No Doubt “Tragic Kingdom”
(1995)
EN QUELQUES MOTS
Aujourd’hui on va vous parler de Gwen, Tony, Tom et Adrian, les 4 membres de No Doubt. Personne ne s’attendait au succès de No Doubt en 1995. Après plusieurs semaines, Tragic Kingdom ne figurait toujours pas dans les charts.
Pourtant, à force de singles prêts à conquérir le monde comme “Spiderwebs” à “Sunday Morning” en passant par “Just a Girl” et bien évidemment “Don’t Speak” le troisième album de No Doubt va finir pas s’imposer dans les charts du monde entier !
Pop, ska, un peu punk aussi sur les bords, le style de No Doubt ne ressemble à personne ! Et cet album propulsera le groupe et sa chanteuse charismatique, Gwen Stefani, fleur bleue et moqueuse, au rang de superstar mondiale.
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Retour en 1995
Voilà pour les 14 titres de Tragic Kingdom !
L’album sort le 10 octobre 1995 en CD, Cassette et Vinyle chez Interscope, le label de Jimmy Iovine qui est une filiale de Time Warner.
En 1995, c’est officiellement la fin du grunge. Le rock s’ouvre à d’autres horizons. Chez votre disquaire préféré on range le nouvel album de No Doubt aux côté de “Mellon Collie” des Smashing Pumpkins, “Morning Glory” d’Oasis, le premier album de Garbage ou encore “The Bends” de Radiohead.
En 1995, No Doubt va aussi lancer le revival ska des 90s. Grâce à eux, les médias vont s’intéresser à la scène ska-punk californienne avec des groupes encore underground comme Sublime, Fishbone ou Mighty Mighty Bosstones. ça vous parle ou pas du tout ?
Au cinéma Forrest Gump remporte 11 oscars, on va voir… et bien sûr Clueless un des meilleurs teenage movie du monde. J’adore ce film.
La story de No Doubt
Manu : L’histoire de No Doubt commence dans la petite vielle d’Anaheim au sud de LA, en Californie, au milieu des années 1980.
Olivia : Et vous allez voir, c’est un peu « Amour gloire et beauté » !
Gwen et son frère Eric Stefani grandissent dans une famille qui écoute beaucoup de musique folk. Leur père enseigne la guitare et leur mère joue de l’autoharpe. La petite Gwen s’essaie elle aussi à la musique mais ses débuts sont timides. Eric insiste lourdement pour que sa sœur continue : tous les deux passionnés par le ska anglais, Eric persuade Gwen de monter sur scène pour le spectacle de talents de l’école Elle porte la robe en tweed que sa mère lui avait faite, copiée sur la robe que Maria porte dans « La Mélodie du Bonheur » dont elle est fan. Ce jour-là, ils reprennent tous les deux “On my Radio” des Selecter. A défaut d’avoir trouvé la captation de ce concert, je vous propose d’écouter l’originale :
INSERT — “On my Radio” The Selecter
https://www.youtube.com/watch?v=PjKtQO3IPrk
Quelques temps plus tard, ils lancent leur premier groupe avec leurs potes John Spence -c’est lui d’ailleurs a d’ailleurs donné son nom au groupe avec son expression favorite « no doubt »- et Tony Kanal à la basse.
Les débuts du groupe sont marqués par des concerts dans des fêtes de quartier, souvent interrompus par les flics et des bagarres. Ces premières expériences live, bien que chaotiques, vont venir forger l’identité scénique du groupe. On s’écoute un bout de leur toute première démo, nous sommes en 1987 :
INSERT — No Doubt “No Doubt” (démo 1987)
https://www.youtube.com/watch?v=8b1-_02F38Y
Manu : Hélas, en 1987, la tragédie les frappe quelques jours avant Noël et un concert important au Roxy de Los Angeles : John Spence, leur chanteur, se suicide. Le groupe est dévasté et décide de tout arrêter. No Doubt, c’est fini !
Bon, c’est pas vraiment une surprise mais finalement No Doubt va décider de se reformer. Au bout de quelques semaines, ils en parlent beaucoup entre eux et pensent que c’est finalement ce que John aurait souhaité.
Mais Gwen ne se sent pas le courage d’assumer le rôle de chanteuse. C’est Alan Meade le trompettiste qui prend la place de John, Gwen restant à sa place de deuxième chanteuse.
Manu : Nouveau rebondissement : quelques mois plus tard, Alan quitte le groupe parce que sa petite amie est enceinte et qu’il faut qu’il gagne sa vie. Cette fois, Eric réussit à convaincre non sans mal sa sœur de devenir la chanteuse du groupe. Et c’est le grand tournant du groupe !
Peu de temps après, Tom Dumont, ancien guitariste dans un groupe de metal fait son entrée et devient le 4e membre de No Doubt. Pour faire partie du groupe, il attache ses longs cheveux de métalleux, il ment et affirme qu’il a plus de 8 ans d’expérience alors qu’il ne joue que depuis un an et demi ! L’année suivante, un certain Adrian Young tombe lui aussi sous le charme du groupe, et en particulier de Gwen. Lui, il fait croire qu’il sait jouer de la batterie, et va remplacer leur premier batteur. Adrian se distingue par ses performances scéniques déjantées : il n’hésite jamais à se déshabiller sur scène.
Donc je récapitule pour les deux du fond : on a Eric, Gwen, Tony, Tom et Adrian : Cette fois le groupe est au complet !
Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que, depuis quelques mois, une histoire d’amour secrète s’est développée entre Gwen Stefani et Tony Kanal. Ils ont préféré se taire jusque-là craignant la réaction des autres membres. La mort de John Spence va tout changer et ils ne veulent plus se cacher. Parce que carpe fucking diem, quoi !
Les premières années sont difficiles : le groupe enchaîne les concerts dans des petites salles, voyage dans un van, se tape des trajets de 42 heures et se nourrit exclusivement de burritos aux Taco Bell.
Manu : Petit à petit, No Doubt se fait un nom. L’énergie considérable déployée sur scène par Gwen assure au groupe un certain succès dans le comté d’Orange, Orange County, en Californie. Et en 1992, ils sortent ENFIN leur premier album, tout simplement appelé No Doubt sur le jeune label Interscope.
Sorti de pleine folie du grunge aux États-Unis, l’album aux tonalités pop peine à se démarquer. Grosse déception : ils ne sont même pas soutenus par la radio KROQ, la radio locale qu’ils écoutent depuis qu’ils sont gosses. Le directeur des programmes dira même : « Il faudrait un miracle pour qu’une radio les programme à l’antenne. »
Ce premier album ne se vend qu’à 30 000 exemplaires. Le label refuse de produire le clip Trapped In A Box et ce sont les membres du groupe eux-mêmes qui le financent pour 5 000 $. Extrait :
INSERT — Trapped in a box https://www.youtube.com/watch?v=pEDs8r0u2yE&t=25s
Manu : Le titre est cool, mais pour le label c’est un échec commercial. Il lâche No Doubt dans la nature. Tchao bye bye.
Qu’à cela ne tienne, ils décident de le produire eux-mêmes un deuxième album et l’enregistre dans un hangar. L’album The Beacon Street Collection sort en 1995 et s’écoule à 100 000 exemplaires l’année de sa sortie ! Boum : le label est en PLS ! Interscope se dit que finalement, il est peut-être temps de les rappeler.
Manu : Et quelque chose me dit qu’ils ont bien fait car l’album qui va tout changer, vous l’avez deviné, c’est Tragic Kingdom.
Composé alors que Gwen et Tony Kanal viennent de se séparer, certains morceaux sont directement inspirés de leur histoire, notamment « Don’t Speak » et « Happy Now ». C’est aussi le dernier album enregistré avec Eric, le frère de Gwen. Avec le retour d’Interscope à la production, il craint pour sa liberté de création. Il quitte finalement le groupe pour poursuivre une carrière de dessinateur de la série Les Simpson.
Le single « Just a Girl » commence à passer en radio, une expérience complètement dingue pour le groupe qui entend pour la première fois sa musique alors qu’ils sont dans une chambre d’hôtel à Salt Lake City.
Pour promouvoir l’album, Instercope lance alors une campagne de marketing qui cible les lycéens et la communauté du skateboard. No Doubt se produit lors du Warped Tour, sponsorisé par plusieurs fabricants de skate. Gwen Stefani va même faire la promo de No Doubt en animant un épisode de Channel News One, une émission d’actualité dédiée aux lycéens, diffusée exclusivement dans 12,000 salles de classes. Je vous laisse imaginer l’impact dans les cours de récré !
En mai 1996, le groupe collabore avec les magasins de musique HMV pour organiser une promotion mondiale. No Doubt donne un concert dans les studios de MuchMusic à Toronto. La session sera diffusée en direct dans les magasins HMV du monde entier et sur un webcast afin que les fans puissent poser des questions au groupe.
Les ventes de Tragic Kingdom vont doubler la semaine suivante et les sponsors de l’événement feront pression sur Guinness book pour reconnaître l’événement comme la plus grande promotion virtuelle en magasin jamais organisée.
On les écoute dans l’émission Late Night With Conan O’Brien, en janvier 1996, lors de leur tout premier live à la télé :
INSERT — Late Nitght Live
https://www.youtube.com/watch?v=feUab1Zj_U0
C’est aussi à cette période que les premières tensions au sein du groupe apparaissent. Gwen est le centre de l’attention des médias. C’est Gwen par-ci, Gwen par-là et les autres se sentent complètement mis à l’écart. Tom Dumont explique au magazine Rolling Stones en 1997 :
« J’ai juste l’impression d’être un second choix, d’être nul comparé à elle. J’ai l’impression d’être juste une personne inférieure, je ne suis pas aussi beau, et je ne suis pas aussi génial qu’elle aux yeux de tous les autres.
Je pense qu’une certaine partie de moi – la raison pour laquelle je voulais être une rock star quand j’étais gamin, je pensais que ce serait un moyen pour que les gens m’aiment. Et maintenant que j’y suis arrivé, je n’obtiens pas la récompense que j’attendais »
Manu : Pauvre petit loulou. Après les succès de “Just a girl” et “Spiderweb”, c’est au tour du single “Don’t Speak” de squatter les radios.
3e single aux USA, son succès fracassant vient bouleverser l’ordre de sortie des singles à l’étranger. En France, il est donc le premier single et reste au Top50 pendant 23 semaines consécutives.
INSERT — Pub
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/publicite/pub732922023/no-doubt?utm_source=pocket_shared
La chanson cartonne et se place en première place en Australie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Puis arrive Just a girl (le 1er single sortie aux USA mais 2nd en France, j’espère que vous suivez) qui rentre directement au Top 50, notamment parce que le titre apparaît dans la BO du film Clueless, sorti peu de temps avant, pendant l’été 1995.
Le succès est tel que l’album sera finalement certifié diamant (10 millions d’exemplaires vendus aux États-Unis). Le groupe entame alors une tournée mondiale : No Doubt s’attendait à une tournée de deux mois, finalement elle durera deux ans et demi ! Même dans les pays non anglophones, le public hurle les paroles de leurs chansons.
Tragic Kingdom recevra des critiques plutôt positives de la presse spécialisée. Le magazine Rolling Stone est plutôt enthousiaste, le décrivant comme, je cite : « une version ska dynamique de banlieue blanche avec des influences pop rappelant Blondie ». Mention spéciale tout même pour « Don’t Speak » qu’ils ont détesté et considère comme « une bouillie irritante ».
Manu : Au final, Tragic Kingdom se vendra à plus de 16 millions d’exemplaires dans le monde, et c’est un putain de raz-de-marée !
No Doubt sera nommé deux fois aux Grammy Awards de 1997 en tant que meilleur nouvel artiste et le meilleur album rock . En 2003, l’album fera partie de la liste des 500 plus grands albums de tous les temps de Rolling Stone.
Le point culminant de cette tournée, c’est un concert, en 1997, dans leur ville natale d’Anaheim devant 30 000 personnes. Une performance filmée qui sortira sous le titre de « Live in the Tragic Kingdom » en VHS et DVD. Et pour conclure en beauté cette chronique j’ai envie qu’on écoute “Don”t Speak”, ça fout les poils vous allez voir :
INSERT — Don’t Speak Live in the Tragic Kingdom
https://www.youtube.com/watch?v=46oWyc4P_pw
Manu : Merci Oli pour ce beau moment et cette chronique ! Comme tu le disais c’est la story No Doubt c’est vraiment un feuilleton avec des années de galères, la gloire, une mort tragique, des amants dans le placard, des jalousies, des départs, des retours bref… 16 millions d’albums de Tragic Kingdom ! Et vous vous souvenez, de Beacon Street Collection, leur deuxième album ? Et ben Interscope a fini par le (re)sortir dans la foulée du succès de Tragic Kingdom : il se serait vendu, lui, à 7 millions d’exemplaires. C’est assez ironique non ?
Le making-of de "Tragic Kingdom"
Greg : Tout le monde connaît le son de No doubt, le monde entier à entendu no doubt, je suis certain que ma grand mère a reconnaîtrait des titres.
On a tous en tête les singles Pop/punk, on vient d’en écouter un….
Mais derrière cette façade, quand on écoute bien l’album on entend plein d’influences. Des touches de punk, de metal, de disco, et surtout des touches de ska…
Et bien c’est normal parce qu’ avant d’être le méga groupe fusion qu’on connait no doubt c’était avant tout un groupe de ska californien..
Alors on va essayer de décortiquer tout ça, de mettre les mains dans le camboui…. préparez vos oreilles.
Tragic Kingdom c’est leur 3eme album, et ça fait 9 ans qu’il font des concerts, c’est le groupe local par excellence.
Premier album
En 1992 ils sortent un premier album plutôt Ska, que interscope avec qui ils viennent de signer leur fait réenregistrer dans un studio miteux.
Pour le plaisir on s’écoute un extrait du premier album, faut s’imaginer qu’on est en 1992 et qu’à la radio c’est plutot des groupes de seattle qui passent..
INSERT — Extrait 1
le titre c’est Paulina et c’est eric stefani qui chante, et gwen fait les chœurs à l’ancienne.
Pourquoi ils jouent du ska ?
Vous vous en doutez : le ska ça vient de la Jamaique des années 50’s et c’est un mélange de Rythm and blues, de jazz, de musique caribéenne, c’est joyeux, ça se caractérise par des accords majeurs, un tempo rapide, des cuivres et une rythmique à contre temps…..
Ensuite on a la 2 eme vague de ska, elle nait en Angleterre suite à l’immigration de jamaïcains.
On est fin des 70’et le ska se mélange avec la musique du moment c’est à dire le punk.
Ça va s’appeller le two Tone. Une musique dansante avec une attitude Punk, on pense tout de suite à madness qui reprend d’ailleurs des tubes jamaïcains…
INSERT — Extrait 2 Madness
Et puis vient la 3 eme vague des années 90
Sans surprise c’est à travers le ska/punk 2tone anglais que le ska va mettre les pieds en Californie, Et l’Amerique va aseptiser tout ça : très no futur dans l’Angleterre des 70’s, le punk quand il devient californien il devient très coloré, dépolitisé, très teenager, on remplace l’héroïne par le skateboard.
c’est beaucoup plus sain.
Visiblement le créneau de la dépression était déjà pris par le grunge, alors le punk rock ska se place sur la joie de vivre… Voilà ce qu’on écoute en 1995 quand on fait du skate et qu’on est en californie
INSERT — Extrait 3
rancid, sublime, real big fish, no fx.
Le deuxième album : ça sent le no doubt
Ca n’avance pas très vite avec interscope alors Le groupe décide d’acheter du matos et d’enregistrer l’album chez eux pendant un long weekend, ils le vendent aux concerts et dans les magasins du coin… Et honnêtement c’est quand même très bien fait pour un album autoproduit.
Pour moi ils ont déja trouvé leur son
INSERT — Extrait 4
On sent que le Grunge pèse lourd à cette époque parce que leur son devient un peu plus brut. Y’a encore beaucoup de cuivres, des parties ska, reggae, mais les guitares sont un peu plus lourdes, les structures et les arrangements plus pop/punk….
Comme ça vend un petit peu, interscope se réveille…
Tragic Kingdom :
Alors interscope se réveille c’est vrai et c’est faux..
Parce qu’en fait interscope qui est une petite maison de disques à ce moment, ils capitalisent pas sur no doubt et ils les baladent un peu depuis 1993… Ils leur payent des petites sessions de studios quand ils trouvent un bon deal, mais selon le groupe y’a pas un gros accompagnement.
Donc depuis 1993 ils vont faire des sessions dans 11 studios différents à Los Angeles… En mode « salut les gars vous êtes dispos demain pour une session à Santa Monica. » Bah ok…
Ce qui fait que le 2ème album autoproduit sort en Mars 1995 et Tragic Kingdom va sortir en Octobre 1995. En fait ils les font en même temps…
Le problème c’est que ça se fritte avec interscope : Tony Kamal le bassiste dit que l’album prend du temps parce qu’ils résistent aux pressions de la production pour changer de son, de style, de type de chansons selon lui c’est 3 ans de lutte de production cet album…
3 ans de lutte Avec entre autres : Matthew Wilder, le réalisateur placé par interscope… Matthew wilder c’est qui ? un mec qui a fait ça en 1984
INSERT — Extrait 5
Autant vous dire qu’il s’y connaît en ska punk..
Depuis il écrit des chansons pour les autres, un jour y’a un gars d’interscope qui lui dit « t’as déjà réalisé des albums ? Non, ça te dit de le faire avec un groupe qui s’appelle no doubt » il dit grave parce qu’il galère un peu dans la Life…
J’ai cherché un peu sur Matthew Wilder, je me suis dit c’est important c’est lui le réal… Il a des choses à dire : et j’ai trouvé une itw : c’était intéressant parce que ça diverge un peu de la version officielle du groupe :
- Déjà selon lui c’est un miracle que l’album soit sorti parce que l’ambiance était merdeuse, embrouilles de couples, embrouilles avec la prod, départ d’éric stefani officiellement parce qu’il en a marre des tournées mais selon wilder c’est parce qu’il acceptait pas de perdre le contrôle sur la production : vous vous faites votre avis.
- Wilder va ensuite se jeter un peu des fleurs : selon lui c’est l’équipe d’interscope qui les font se détourner peu à peu du ska..qui vont façonner leur son Il leur dit : les gars il faudrait que tout le monde se mette à composer, ouvrez vous aux styles, écoutez de la new wave, écoutez Blondie.
- Autre anecdote et ça c’est incroyable : Wilder avoue lui même : « au moment où on fait l’album pour moi on est en train de produire l’album avec le son le plus chelou de la planète, pour moi à ce moment là il avait aucune valeur commerciale….
- Pour finir Jimmy lovine le boss de interscope veut carrément se séparer du groupe et c’est le mixeur qui récupère le projet avec trauma records.
Analyse de titres et influences.
On a eu un fast and furious tout à l’heure, mais je vous propose de repasser les styles de l’album en mode fast and furious… Je rêvais de le dire moi aussi…
INSERT — Medley Extrait 7
Spiderweb : Gros Ska
Excuse me mister : Big band jazz new orleans
Just a girl : totalement grunge punk
Different people : pop ska une fois de plus, c’est carrément un festival au pays basque espagnol…
The Climb : c’est un blues.
Sixteen : guitare metal
Sunday morning : batterie motown
World go round : intro country et ca tourne en reggae
You can do it : disco
INSERT — Extrait 8
Multitrack don’t speak
- Basse de kanal : super précis : toujours très mélodique, jeu puissant et précis aux doigts : probablement enregistré à La DI : directement dans l’ampli : il est pas assez reconnu comme un super bassiste…
- Gwen Stefani fait la Fried voice avant Britney Spears.
- cordes
- guitare acoustique
- orgue
- Solo de guitare en mode espagnol : composite de 6 prises, blasphème : joué au médiator : Dumont dit que n’importe quel espagnol aurait détesté sa manière de faire.
Voilà les amis pour le son de no doubt : je résiste pas à l’envie de vous dire de réécouter cet album en écoutant les parties de basse de tony kanal qui sont toujours mortelles…
L'univers visuel de No Doubt
Manu : On vient de le voir avec Greg, en 95 No Doubt s’impose avec ce mélange de sonorités très particulier. Mais c’est aussi le design de la pochette et le clip culte de « Don’t Speak » qui marquent les esprits. On s’y plonge tout de suite avec toi, Fanny !
Fanny : Tout commence par la pochette, qui est une sorte d’invitation à un voyage étrange et fruité sur les terres de Californie. On y découvre Gwen Stefani posant avec assurance au premier plan de l’image, dans une parodie des illustrations qu’on trouvait sur les caisses d’oranges dans les années 50 et 60 aux Etats-Unis. En effet, c’est l’industrie des agrumes qui a façonné l’histoire économique et culturelle du comté d’Orange dont le groupe est originaire.
Les pubs de l’époque mettaient en scène des fruits juteux, un soleil radieux, des orangers en pleine santé et souvent une pin up tenant une orange. C’est le rôle de Gwen sur cette pochette, flamboyante dans une robe rouge vintage, qui pose une orange à la main.
Au centre de l’image, dans une forme ronde cerclée de doré apparaissent les membres masculins du groupe. Ils se tiennent dans un verger en ruines envahi d’herbes hautes, au pied d’un oranger sans feuilles. Sur cette pochette, tout est inversé par rapport aux pubs traditionnelles : les oranges sont pourries, l’arbre est mort, une lune remplace le soleil éclatant et des mouches à merde grouillent dans les coins.
Pour paraphraser Hamlet, “il y a quelque chose de pourri au comté d’Orange !”. Et pour accentuer l’inconfort, en coulisses Gwen Stefani a insisté pour que son frère Eric, qui avait quitté le groupe avant la sortie de l’album, soit tout de même inclus sur la pochette. On le voit donc sur l’image, le regard tourné loin de l’appareil photo. Bref, ce chaos bucolique est une métaphore parfaite de l’univers contrasté de l’album et de l’ambiance pesante qui régnait chez No Doubt, oscillant entre la joie contagieuse, rancœurs et mélancolie.
Manu : Ah ouais, donc le titre est bien trouvé, c’est vraiment un royaume déchu leur histoire !
En fait, ce titre de « Tragic Kingdom » fait référence encore une fois au comté d’Orange et plus particulièrement à Disneyland, qui s’est installé à Anaheim en 1955. Le parc d’attraction était couramment surnommé « Magic Kingdom », le royaume magique, et No Doubt a détourné ce surnom, le transformant de ‘magique’ en ‘tragique’. Avant l’arrivée de Disneyland, Anaheim était une petite ville entourée de vergers d’orangers. L’installation du parc a transformé ces terres agricoles en hôtels, restaurants et autres attractions touristiques qui étaient décriées par Walt Disney lui-même.
Au dos de la pochette, l’hommage à l’histoire d’Anaheim continue. On voit un panneau de signalisation accueillant les touristes dans la ville « Welcome to Anaheim, California », juché au-dessus d’un second panneau parodique avec écrit « Go away, No doubt anytime » / Partez, sans aucun doute, à tout moment.
On voit aussi une photo du groupe sur un parking de centre commercial vide, poussant un caddie rempli d’oranges à ras bord. Ils sont de dos le regard fixé sur un grand écran de cinéma en plein air qui diffuse l’image d’une chaussure qui écrase une orange. Je crois que décidément le message est clair !
Les photos présentes sur la pochette et dans le livret ont été prises dans les rues d’Anaheim et d’Orange, ainsi que dans des vergers de la région. Trois photographes sont crédités, parmi lesquels Daniel Arsenault, un photographe local avec un background dans les beaux-arts et la photo de pub.
Manu : Je crois que tu as un dernier fun fact concernant la robe rouge portée par Gwen Stefani sur la pochette…
Oui, cette robe rouge estimée à 5 000 dollars a été prêtée au Hard Rock Café d’Orange County, avant d’être présentée au Fullerton Museum Center dans une expo dédiée à l’histoire musicale de la région intitulée « The Orange Groove: Orange County’s Rock n’Roll History » où elle a malheureusement été volée en 2005.
Manu : Sur la pochette, Gwen Stefani occupe résolument le devant de la scène, ce qui a pu engendrer des frictions avec les autres membres du groupe et je crois que c’est un thème qu’on retrouve dans le clip de Don’t Speak, dont tu vas nous parler…
Ah, « Don’t Speak »… Une ballade déchirante et un clip tout aussi mémorable en effet.
Réalisé par Sophie Muller, une grande habituée des clips musicaux qui a bossé avec Blur, Beyoncé, Garbage, Rihanna, Coldplay ou encore Sade, cette vidéo marque le début d’une longue collaboration entre la réalisatrice et No Doubt. Le clip met en scène deux tableaux principaux : la rupture amoureuse entre Gwen Stefani et Tony Kanal d’un côté et les tensions au sein du groupe de l’autre.
Le clip commence par une scène symbolique : Tony Kanal cueille sur un arbre une orange pourrie dans laquelle grouillent des vers, une image lourde de sens qui introduit le thème de la rupture et des tensions internes. La majeure partie de la vidéo se déroule dans un garage où le groupe joue ‘Don’t Speak’, les musiciens tirent tous la tronche et se jettent des regards blasés. D’autres passages du clip présentent des captations d’un concert live, tournées au Roseland Ballroom de New York en août 1996.
L’autre moitié de la vidéo montre Gwen Stefani attirant toute l’attention des médias, tandis que les autres membres sont relégués à l’arrière-plan. Cette mise en scène illustre une réalité traversée à l’époque par le groupe, qui vit mal l’ascension de Gwen comme figure centrale. Les frustrations au sein du groupe sont telles qu’ils sont au bord de l’explosion comme le raconte Tony Kanal dans une interview :
« On était en tournée pour Tragic Kingdom pendant 28 mois. Nous étions en pleine rupture Gwen et moi, et dans chaque interview on parlait de ça, donc la plaie se rouvrait toutes les heures. C’était tellement brutal, mais je ne sais pas comment on a fait pour tenir le coup. On ne voulait pas qu’il s’agisse d’une rupture normale. On s’est donc dit : ‘Quelle serait la chose la plus triste qui puisse arriver ? Que le groupe aussi se sépare ? C’est donc de cela que parle la vidéo. »
Voilà, l’ambiance entre eux était tellement hardcore que le tournage du clip a failli ne pas avoir lieu. La veille encore, ils étaient sur le point de splitter mais ils ont finalement choisi d’y aller, voyant cette expérience comme une forme de thérapie collective. Le résultat ? Une vidéo qui capte l’essence même du morceau et les déchirements vécus par No Doubt à l’époque. Le clip se termine sur une séquence inversée où Tony replace l’orange dans l’arbre, un geste symbolique qui boucle la boucle narrative.
Manu : Et niveau réception ça a donné quoi ?
Le clip est un succès immédiat. Il devient l’un des plus diffusés sur MTV en 1996, se voit nommé pour le prix de la vidéo de l’année 97 aux MTV Video Music Awards et décroche finalement le prix de la Meilleure Vidéo de groupe. A l’heure où je vous parle, la vidéo compte plus d’1,1 milliard de vues sur YouTube. C’est vertigineux !
Ce que je trouve intéressant, pour terminer, c’est la manière dont No Doubt a retranscrit toutes ses failles visuellement dans sa pochette et dans ce clip. Entre la douleur de la rupture, les tensions internes et le triomphe international, Tragic Kingdom raconte l’histoire d’un groupe au bord de l’éclatement qui transcende ses blessures par le prisme de l’art, et ça non seulement c’est cathartique, mais c’est aussi assez puissant.
À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST
Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.
Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !
« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »
Manu, Fanny, Olivia et Grégoire
“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “