Madonna “Ray of Light”
(1998)
EN QUELQUES MOTS
Aujourd’hui on va vous parler de Madonna Louise Veronica Ciccone, plus connu sous le nom de Madonna. En 98, Madonna passe enfin à l’âge adulte. L’ex-Material Girl devient maman, découvre Londres, pratique le yoga et s’entoure de la fine fleur de la musique électronique pour entamer ce qui s’annonce être une révolution.
Avec “Ray of light” Madonna prend tout le monde de court. De “Substitute for Love” à “The power of goodbye” en passant par “Ray of Light” et “Frozen”, elle nous embarque pour un voyage à la fois spirituel et musical, rock et techno. L’album va s’écouler à plus de 20 millions d’exemplaires et remporter non pas un mais 3 Grammy Awards !
La Queen of Pop signe son grand retour au sommet de charts et va marquer la musique pop pour une décennie supplémentaire. On ne compte plus d’ailleurs le nombre d’artistes qui citent aujourd’hui cet album comme influence : Adèle, Lady Gaga, Alison Goldfrapp ou encore FKA Twigs.
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Retour en 1998
Voilà pour les 13 titres de Ray of Light. Il y a 13 titres, et pas un de plus parce que le chiffre 13 ça porte bonheur. Sauf au Japon quand même, eux ils ont droit à un titre bonus qui s’appelle “Has to be” vous écouter sur internet c’est une ballade planante de 5 min.
L’album sort le 2 mars 1998 un peu partout dans le monde et en avant-première 15 jours plus tôt au Japon ! Il sort en CD, Cassette, Vinyle et MiniDisc chez Maverick, le label fondé par Madonna au début des 90s. C’est le label de Deftones, Muse et Alanis Morissette d’ailleurs.
Alors 1998, c’est un excellent cru pour la musique, et l’explosion de la musique électronique en Europe. On a déjà parlé dans Radio K7 de quelques uns de nos disques préférés comme “Mezzanine” de Massive Attack, “You’ve come a long way, baby” de Fatboy Slim, “Moon Safari” de Air… C’est également l’année de “The Miseducation” de Lauryn Hill, “Clandestino de Manu Chao” et de “Panique Celtique” de Manau.
A part ça, en France on fête pendant tout l’été la victoire des Bleues en Coupe du Monde sur “I will survive”. On va voir et revoir Titanic de James Cameron (moi je l’ai vu 3 fois au ciné), on découvre Garou dans Notre-Dame de Paris et c’est aussi l’année de la première techno parade ! 200.000 ravers lâchés pour la première fois en plein Paris. C’était dément !
La story de Madonna
Manu : Aller on va revenir maintenant sur l’histoire de Madonna, et c’est à toi Olivia que revient le défi de résumer 20 ans de carrière de Madonna, THE queen of pop, aller… en moins de 20 min. C’est pas facile, comment tu te sens ?
Olivia : Je savais que ce jour finirait par arriver mais on n’est jamais tout à fait prêt. Un épisode Radio K7 sur Madonna ? La responsabilité est immense.
On s’attaque aujourd’hui à à une icône, que dis-je, une légende !
Manu : Une putain de légende parce que Madonna a vendu à elle toute seule 400 millions de disques, c’est l’artiste féminine qui a vendu le plus de disques de l’histoire !
Oui et c’est aussi l’artiste solo au monde qui aurait rapporté le plus d’argent grâce à ses tournées de toute l’histoire de la musique, avec tenez-vous bien : 1,3 milliard de dollars devant Bruce Springsteen et Elton John ! Déso !
Mais petit retour en arrière nous sommes au début des années 60 et Madonna n’est encore que « little Nonni », comme sa famille la surnomme ; juste une petite fille du Michigan, pur produit de l’American dream : son père est le fils d’immigrés italiens arrivés aux États-Unis en 1919. Quant à sa mère, elle est une descendante directe des Français du Perche qui ont migré au 17è siècle dans ce qui allait devenir le Quebec :. Madonna serait donc une lointaine cousine de Céline Dion et Xavier Dolan !
La légende raconte qu’elle débarque à New York à 20 ans avec 35 dollars en poche et un culot monstre. Elle enchaîne les petits boulots, dont celui de serveuse chez Dunkin’ Donuts.
Mais plus que ses petits boulots, ce qui nous intéresse, c’est qu’elle sera aussi batteuse puis chanteuse du groupe de punk Breakfast Club ! Je ne résiste pas au plaisir d’écouter le titre “Shit on the ground”, nous sommes en 1979 :
INSERT — Breakfast Club
https://www.youtube.com/watch?v=c6jBID2G-qM
Manu : C’est assez marrant parce que la même année 1979, Madonna fait régulièrement l’aller-retour entre un club de punk, le Max Kansas-City, et le dancefloor du Danceteria. 2 salles, 2 ambiances. Elle va même être une des danseuses de Patrick Hernandez, le gars qui a inventé le principe de vivre sur les royalties d’une seule chanson. C’est génial non ?
Début des années 80, elle décide de se lancer en solo, sur la scène du Dancetaria justement. Son premier album éponyme sort en 1983 : « Holiday », « Lucky Star », « Borderline »… Madonna enchaine les tubes et le disque se vend à plus de 10 millions d’exemplaires.
Je vous propose d’écouter son tout premier passage à la télé en France dans la célèbre émission H.I.P. H.O.P, diffusée sur TF1 et animée par Sidney. Extrait :
INSERT — H.I.P.H.O.P
https://www.youtube.com/watch?v=1JierVOpoLg
Manu : Mais c’est son deuxième album qui va vraiment la faire exploser à l’international. Like a Virgin, qui paraît fin 1984, s’écoulera à plus de 20 millions d’exemplaires à travers le monde, grâce aux singles Material Girl, Angel, Dress You Up et surtout Like a Virgin, titre très controversé mélangeant sous-entendus érotiques et références religieuses.
INSERT — Like a virgin
https://www.youtube.com/watch?v=4u6UkngBufI
La Madone devient rapidement LA référence en matière de provocation calculée. Crucifix, sous-vêtements portés comme des vêtements, vidéos censurées… Pendant sa tournée, le fameux Blond Ambition Tour, elle sera menacée d’arrestation par la police de Toronto pour avoir simulé un acte de masturbation sur scène. Elle sera aussi et évidemment particulièrement mal accueillie en Italie, dénoncée comme « hérétique et irrespectueuse » par le Vatican, qui critique un « spectacle d’une vulgarité sans limites ». Pepsi finit même par annuler un contrat publicitaire.
Madonna comprend très tôt que le scandale est la meilleure des publicités. Pendant que les bien-pensants s’étranglent, Madge rigole et encaisse les dollars.
Manu : Les années 90 démarrent sur les chapeaux de roues avec l’album « Erotica » et le fameux livre « Sex ». Là encore, Madonna pousse un peu plus loin encore les limites de la provocation, cette fois-ci jusqu’à mimer des actes sexuels avec Vanilla Ice ou Naomie Campbell !
Et le clip du single Justify My Love, dans la même veine, est interdit de diffusion sur MTV. Peu importe : Elle contourne cette interdiction en commercialisant le clip en VHS : la cassette s’écoule à plus de 200 000 exemplaires aux États-Unis et reste la vidéo musicale la plus vendue à ce jour.
Et puis arrive, le grand tournant de sa carrière en 1996 :
INSERT — Evita trailer
https://www.youtube.com/watch?v=DoFvMW9yfi8
Madonna incarne Eva Perron dans le film « Evita » d’Alan Parker et prouve au monde qu’elle est bien plus qu’une chanteuse de variété qui a eu de la chance. Elle rafle d’ailleurs un Golden Globe au passage ! La même année, elle donne naissance à sa fille Lourdes en octobre 1996.
S’en suit une profonde remise en question spirituelle.
Manu : En gros, Mado nous fait une petite crise de la quarantaine. Ce sera le point de départ de l’album dont on parle aujourd’hui “Ray of Light” !
INSERT — FRANCE 2 20H
https://youtu.be/bqL66M0QEoo?feature=shared&t=2105
Madonna qui se met au yoga et étudie la Kabbale, c’est le moove que personne n’avait vu venir !
Le projet Ray of Light démarre en mai 1997, quand Madonna contacte William Orbit. Choix audacieux : Orbit est alors connu pour ses productions électroniques expérimentales, très loin des sonorités pop habituellesl.
Les thématiques abordées sont inédites aussi. Madonna se fait plus authentique, elle rejette la célébrité au profit de l’amour vrai et pur. …
La sortie de Ray of Light en février 1998 provoque un séisme dans l’industrie musicale. Les critiques sont dithyrambiques. Le magazine Q parle d’un « chef-d’œuvre électro-pop qui redéfinit les contours du genre ». Rolling Stone lui accorde 4 étoiles, saluant « la métamorphose la plus réussie de Madonna à ce jour ». Même les publications plus alternatives comme Pitchfork reconnaissent la prouesse artistique.
Ray of Light, c’est l’album qui va venir réhabiliter l’image de Madonna. Jusque-là, elle était encore considérée comme une star de la pop qui avait su flairer les tendances. Avec ce disque, elle touche un tout nouveau public et prouve son talent artistique et productif.
Commercialement, c’est un triomphe : Avec 371 000 exemplaires vendus dès la première semaine, Ray of light entre au Billboard 200 américain directement à la deuxième place. Mais pourquoi seulement 2e me direz-vous ? Et bien parce qu’en face, il y a encore plus gros… un album titanesque. Le gros bateau de James Cameron empêche la queen Mado d’accéder à la première place.
Partout ailleurs, Ray of light se classe N°1 des ventes : au Canada, en Australie, au Royaume Uni, en Allemagne, Espagne et Italie : Au total ce sont plus de 20 millions d’exemplaires qui sont vendus à travers le monde !
Et ce n’est pas fini : aux Grammy Awards 1999, Ray of Light rafle trois récompenses majeures : Meilleur Album Pop, Meilleur Enregistrement Dance, et Meilleur Clip.
L’album offre à Madonna le premier Grammy musical de sa carrière, elle qui auparavant n’avait gagné que dans la catégorie vidéo.
Et au sommet de sa gloire, Madonna ouvre les MTV Video Music Awards en live à New York avec Ray of Light accompagné de Lenny Kravitz à la guitare. Nous sommes le 10 septembre 98 :
INSERT — Ray of light LIve MTV
https://www.youtube.com/watch?v=g-fWjZU673g
Manu : Ce soir-là, elle repart avec six prix sur neuf nominations. C’est un braquage !
Mais au-delà des chiffres et des récompenses, c’est l’influence de Ray of Light sur la pop music qui est colossale. L’album crée un nouveau paradigme : il devient possible de faire de la musique électronique sophistiquée tout en restant accessible au grand public.
Selon le Los Angeles Times « à part quelques percées occasionnelles comme Fatboy Slim, l’électronique n’était pas encore totalement mainstream lorsque Madonna sort Ray of Light ».
Des artistes comme Moby, Daft Punk ou Air vont bénéficier de cette ouverture à l’électro.
Et l’impact se fait sentir jusqu’à aujourd’hui : Lady Gaga le cite régulièrement comme une inspiration majeure. Björk elle-même reconnaîtra que l’album a « ouvert de nouvelles portes pour les expérimentations pop ». La chanteuse anglaise Adele désigne le disque comme « l’une des principales inspirations » pour son troisième album studio.
La fusion entre spiritualité et modernité électronique deviendra un trope récurrent de la pop music, de Goldfrapp à FKA Twigs. C’est toute une génération de pop stars qui adoptent une approche plus naturelle et spirituelle de leur image. L’authenticité bankable, et si Madonna avait aussi inventé ça ?!
Manu : Ray of light a aussi imposé une esthétique : dans une étude réalisée pour l’Université de New York, il a été observé que c’est probablement Ray of Light qui avait rendu la culture sud-asiatique accessible au public américain dans les années 1990. Les deux chercheurs, Rhonda Hammer et Douglas Kellner, précise d’ailleurs que « bien que Madonna n’ait pas lancé la mode des accessoires de beauté indiens […] c’est bien elle qui l’a propulsée sous les yeux du public en attirant l’attention des médias du monde entier »
25 ans plus tard, Ray of Light reste étonnamment moderne. L’album représente ce moment rare où une artiste au sommet de sa popularité prend un risque artistique majeur… et réussit son pari. Madonna a choisi de se réinventer complètement, prouvant qu’on pouvait être à la fois avant-gardiste et populaire, spirituel et sensuel, personnel et universel.
Selon, Madonna elle-même, Ray of Light, c’est l’évolution la plus épanouissante de sa carrière. Elle qualifie le disque d’« album Madonna par excellence » !
Manu : Franchement bravo Olivia. Applaudissement s’il vous plaît. Pas facile de résumer la story de Madonna…
Le making-of de "Ray of Light"
Manu : Allez, on part maintenant direction le studio, pour découvrir avec toi Greg le making of de l’enregistrement. On va se pencher sur le son de ce “rayon de lumière”, qui est décrit par toute la presse comme la “révolution électronique de Madonna”…
Greg : C’est vrai mais j’ai envie de mettre un petit bémol à cette affirmation, parce que le son de Madonna a toujours été éléctronique, fait quasi exclusivement de synthétiseurs et de boites à rythme….
Mais c’est vrai que cette fois-ci elle fait pas de la synth-pop on est plus proche de l’ambiant pop… si ça veut dire quelque chose, mais on va voir tout ça…
Manu : On est en 1998 et Madonna a 15 ans de carrière. 15 ans de tubes, comment est-ce qu’elle aborde ce nouvel album ?
C’est la question, après 15 ans de tubes, est-ce que tu arrives encore à être à l’avant garde de la musique, à être innovant ou alors est-ce que t’essaies de te maintenir à flot en collant à l’époque et en copiant ce qui marche
Vous pouvez vous faire un début d’avis vous même en écoutant ce petit medeley de Madonna à travers les âges.
Et moi je vous donnerai mon avis sur la question quand on aura plus d’éléments.
INSERT — Medley Madonna
Lucky star : 1983 synth pop
Material girl 1984 like a virgin synth pop
Papa don’t preach 1986 true blue synth pop
Like a prayer : 1989 synth pop
Son des 90’s Deeper and deeper 1992 erotica : house music
Secret : 1994 Bedtimes story : Rnb
On sort d’un album house et d’un album rnb il faut aller un peu plus loin…
Mado elle commence a travailler sur ray of light en 1997, elle dit qu’elle veut sonner vieux et nouveau à la fois
Étape 1 : elle retourne voir son Producer d’avant Babyface celui qui a fait son album rnb et ils font quelques chansons. Et finalement ça sonne trop comme l’album d’avant tout part à la poubelle
Etape 2 : elle va voir Rick Nowels, un mec qui a fait plein de chansons connues, genre avec Celine Dion et tout… ils font 7 titres : Y’en a 6 qui partent à la poubelle…
Etape 3 : elle contacte William Orbit parce qu’elle aime son son ambiant, trance, et puis un mec qui a bossé sur tous ses autres albums : Patrick Leonard.
Manu : Je sais pas si parle à tous le monde ce nom. Est-ce que tu peux nous rappeler qui c’est Monsieur William Orbit ?
De son vrai nom William Wainwright… Un musicien qui change de nom pour se faire appeler William orbite car il a de l’or…..au bout…… des doigts.
On écoute un peu de William Orbit : car un medley vaut mille mots..
INSERT — Extrait 2
Don’t look now 1984 https://www.youtube.com/watch?v=6piSnoWGtjo
Bassomatic 1990 https://www.youtube.com/watch?v=eVdR2RfXGUw
Strange Cargo 3 en 1993 qui sonne bien comme ça va sonner sur ray of light https://www.youtube.com/watch?v=VLBdwmpbcIs
Il fait un peu du madonna underground, 80’s ou 90’s
Fun fact : Orbit il a un peu bossé sur Pop Satori de Etienne Daho en 86 et puis il a aussi fait des remix de “Justify my love” et “Erotica”….Mais il a jamais rencontré Madonna.
Manu : Et comment ils se rencontrent du coup ?
William Orbit entend dire par un gars de Maverick que Madonna cherche du bon gros son, alors il envoie des DAT à Madonna.
5 jours plus tard, elle le rappelle, elle est motivée et elle veut travailler avec lui…. Pour preuve : elle a déjà commencé à travailler sur des paroles.
Qu’est ce qu’il y a sur les cassettes DAT ? Bah de la musique les amis… des démos bien avancées de drowned world, mer girl, entre autres…
Ils vont donc se rencontrer pour la première fois chez elle à NY, ils font une séance d’écoute, et le lendemain ils réservent une journée au studio Hit factory. Sympa les vacances à NYC.
Ils déroulent les morceaux ensemble, elle chante pour la première fois devant lui et ils en profitent pour poser des bouts de voix… Mais surtout il font déjà un programme de ce qu’ils vont faire.
L’emploi du temps va être bien rempli, Orbit commence par retourner à Londres pour aller
chercher ses synthés : ms20 Kong, dx7, novation Bass, un sampler akai genre mpc. plein de trucs de Roland dont le Juno 106 principalement. (Sorti en 84) donc déjà pas mal utilisé par Madonna.
Le chef d’orchestre de ces synthés c’est le logiciel bien connu Cubase qui tourne sur un ordinateur Atari ST de 1985….
En passant dans le studio les gens se foutent de sa gueule avec son vieil ordi… Il est tellement vieux qu’un jour il prend réellement feu… Donc ça retarde l’enregistrement.
Manu : Comment ça se passe en studio avec Madonna ? ça doit être l’enfer de bosser avec elle, non ?
Visiblement pas trop, elle a envie de bosser avec les gars, elle veut trouver un son, mais en revanche elle veut que ça aille vite. Et là ils vont passer 4 mois en studio à LA et visiblement elle a jamais passé autant de temps.
Ils sont que 3 autorisés dans le studio : Madonna, Orbit, et l’ingénieur du son Pat macCarthy. Ils doivent travailler vite, parfois il zappent des idées et passent sur d’autres trucs.
Madonna disait : garde un peu les choses brutes, pas trop parfaites.
Manu : J’ai entendu dans une émission de Valli sur France Inter que Madonna elle avait des horaires de boulot super stricts. C’était genre 10h-17h30 parce qu’après elle allait retrouver la petite Lourdes. Pas vraiment les horaires habituelles d’un garçon comem William Orbit qui a l’habitude de passer des semaines sur une boucle de synthé…
Bon et qui fait quoi sur l’album ? parce qu’il y a du monde aux crédits.
Organisation
Les paroles souvent c’est Madonna qui les écrit : ça va pas hyper loin non plus si vous traduisez Frozen…
Patrick léonard lui c’est les mélodies, avec Madonna bien sur, et les arrangements des cordes.
Oribit c’est tout le reste, les machines et le son, des synthés sequencés avec une pulsation; des boites à rythmes, mais aussi les guitares qui ont un rôle énorme dans cet album.
Le tout avec un petit soupçon de trance anglaise, sans oublier les touches orientales, indiennes…
Bon alors je connais pas toute la vie de william Orbit, mais à mon avis il a fait le summer of love 89 en angleterre et y’a un moment ou il a du trainer à GOA.
Bref..
Une fois les chansons composées y’a Marius de Vries et Craig Armstrong, deux compositeurs, programmeurs, fignoleurs qui ont tous les deux bossés avec massive attack qui vont donner un dernier coup de pinceau pour aider cette petite entreprise…
En général l’équipe fait plusieurs versions des morceaux, plusieurs mixs.
Mais on sait aussi que parfois ils ont gardé des versions décrites comme « pas finies » Parce que Madonna estime que le morceau avec ses défauts a atteint une sorte d’apothéose, et qui si il était parfaitement mixé il perdrait un bout d’âme alors ils s’en contentent.
Y’a pas mal de versions démos, des versions intermédiaires, qui trainent sur le net : je vous en fait écouter
Version demo de William orbit : ça me fait penser à du Trent reznor NIN
INSERT — Extrait 3
https://www.youtube.com/watch?v=u86fVnojtvA
Je vous propose maintenant d’écouter quelques pistes isolées de l’album.
Alors oui j’ai des contacts dans la musique, j’ai décroché mon téléphhone et j’ai appelé William Orbit, et je lui ai dit voilà pour un podcast j’aimerais bien que tu m’envoies les multipistes William.
Il a dit pour Radio K7 j’adore ce podcast mais surtout ne les fais pas fuiter
On va donc pouvoir écouter un petit bout de frozen…
INSERT — Mutitrack Frozen
- la belle voix de madonna,
- la basse synthé.
- je vous passe les details mais là il faut écouter les cordes
- Cordes : master oeuvre de Leonard
- le synthétiseur Juno avec un écho en rythme : c’est pour moi le son caracteristique de william orbit
- Pas de batterie juste une petite percu…
Bref quand on plonge dans la trentaine de pistes du morceau : on se rend compte qu’il y’a plein de couches de synthés et de cordes et que tout est beau
Je vous propose d’écouter vite fait les pistes de ray of light si on a le temps.
Encore une fois Orbit utilise vraiment tous les sons classiques de l’époque, Principalement des machines du constructeur Japonais Roland, qui finalement est pour moi le vrai architecte de l’éléctro vu que tout le monde utilisait ça… Vous allez peut être en reconnaître certains.
INSERT — Multitrack Ray of Light
- On commence par des nappes de synthé encore au mythique juno 106 de Roland
- Des belles guitares jouées visiblement par william Orbit lui même
- Synthé Pulsation filtrée : typique de l’acid house ou de la trance : probablement fait avec une TB 303, ça y ressemble en tout cas.
- La batterie : encore la classique TR909 la boite utilisée par tout le monde de daft punk à ace of base…. le pattern ne change pas beaucoup mais ça marche.
- Basse surprenante : Pour moi c’est encore du Roland le SH101 et vous entendez y’a de la neige dessus : mais avec tout le reste on entend plus qu’elle est bizarre
INSERT — All saints Pure shore
Pour ceux qui se souviennent peut être que la BO de la plage va leur rappeler quelque chose : oui c’est William Orbit qui surfe à juste titre sur sa vague et qui fait un titre qui ressemble pas mal à Ray of light.
Mon avis sur la question du début : Elle a pris des risques : elle a pas uniquement suivi la mode, disons qu’elle l’a suivie mais qu’elle a osé Collaborer avec orbit qui d’habitude fait pas de la musique pour passer chez drucker….
Elle en a finalement réalisé un truc nouveau avec sa touche.
Elle aurait pu refaire un album rnb, electro, Britney ou je sais pas quoi..
D’ailleurs l’album d’après est plus mainstream avec Music, ca fait plus French touch ou electro pop je sais pas quoi.. Mais sur cet album elle a vraiment inventé un truc : l’ambiant pop peut être, et y’en a pas bcp qui en ont fait derrière elle…
Manu : Tu as raison de le dire, avec va continuer dans la même veine et va toujour essayer de s’associer aux meilleurs. Elle avait contacté Massive Attack pour cet album, mais sans succès pour le suivant “Music” elle demande aux groupe Air, rebelote et elle se tourne du coup vers le musicien Mirwais avec qui elle va collaborer et signer des titres ultra electro, d’ailleurs c’est aussi elle lance la mode de l’auto-tune, elle va vraiment s’en emparer !
Merci Greg pour tes recherches. Avant de passer le micro à Fanny j’avais une anecdote marrante sur Ray of Light : est-ce que vous saviez que l’album avait été interdit à la vente ? Pourquoi ?
C’est au cause d’un type qui s’appelle Fabrice Prévost. Il a attaqué Madonna en justice en 2004 et le mec a gagné ! On vous explique tout sur la Radio Télévision Suisse francophone. (Toi même tu sais Olivia) Nous sommes en novembre 2005.
INSERT — JT RTS
https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/un-tube-de-madonna-plagiat-dune-chanson-belge-interdit-par-un-tribunal?urn=urn:rts:video:1554236
Manu : Bon, c’est pas hyper flagrant. Et au bout de 9 ans, un autre tribunal s’est dit que quand même c’était peut-être juste une coïncidence en fait ! Et David Prevost a été débouté : La mélodie ne serait pas suffisamment originale selon le nouveau jugement puisque qu’on la retrouve dans d’autres chansons. Fin de l’histoire.
L'univers visuel de Madonna
Manu : Allez, je me tourne vers toi Fanny, pour que tu nous racontes ou plutôt que tu essaie de nous résumer l’univers visuel de Madonna. Pas facile hein parce c’est un peu une encyclopédie vivante de la mode : chaque époque de sa carrière est un chapitre. Du coup dis-nous Fanny, il raconte quoi le chapitre Ray of Light ?
Fanny : Depuis ses débuts, Madonna a constamment fait évoluer son image. Dans les années 80 c’est la provocante Material Girl qui bouscule les conventions avec des looks sexy et décalés : dentelle et porte jarretelle, boucles d’oreilles en forme de crucifix et cheveux décolorés en bataille. Au début des années 90, elle s’assume en sex-symbol, jouant avec l’imagerie SM et les tabous lors de son Blond Ambition Tour puis sur des projets comme Erotica ou Sex. C’est l’époque de l’iconique corset Jean-Paul Gauthier aux seins coniques et… des nombreuses polémiques.
Mais à la fin des années 90, tout change ! Madonna approche alors de la quarantaine, elle vient d’être maman pour la première fois et adopte une image plus sobre, tournée vers la spiritualité et la quête de soi. Dans un article sur le site de Rolling Stone, elle décrit cette période comme un processus de dévoilement :
« Les gens sont obsédés par l’idée que je me réinvente sans cesse, [mais] je préfère penser que je me révèle petit à petit. J’ai juste l’impression de me rapprocher de l’essence de qui je suis vraiment ».
Manu : Et pour accompagner cette transformation, elle va faire appel au photographe péruvien Mario Testino !
Oui, Testino est aujourd’hui un très grand nom de la photo de mode mais à l’époque, il galérait total et c’est Madonna qui va faire de lui une star. Leur première collaboration remonte à 1995, avec une campagne pour Versace dans laquelle Testino avait dévoilé une Madonna plus naturelle, loin des paillettes habituelles. Impressionnée par son approche, Madonna l’a rappelé pour orchestrer sa nouvelle mue. C’est donc lui qui signe toutes les photos de l’album Ray of Light, et du single Frozen qui sera le premier à sortir.
Sur la pochette niveau looks, la styliste Lori Goldstein a opté pour des matières rappelant les éléments de l’air et de l’eau. Madonna, vêtue d’un imperméable en vinyle turquoise Dolce & Gabbana, se fond dans un bleu intense. La peau bronzée, les cheveux blonds ondulant dans le vent, elle est au top de sa beauté, à la fois radieuse et puissante.
La séance photo a lieu le 28 novembre 1997 à Miami dans une ancienne salle de ciné, le Paris Theater, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle donne du fil à retordre à Mario Testino, qui n’est pas habitué à ce genre de commande, comme il le raconte dans un post Instagram publié en 2020 :
« Le début du shoot n’a pas été fluide. Madonna voulait terminer à l’heure du déjeuner, mais j’avais l’impression de ne pas avoir l’image de couv. Je l’ai convaincue de rester un peu plus longtemps et ça a bien fonctionné car toutes les photos qui ont été utilisées sont celles que nous avons prises à ce moment-là !
Les bonnes photos ne sont pas faciles à obtenir, surtout lorsque vous essayez de faire quelque chose de grand pour une icône. Madonna a une influence énorme et certains d’entre nous ont eu la chance qu’elle nous pousse à faire de grandes choses. »
Manu : L’image de la maman blonde épanouie qu’on voit sur la pochette, il me semble va vite évoluer…
Et oui, car Madonna est un vrai caméléon, c’est une époque où son image reflète largement son intérêt pour le mysticisme et les cultures orientales. De sorcière yogi dans Frozen aux kimonos rappelant les geishas japonaises dans Nothing Really Matters, Madonna joue avec des symboles puissants pour incarner sa quête spirituelle. Malheureusement je ne vais pas pouvoir tout analyser dans le détail sinon cette émission va durer 2h, mais je vous propose tout de suite de se plonger dans son clip le plus marquant de cette ère, celui tourné pour le titre Frozen.
INSERT ̶ FROZEN
Frozen est un chef-d’œuvre visuel qui a marqué un tournant dans la carrière de Madonna. C’est probablement l’un de ses clips les plus énigmatiques et vu sa dimension dark, moi je dirais que c’est aussi son plus Mylène Farmeresque !
Le clip a été réalisé par l’excellent Chris Cunningham, dont on a déjà parlé dans nos épisodes sur Björk et Aphex Twin. C’est d’ailleurs après avoir vu le clip de Come to Daddy d’Aphex Twin que Madonna l’a recruté. On y voit Madonna, toute de noir vêtue et arborant de longs cheveux noirs, errer comme une créature surnaturelle dans un désert bleuté glacial. Enfin je dis Madonna, mais je devrais plutôt dire Veronica Electronica car c’est ce personnage, qui est son double mystique et un peu flippant qu’on voit dans la vidéo.
Manu : Ah tiens, encore un clip des nineties tourné dans le désert…
Et oui, c’est un running gag dans Radio K7, on va pouvoir ajouter ce clip-là aussi à la liste ! Le tournage s’est déroulé début janvier 1998, à Cuddeback Lake, un lac asséché dans le désert de Mojave (mo-ra-vi) en Californie. Madonna avait initialement pensé à l’Islande pour le tournage mais craignait de se cailler les miches. Malheureusement, à en croire son témoignage sur MTV, elle n’avait pas prévu que le désert californien aussi serait plein de surprises :
« On est arrivés là-bas et il faisait -20°, un froid glacial. J’étais pieds nus pendant toute la vidéo, puis il a commencé à pleuvoir des cordes et tout le monde est tombé malade, ce qui s’est avéré être une expérience misérable ».
Manu : ça c’est pas de bol ! Et en termes de scénario, ça raconte quoi ?
Il n’y a pas vraiment d’histoire. Mais une succession de plans qui traduisent l’éveil spirituel de Madonna. Ce mysticisme transparaît à travers chaque détail, comme le bracelet rouge à son poignet qui signifie son appartenance à la Kabbale. Ses mains sont couvertes de tatouages mehndi au henné et sur sa paume est tracée la syllabe Om (ou Aum) qui est le signe le plus sacré de tout l’hindouisme. Tout dans le clip de Frozen – les gestes, les éléments naturels, la musique – retranscrit l’idée d’une quête intérieure. Prenons par exemple les éléments : l’air, la terre et l’eau, omniprésents. Madonna se transforme littéralement en ces forces naturelles : elle devient une nuée de corbeaux puis un doberman, se dissout en un liquide sombre, puis se fige à nouveau dans sa forme humaine. Ce cycle de destruction et de création illustre les concepts kabbalistiques de transformation et de renaissance spirituelle.
Manu : Je comprends mieux ses mouvements, alors. J’ai l’impression qu’ils ressemblent à une danse sacrée.
Oui tu as totalement raison. Les mouvements lents de la prêtresse Veronica Electronica évoquent des rituels, des prières, presque comme des invocations entre chamanisme et sorcellerie.
La chorégraphie de Frozen s’inspire de la danseuse et chorégraphe américaine Martha Graham, dont les mouvements privilégiaient l’expressivité, l’émotion brute et la connexion au sol.
Outre Martha Graham, le clip de Frozen est en fait un patchwork de plein de sources d’inspiration : la collection printemps/été 98 de Jean-Paul Gauthier dont elle porte ici plusieurs longues robes noires et colliers, les films ‘Le Patient anglais’ d’Anthony Minghella et ‘Un thé au Sahara’ de Bertolucci mais aussi la peinture préraphaélite de l’Angleterre victorienne (allez voir par exemple Proserpine de Dante Gabriel Rossetti ou Borée de John William Waterhouse, vous comprendrez).
Manu : Là, on est dans un univers visuel ultra sombre. Est-ce qu’on peut le qualifier de gothique ? de ethno-gothic ou de gothique-chic ?
Alors c’est drôle que tu demandes ça, parce que dans une vidéo du making-of du clip, le journaliste de MTV qui interview Madonna la traite justement de gothique, écoutons sa réponse :
INSERT ̶ On the Set of Madonna’s “Frozen”
– Rentrons, je suis en train de prendre un coup de soleil ! Je suis censée être pâle et avoir un teint de mort dans cette vidéo !
– Un peu gothique !
– Ouais… non ne dites pas gothique, ça ne va pas du tout plaire au réalisateur !
Déso mais pour moi c’est 100% gothique, on me fera pas dire le contraire ! Dans Frozen, Madonna nous offre une performance visuelle et physique qui transcende les simples concepts de pop ou de vidéoclip. Elle nous invite carrément à une expérience spirituelle, une méditation en mouvement depuis notre canapé. Et ça c’est complètement inédit de sa part !
Manu : J’ai un fun fact sur Frozen, pour la promo du clip, le label a envoyé une “Frozen box” à quelques, une boîte isotherme qui contenait un CD avec la vidéo, lui même pris… dans un bloc de glace ! Il a donc fallu faire fondre la glace ou la briser pour accéder au précieux graal… marrant non ?
Ce qui est ouf, Fanny avec Frozen, c’est que dans son clip d’après, elle va switcher complètement de mood ! Elle est un peu difficile à suivre…
Oui, à peine 3 mois plus tard en mai 98 sort le clip de Ray of Light, réalisé par Jonas Åkerlund. Et là, on passe de l’austérité mystique au chaos urbain. Le clip, tourné en time lapse, montre une journée frénétique sur Terre : des embouteillages, des néons, et une Madonna redevenue blonde qui danse comme si elle venait de boire dix Red Bulls. C’est une explosion d’énergie et de vitesse, une prouesse visuelle qui capture le rythme effréné de la vie moderne. Jonas Åkerlund a même avoué avoir mis Madonna à rude épreuve : deux jours en studio à la filmer en train de danser comme une folle !
Le clip est souvent comparé au film Koyaanisqatsi, un classique du cinéma expérimental sorti en 82 qui montre, lui aussi, des images accélérées de la vie quotidienne. Åkerlund s’en est inspiré pour donner cette impression d’une humanité prise dans un cycle effréné, presque absurde.
Ça c’est pour la version officielle. Et pour la version officieuse, car évidemment derrière toute grande idée, il y a un gros plagiat : disons que Ray of Light ressemble très fort au clip de ‘Non è mai stato subito’ du chanteur italien Biagio Antonacci. Je vous laisse aller constater ça par vous-même !
Manu : Mais non pas encore ! C’est pas possible elle nous pompe tout celle-là ! Pour terminer Fanny, le public et la critique ils ont accueilli comment ces 2 clips de Madonna ?
Écoute, c’est le carton plein ! Frozen reçoit le trophée des Meilleurs effets spéciaux aux MTV Video Music Awards de 1998. Ray of Light reçoit lui 5 récompenses dont Meilleure vidéo de l’année et Meilleur réalisateur. Ça fait 6 trophées en 1 soirée. Plus un Grammy du Meilleur clip la même année. Autant vous dire qu’en 98 la Mado est au top du top de sa carrière, et je vais m’arrêter là pour aujourd’hui parce que que dire de plus ? Elle a plié le game de la pop.
À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST
Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.
Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !
« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »
Manu, Fanny, Olivia et Grégoire
“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “