enterrement.
La story de Francis Cabrel
Manu : Alors je me tourne vers toi Olivia. on va revenir un petit peu en arrière sur l’histoire de Francis Cabrel qui commence, comme par hasard, dans le Lot-et-Garonne !
Francis Christian Cabrel naît le 23 novembre 1953 à Agen dans une famille originaire d’Italie. Son père est ouvrier dans une biscuiterie, sa mère caissière dans une cafétéria. Il passe son enfance à Astaffort, dans le Lot-et-Garonne. D’ailleurs, il y vit toujours ! Il a même été conseiller municipal de 1989 à 2004.
De cette enfance modeste, mais heureuse, il hérite d’un certain goût pour la discrétion, de l’amour du terroir et surtout d’un accent du Sud-Ouest qui reste aujourd’hui encore sa marque de fabrique et un élément de son identité musicale.
À treize ans, il entend pour la première fois Like a Rolling Stone de Bob Dylan à la radio, c’est le déclic. Il veut faire de la musique. À Noël, son oncle Freddy lui offre une guitare ; il se met à composer ses premiers morceaux et reprend les chansons de Neil Young, Leonard Cohen et évidemment Bob Dylan. La seule matière où il est bon à l’école, c’est l’anglais, qu’il apprend en traduisant les paroles de ses idoles.
INSERT — Suzanne
Francis en anglais / “Suzanne” de Leonard Cohen
Ce qu’il y a d’assez fou, je trouve, c’est que, pour moi en tout cas, Cabrel incarne vraiment le chanteur français. Et pourtant, lui, explique que pendant très longtemps la langue française a été un handicap pour chanter. Pour lui, le rock et le blues en français, ça ne sonne pas.
Autre motivation pour apprendre rapidement la guitare : lutter contre sa timidité. Ado, il pensait que sa guitare lui permettait de se rendre plus intéressant aux yeux des autres. Et particulièrement auprès des filles.
À 17 ans, il commence à monter plusieurs groupes de folk rock et chante dans les orchestres de bals. Mais ça ne fonctionne pas très bien et tous ses groupes finissent pas se séparer.
Il y a autre chose qui ne marche pas très bien, c’est l’école. En première, il est renvoyé du lycée Bernard Palissy d’Agen à cause de ses absences trop fréquentes. Il travaille alors, à 19 ans, comme magasinier dans un magasin de chaussures tout en jouant dans des bals locaux avec un groupe « Ray Frank et les Jazzmen ».
Le groupe se renomme par la suite « les Gaulois » à cause de leurs… moustaches !
Ils jouent dans les bals des villages de la région. On lui demande de chanter des reprises de C. Jérome et Michel Sardou alors que lui n’écoute que Jimi Hendrix, Eric Clapton ou les Who.
Manu : Les Gaulois marche bien mais c’est en solo que Francis va cartonner. En Juin 1974, à Toulouse, il participe à un concours de chansons de Sud Radio…
Oui, ce concours, c’est une sorte de Star Academy géante où se succèdent 400 candidats devant un jury composé notamment de Daniel et Richard Seff. Deux frères connus dans le milieu de la chanson et notamment dans le Sud Ouest. Intronisés par Nougaro, ils vont écrire pour Mike Brant, Gérard Lenorman, Joe Dassin.
Et vous savez quoi ? Bah, notre Francis, il va le gagner ce concours ! Avec une chanson que l’on connaît tous, Petite Marie, dédiée à sa femme Mariette Darjo. Il remporte 2 000 francs et les frères Seff lui ouvrent les portes du label CBS.
Il signe alors son premier album Murs de Poussière en 1977.
La même année, à l’occasion de la campagne de la « nouvelle chanson française » de la maison de disques, Francis Cabrel sort son premier simple, Ma ville, mais rapidement il a le sentiment que CBS ne le laisse pas exprimer sa vraie personnalité.
Et ouais, Francis / Prince, même combat !
Par exemple, dans la première version de Petite Marie, on lui demande de gommer son accent du sud ouest. On l’entend particulièrement à la fin de ses phrases quand il prononce “des milliers de roses”.
INSERT — TV Petite Marie
Cette première version sera d’ailleurs reniée par Francis plus tard et il la chante désormais en prononçant “ des milliers de rôses”.
En 1978, il monte à Paris et assure, pendant un mois, la première partie à l’Olympia de l’une des superstars de l’époque, Dave. Le public est conquis, ses chansons attendrissent et émeuvent.
Mais problème (et c’est toujours le cas aujourd’hui) : Francis déteste la promo, sa timidité légendaire reprend le dessus. Il en fait le moins possible. Il raconte d’ailleurs qu’il essaie toujours d’être assis pendant ses interviews de peur de tomber dans les pommes.
Je vous propose d’écouter son premier passage télé :
Cabrel enregistre l’année suivante son deuxième album Les Chemins de Traverse, et entame une série de tournées en France et en Belgique. « Je l’aime à mourir » devient immédiatement un énorme tube de l’été 1979 et Cabrel s’impose comme une nouvelle personnalité de la scène française.
INSERT — Je l’aime à mourir
Nous sommes en 1980 : il revient avec l’album Fragile, dont le titre La Dame de Haute-Savoie passe immédiatement en tête des classements. Mais il a le triomphe modeste, notre ami Francis, et il ne se laisse pas emporter par le star-system. Entre deux concerts et enregistrements, il se contente de sa petite vie tranquille dans sa ferme à Astaffort.
Toujours engagé pour sa région et parce qu’il trouve que les jeunes s’y ennuient un peu, il crée en 1988 les Rencontres d’Astaffort, un festival régional de musique traditionnelle où se produisent luthiers et guitaristes.
L’année suivante, il sort l’album Sarbacane qui est immédiatement un énorme succès. Deux millions d’exemplaires de l’album seront vendus.
Sarbacane, c’est le tournant dans sa carrière. Jusque là, ses albums se vendent bien (toujours aux alentours de 500 000 ex). Désormais, ils deviendront systématiquement des ventes record, des albums qui terminaient constamment meilleure vente de l’année ! Francis is bankable, les amis !
Manu : Alors après l’immense carton de Sarbacane, Francis Cabrel décide de levier le pied. Il se consacre au festival qu’il a créé, à son mandat de conseiller municipal et à sa petite famille. En fait Francis se qualifie lui-même de flemmard ! Il y a une phrase qui m’a marquée : il se remet à l’écriture (je cite) “quand ses enfants ont faim”. C’est génial non ? 🙂
Absolument… finalement, il a tout compris Francis. Il bosse quand il a besoin… Et cette fois, apparemment, ça a pris 5 ans : Francis retourne enfin en studio en 1994 et produit le disque qui nous réunit aujourd’hui : Samedi Soir sur la Terre. Mais c’est quoi ce samedi soir sur la terre ? C’est cette dernière grande fête, un dernier moment d’insouciance avant que tout ne s’éteigne. Il le dit lui-même en interview :
«J’ai l’impression que la planète dégringole, qu’elle vit un peu sa dernière fête. J’ai honte pour elle, je souffre, j’ai mal (…) Profondément pessimiste et désespéré. J’évacue le spleen à ma façon: en envoyant des bulles, en écrivant des chansons.»
Énorme carton et des tubes comme « Samedi soir sur la Terre », « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai », « La cabane du pêcheur » ou « La Corrida ».
Si la question était de savoir si Sarbacane avait été un succès ponctuel, un coup de chance ou si Francis allait pouvoir répéter le carton…. Et bien, c’est même au-delà de tout ça: “Samedi soir sur la terre” reste à ce jour son plus gros succès : au total, l’album est resté n°1 pendant 29 semaines. Soit plus de la moitié de l’année 94 !
Il en écoule plus de 4 millions d’exemplaires. Rien n’arrête Francis !
Je voudrais finir avec un petit cadeau (vous allez adorer) : en 1997, DLG (Dark Latin Groove), un boys band new-yorkais reprend sa chanson Je l’aime à mourir, La quiero a morir en version salsa :
INSERT — La quiero a morir
Francis, latin lover. Vous ne le regarderez plus jamais pareil !
Manu : En fait la story de Francis c’est vraiment l’histoire qui bosse le moins possible et à qui tout réussi. C’est super énervant quand même nan ?
Le making-of de "Samedi soir sur la Terre"
Manu : C’est le moment de passer à l’enregistrement de l’album avec toi Grégoire. On va prendre le TER direction Toulouse.
Oui on va à Blagnac juste à côté de Toulouse, au studio Polygone, ne vous y trompez, ce n’est pas parce qu’on est pas à Paris qu’il s’agit là d’un petit studio de province, en réalité c’est l’un des plus sophistiqués au monde à cette époque. Ces studios disposaient notamment d’une régie technique conçue par un certain Tom Hidley, l’un des spécialistes les plus renommés dans ce domaine.
Il faut savoir que Toulouse connaît un âge d’or de l’enregistrement studio dans les années 80 avec les studios Polygone et les studios Condorcet qui vont attirer de nombreuses stars de l’époque. Et l’histoire de ces studios restent intimement liés aux chanteurs dits de « l’école toulousaine ». On parle ici du groupe Image, de Jean-Pierre Mader et son tube Macumba et donc bien sûr Francis Cabrel qui connaît parfaitement ces studios toulousains puisqu’en 1983 l’album « Quelqu’un de l’intérieur » est enregistré à Condorcet et Sarbacane, l’album qui précède Un samedi soir sur la Terre, est enregistré en 1989 également au studio Polygone.
Manu : Oui 1989 pour Sarbacane, 1994 pour un samedi soir sur la Terre, 1 album tous les 5 ans ce sera grosso modo, le rythme de croisière de Francis Cabrel…
Oui le gentleman gascon est un homme qui aime prendre son temps. Il est extrêmement méthodique, pour écrire ces chansons il dispose de carnets de notes de couleurs différentes pour chaque année, il explique un peu son processus d’écriture dans une interview réalisée pour la radio RTL 2 :
INSERT — ITW écriture
Parmi les grands textes de cet album, il y a évidemment « la corrida ». L’histoire de cette chanson phare commence dans les arènes de Bayonne, quand Francis Cabrel assiste à une corrida qui va profondément le bouleverser. Sur le trajet retour, dans sa voiture, il commence à enregistrer des bouts de phrase sur un magnétophone mais il faudra attendre plusieurs années de travail avant de finaliser ce tube et cette chanson militante et audacieuse qui adopte le point du vue du taureau pour mieux pointer du doigt la cruauté de notre soi disante humanité. Un titre aux sonorités hispaniques sur lequel on peut entendre la voix éraillée de Nicolas Reyes, le leader des Gipsy Kings.
INSERT — La corrida avec Gipsy Kings
Manu : Comment ça se passe, une fois en studio. Il déconne un peu Francis ou bien ?
Tout est hyper bordé avec Francis. Il y a peu de place à l’improvisation et aux trouvailles de dernière minute. Le chanteur a pour habitude de réaliser des maquettes très précises de ces chansons avant d’entrer en studio… Le matin – il présente au groupe ses maquettes avec le chant principal, les chœurs, les guitares, la basse, le piano, la batterie. Puis, les musiciens travaillent sur la chanson un ou deux jours avant de l’enregistrer. Les corrections éventuellement apportées vont vraiment être à la marge mais le morceau lui ne bouge plus. Les précisions tout de suite du maestro dans cette interview pour la chaîne MCM réalisée en 1994
INSERT — ITW Maquette MCM
Aux studios Polygone, Cabrel retrouve de vieux compagnons de route, des fidèles qui sont autant des amis que des collègues de travail, comme les guitaristes Jean-Pierre Bucolo dit “Titi”, Bernard Paganotti, Denys Lable, il y aussi le batteur Manu Katché, déjà présent sur Sarbacane, ou encore Gérard Bikialo, un ancien du Groupe Magma qui depuis 1985 est l’un des hommes clés du dispositif artistique de Francis Cabrel dès que l’on évoque les enregistrements studio puisque depuis cette date, il assure la quasi totalité de la direction musicale des albums du chanteur. Ici, la Team Cabrel nous sort le grand jeu avec ce disque dont les 25 premières minutes ne comportent que des tubes.
Sur cet opus, les arrangements discrets font la part belle à la guitare acoustique et à une atmosphère folk chaleureuse et un peu terroir, on retrouve aussi des balades à vous fendre le coeur « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai » et puis vous le savez tous, la grande passion de Cabrel c’est le blues, des sonorités bluesy que l’on retrouvent sur les titres « assis sur le rebord du monde » (Sittin’ on the top of the world », une référence), « le noceur » ou encore « une samedi soir sur la terre », dont la mélodie, le phrasé, les arrangements de nappes d’orgue, et la durée, 7 minutes ne sont pas sans rappeler des titres fameux de Bob Dylan, le héros et le modèle absolu de Francis Cabrel.
INSERT — Un samedi soir sur la Terre
L'univers visuel de Francis Cabrel
Manu : Merci Grégoire c’était super intéressant ! J’ai avec moi cet album “Un samedi soir sur le Terre”. Ce n’est pas juste un disque mais un véritable objet que je tiens entre les mains. Fanny est-ce que tu pourrais commencer par nous parler de la pochette s’il te plaît ?
Eh bien le moins qu’on puisse dire c’est que les épisodes se suivent et ne se ressemblent pas ! C’est un peu le grand écart de ouf entre passer de Björk la dernière fois à Francis Cabrel aujourd’hui. L’univers visuel de Cabrel est fidèle à l’image que les gens en ont : humble, discret et sensible. C’est un mec super loyal aussi, qui s’entoure d’une équipe de proches collaborateurs et qui va faire appel à eux sur tous ses projets pendant des années. Bon, on avait déjà rencontré le même type de loyauté chez Radiohead, Oasis ou Manu Chao, j’avoue.
Pour la réalisation de la pochette d’Un Samedi soir sur la Terre, dans les crédit on trouve la mention : « Illustration, photographies et maquette de Maxime Ruiz assisté de Muriel Ferstenberg »
Mais qui c’est-y donc ces deux là ?
Maxime Ruiz, c’est un photographe et réalisateur argentin qui a fait sa carrière en France, une trajectoire un peu parallèle à celle de Gaspar Noé, qu’il a cotoyé à ses débuts d’ailleurs. La mère de Ruiz est française et il quitte l’Argentine dans les seventies pour venir faire des études de cinéma à Paris. Il devient graphiste, puis bosse dans la pub avant de passer photographe. De fil en aiguille, au début des années 80 il réalise sa première pochette d’album pour Félix-Hubert Thiéfaine. En 1989, Francis Cabrel le contacte pour travailler sur Sarbacane et c’est le début d’une longue, très longue collaboration car en effet depuis, Maxime Ruiz signe le design de TOUS ses albums. Il réalise à la fois les photos et la direction artistique.
Là, ça va plus loin que le livret habituel en papier glacé inséré dans son boîtier plastique, on a entre les mains un mini-livre de 40 pages avec une couverture cartonnée et le CD glissé dans un encart à la fin. C’est un bel objet maquetté avec du papier épais texturé. On retrouve toutes les paroles des chansons avec leur date de création sur 25 pages, puis des photos de l’enregistrement en studio, une double page plus poétique et ensuite les mugshots des 12 musiciens qui ont contribué à l’album.
Je trouve ça hyper classe de tous les mettre en avant sur un pied d’égalité avec Cabrel, de souligner qu’il s’agit d’un travail d’équipe plutôt que de toujours garder les petites mains dans l’ombre. Y’a d’autres photos en groupe avec les musiciens d’ailleurs encore après.
MANU : Ouais. Francis on peut dire que c’est vraiment un chic type. Et alors qu’est-ce qu’on voit sur cette pochette ?
Cette image c’est donc un montage numérique crée par Maxime Ruiz en collab avec Muriel Ferstenberg, une peintre française peu connue qui collabore de temps à autre à des projets de Cabrel. Là donc on a une infographie dans les tons gris-bleu qui représente un couple échappé du 19è siècle, elle en robe de gala, lui en queue de pie, en train de danser une valse au milieu d’une piste ronde. Ils sont en contre jour avec un nuage de fumée derrière eux et des sortes de bombes qui pleuvent du ciel.
Au centre de l’image sont inscrits le nom de Cabrel plus le titre de l’album et en surimpression sur la couv il y a un vernis sélectif transparent qui nous permet de lire toute une liste de noms de villes du monde entier : Paris, Buenos Aires, Brazzaville, Bombay, etc. C’est une interprétation assez littérale du titre « Samedi soir sur la Terre » avec la rondeur de la planète et l’énumération des destinations au 4 coins du globe.
On peut voir là une allégorie de l’amour qui rappelle aussi ces lignes de la chanson « Assis sur le rebord du monde »
“J’avais commencé une histoire
Sur une planète nouvelle, toute bleue
Bleue, pour pas qu’on la confonde
Je vais aller m’asseoir sur le rebord du monde
Voir ce que les hommes en ont fait”
MANU : Bon donc OK pour la pochette, et pour les clips ? Tu as choisi de nous parler duquel ? Celui de la cabane du pêcheur ? Franchement je te jure je crois que c’est mon préféré 🙂
Eh bien la vidéo de La Cabane du pêcheur dont tu nous parles Manu, c’est un des 5 clips tournés pour promouvoir l’album ! Je pensais pas qu’il y en aurait autant. Et oui, j’aurais pu vous parler de ce clip assez savoureux avec des effets spéciaux made in 90s qui ont terriblement mal vieilli mais pourtant là, alors qu’on sort de l’hiver, j’ai envie de vous embarquer quelques minutes direction Octobre !
INSERT — ‘Octobre’
Octobre c’est le 4ème single de l’album, et un clip sobre et poétique réalisé par Maxime Ruiz, encore lui, sort à l’automne 1994. Quelques mois plus tôt, le 1er avril, le grand photographe humaniste Robert Doisneau est mort et Ruiz décide de lui rendre hommage à travers cette vidéo, réalisée dans des tons de sépia qui donnent une touche nostalgique et intemporelle à l’ensemble.
Dans ce clip, on voit d’un côté Cabrel chanter seul en guitare-voix dans une bibliothèque désaffectée, et de l’autre tout un petit scénario autour de Robert Doisneau qu’un comédien vient incarner à l’écran, en train de se promener dans un village de campagne, appareil photo au poing, prenant des clichés des arbres, des chevaux, des fleurs.
Au milieu de la chanson, Cabrel parle d’enfants qui jouent dehors et je cite « de dessins qui apparaissent sur la buée des fenêtres », 2 éléments qui sont repris à l’image. Le Doisneau fictionnel supervise les devoirs d’un petit garçon habillé en uniforme d’écolier, clin d’œil à certaines des photos pour lesquelles l’artiste est le plus célèbre.
En parallèle on a 2 petites filles, elles-aussi revêtues d’un uniforme qui évoque une période encore plus ancienne, peut-être le début du 20ème. L’une des 2 s’affaire à écrire ce qu’on devine être une déclaration d’amour que le postier du village viendra remettre au petit garçon un peu plus tard. C’est mignon tout plein, ça fait pas de vagues. C’est tout ce qu’on attend d’un clip de Cabrel.
L’anecdote marrante que j’ai trouvé dans le livre ‘Une vie en chansons’ de Thomas Chaline, concerne les conditions de tournage du clip ! Un assistant de Maxime Ruiz propose d’aller filmer dans un petit village d’Auvergne d’où sa grand-mère est originaire. Le lieu semble parfait, avec ses petites routes, ses champs bordés de nature et… ses habitants un peu trop accueillants !
Apparemment, le premier jour de tournage a été perturbé par les nombreux villageois qui venaient taper la discute avec l’équipe et l’inviter à venir boire un verre chez eux ! Une hospitalité touchante mais qui a conduit l’équipe à éviter les artères principales les jours suivants pour tourner quelques plans plutôt à l’extérieur du village ! Moralité : la prochaine fois, venez tourner à Paris, au moins vous êtes sûrs d’être mal reçus !
À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST
Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.
Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !
« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »
Manu, Fanny, Olivia et Grégoire
“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “