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EN QUELQUES MOTS

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Retour en 1995

Wow ça fiche des frissons ! C’était les 12 titres en mode fast and furious de l’album “d’eux” — D apostrophe E U X qui s’appelle the French Album au US — le 13ème album studio de Céline Dion (sauf si je me trompe), sorti le 27 mars 1995 sur le label Epic Columbia chez Sony. Moi j’avais 10 ans et ne sais plus trop comment je l’ai entendu la première fois, mais c’est grâce — ou à cause 🙂 — de ma soeur. Elle l’avait acheté par correspondance au Club Dial, ça vous dit quelque chose ? L’offre 7 CD pour le prix d’un dans TV mag.

La story de Céline Dion

Manu : L’album est le plus gros succès de Céline, il va rafler pas mal de prix en France et ailleurs, et il bat tous les records ! Tout ça grâce à une rencontre artistique un peu spéciale avec ce bon vieux Jean Jacques Goldman.

Olivia : C’est JJG qui insiste pour rencontrer Céline Dion :
« Il me parlait tout le temps d’elle. Il trouvait qu’elle avait une voix monstrueuse. C’est la seule artiste qu’il a, de sa propre initiative, sollicitée », raconte Michael Jones…

blablabla (…)

En plus, René a promis à Plamondon (Starmania) qu’il serait de la partie. Il propose que JJG fasse la musique et Plamondon les paroles. Ca part mal ! JJG se dit que c’est mort.

Manu : Mais le mec ne lâche pas l’affaire, c’est une vraie groupie ! 🙂

Olivia : qqs mois plus tard, il les invite à écouter les premières maquettes sur lesquelles il chante lui-même. Arrive « Pour que tu m’aimes encore » : la rumeur dit que Céline est instantanément séduite. Elle y reconnaîtrait son histoire d’amour avec René.

« Il m’a présenté huit chansons et là j’ai capoté. Moi je n’écris pas mes chansons alors voir quelqu’un comme Jean-Jacques qui écrit mes tripes… »

[EXTRAIT DE POUR QUE TU M’AIMES ENCORE] — version demo à partir 2:50

“Je m’inventerai reine pour que tu me retiennes /Je me ferai nouvelle pour que le feu reprenne / Je deviendrai ces autres qui te donnent du plaisir/ Vos jeux seront les nôtres si tel est ton désir/ Plus brillante, plus belle pour une autre étincelle/ Je me changerai en or pour que tu m’aimes encore”
=>René est un coquinou !

Manu : Ce qui est génial c’est que quand tu fais des recherches sur la promo, finalement dans toutes les archives on ressort toujours l’histoire de cette rencontre artistique, voire carrément amoureuse avec Goldman. C’est le couple de l’année 1995.

Olivia : JJG joue le jeu de la promo, même si on sent qu’il déteste ca. (ex : Nulle part ailleurs…). On sent qu’il essaie de jouer le 2nd degré alors que Céline est clairement 1er degré.

Ex : extrait pas retrouvé, mais je me souviens d’un reportage où JJG voit le clip pour la première fois et lui dit qu’on dirait un film érotique Italien.

Le succès est immédiat des deux côtés de l’Atlantique.
Céline Dion affole tous les classements mondiaux, du Canada à la France, en passant par les US et l’Angleterre. En FR, son album est disque de diamant en cinq mois, avec plus d’un million d’exemplaires vendus. Il reste deux ans et demi dans le Top 50 et s’écoulera, au total, à plus de 10 millions d’exemplaires. Il recevra même un disque d’or au Royaume-Uni, où il devient le premier CD francophone à obtenir cette récompense.

Au final, «D’eux» devient l’album en français le plus vendu au monde !

 

Le making-of de "D'Eux"

L’enregistrement de l’album se déroule à Paris notamment au studio Mega situé dans le 16ème arrondissement. La session principale va être très rapide, une semaine seulement. Il faut dire que Goldman qui a écrit le disque a une idée très précise de ce qu’il veut et Céline est déjà une grande professionnelle donc pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre ce qu’on attend d’elle.

Lors de cet enregistrement, Goldman va l’encourager à sortir de la performance vocale très appréciée outre atlantique mais moins en France où les voix gueulardes sont plutôt associés à une certaine vulgarité.
Pour bien comprendre le rôle de Goldman lors de l’enregistrement je vous propose d’écouter cet extrait d’un reportage d’antenne 2, Jean-Jacques est par terre à la guitare, à sa droite, Céline, les deux artistes répètent le titre pour que tu m’aimes encore.

EXTRAIT ANTENNE 2 (30 secondes)

Voilà plus sexy Céline, plus sexy… On a bien compris, c’est Goldman qui joue le rôle de directeur artistique sur l’album, qui donne la direction à prendre, sa patte est d’ailleurs omniprésente, il a composé l’intégralité des titres dans lesquels on navigue entre ballades et titres rythm’n blues comme le ballet ou encore Prière Paiënne. Ce n’est pas vraiment étonnant quand on connaît le goût pour le blues de celui qui a trop saigné sur les Gibson.

Manu : relance

Parmi les hommes clés de l’album francophone le plus vendu au monde, on retrouve aussi à la production, aux claviers et aux arrangements, Erick Benzi, l’un des grands producteurs de disques de variétés française des années 90 et 2000. C’est lui que l’on retrouve aux manettes de Bienvenue chez moi de Florent Pagny, il a également beaucoup collaboré avec Johnny Halliday ou encore avec la chanteuse Angunn.

Manu : relance 

Enfin, pour finir, n’oublions pas de citer Humberto Gatica. Ce monsieur il a notamment été ingénieur du son sur Thriller et Bad de Michael Jackson, excusez du peu, il a aussi travaillé avec Antonio Carlos Jobim, Andrea Bocelli ou encore Mariah Carey, il a remporté 8 Grammy Awards, un sacré pedigree ! Et il fait partie de la garde rapprochée de Céline Dion. Sur le French Album, il va gérer le mixage, un élément essentiel pour la chanteuse. Dans un extrait d’une émission québécoise qui s’appelle Fax, elle parle de lui comme le meilleur mixeur au monde, celui qui donne à sa voix, la bonne présence, le bon écho, le bon équilibre avec la musique, bref celui qui fait tout pour que la voix de Céline soit à son top niveau : autant dire, un rôle essentiel.

L'univers visuel de Céline Dion

Manu : A l’époque Céline Dion a les cheveux courts, elle est plutôt mignonne et elle s’apprête à décrocher le titre de plus grand chanteuse francophone au monde…

Fanny Giniès : Tout ceci est le fruit d’un très long travail en terme d’image, mené par René Angélil et Céline depuis les années 80. Tous les deux ont anticipé, même programmé d’avance la recette du succès. On est vraiment dans la même idée de fabrique de star que dans les studios hollywoodiens des années 50. Il y a eu des mois de travail sur l’image de Céline, en terme de look, de présence scénique, de coaching médiatique, qui ont permis une première transformation de la figure de l’enfant prodige vers celle la jeune femme sexy.

La collaboration avec Goldman en ’95 permet de passer à la vitesse supérieure. Céline avait déjà un succès énorme en Amérique du Nord mais elle voulait la reconnaissance du public français et francophone, ce que va lui apporter cet album. Quand on voit les vidéos de prestations live de l’époque, on découvre une vraie bête de scène qui chante incroyablement, qui danse incroyablement, qui est à l’aise. Elle fait le show comme seuls les américains savent le faire…

Manu : Pourtant c’est pas vraiment l’image qui est véhiculée dans ses clips, non ?

Fanny : Effectivement, les 2 clips réalisés en marge de cet album présentent une Céline Dion plutôt sage. Enfin, particulièrement le clip de « Je sais pas », succession de gros plans en noir et blanc sur son visage dans une ambiance film muet super rétro. Par contre, l’autre clip pour le tube planétaire « Pour que tu m’aimes encore », est vraiment étonnant. C’est un français qui s’appelle Michel Meyer qui l’a réalisé. On voit Céline seule en plein tourments amoureux qui joue avec des poupées vaudous et s’adonne des rituels magiques chelous pour faire revenir l’objet de son désir. Visuellement, on est dans une esthétique 90’s assez dark, romantique dans des tons de sépia. Quand je l’ai revu j’ai ri toute seule en me disant qu’à peu de choses près ça aurait pu être un clip de Nine Inch Nails !

Manu : Haha, so goth ! Mais ce qui est beau avec ce morceau aussi, c’est qu’il a une vraie pérennité dans la culture pop jusqu’à aujourd’hui !

Fanny : Oui, et on a même assisté à un véritable retour de hype ces dernières années grâce à un autre enfant prodige québécois du nom de…

Tous en choeur : Xavier Dolan !

Fanny : Bingo ! Dolan est connu pour son talent d’une précocité insolente mais aussi pour ses B.O. pointues et éclectiques à base de Fever Ray, Moby (pour le clin d’oeil à notre épisode 2), Moderat, Bach, Beethoven et… Céline Dion ! Il a utilisé la chanson « Pour que tu m’aimes encore » dans son film Laurence Anyways en 2012 puis « On ne change pas » dans ‘Mommy’ en 2014. JE SAIS, ce morceau là n’est pas sur l’album ‘D’eux’ mais c’est quand même Goldman qui l’a écrite donc c’est kif kif, on va écouter un petit passage du film en question :

EXTRAIT : https://www.youtube.com/watch?v=3bAAZiDgPxA
timecode : de 1 »16 à 2 » (ou 2 »21 si on peut faire plus long)

Fanny : Je sais pas si vous avez entendu mais à un moment Steve, le personnage principal du film, dit que Céline est leur « trésor national ». Quand Dolan diffuse du Céline Dion dans ses films, ce n’est pas pour se moquer ou taper dans le kitsch, c’est parce qu’il a lui même grandi en écoutant la chanteuse, et qu’il veut lui rendre hommage avec sincérité.

Manu : j’ai lu sur Pure People qu’il aurait même proposé à Céline Dion une chanson qu’il a lui-même écrite! — Et elle aurait refusé. C’était en 2016. Coup dur pour Xavier.

Je ne sais pas vous, mais moi c’est un moment de cinéma qui m’a vraiment marqué ces dernières années, je me suis rendue compte que je n’écoutais jamais ce genre de musique, et qu’elle pouvait avoir une vraie portée émotionnelle, donc rien que pour ça, merci à Dolan !

Manu : On va aussi bientôt retrouver Céline Dion au cinéma…

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “