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Mariah Carey « Merry Christmas »

(1994)

EN QUELQUES MOTS

C’est l’une des plus grandes divas du monde, sa voix hors norme couvre 5 octaves, ses jambes sont assurées pour un milliard de dollars… Dans cet épisode, on va vous parler de Mariah Carey ! Make my wish come truuuuuue…

En 1994, après 3 albums et quatre années de folies en tête de tous les classements, Mariah Carey est bien décidée à se faire kiffer ! Elle a l’Amérique à ses pieds et relance à elle seule la hype de la chanson de noël. Elle reprends les standards, de “Silent night” à “Joy to the world” en signant au passage un inédit qui deviendra LE méga tube de sa carrière “All I want for Christmas is you”.

25 ans plus tard la diva à réussi à faire main basse sur cette fête familiale : elle débarque tous les ans dès le 1er novembre et détient maintenant le record de la plus forte présence dans les charts de Noël. Maintenant c’est officiel : Santa Claus a choisi Mariah comme bras droit !

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Retour en 1994

Voilà pour les 11 titres originaux de ce Merry Christmas ! 11 titres pour tout le monde même pour les japonais. D’ailleurs j’ai noté un truc marrant : sur le tracklist japonais il font croire qu’il y a 10 titres + 1 bonuus track exclusif !

Ce sont des génies du marketing je vous l’dis ! C’est donc le 4ème album de ‘Marayah’ comme dirait le journaliste Olivier Cachin. Il sort le 1er novembre 19 cent 94 en Cassette, CD, vinyle et MiniDisc chez Columbia.

Pour se remettre un peu dans le contexte les 90s c’est carrément l’âge d’or du RNB. En 94 le genre prend de l’ampleur avec “My Life” de Mary J Blige, “Crazysexycool” de TLC ou encore le deuxième album des Boys II Men. En France, le RNB n’est pas encore à la mode — d’ailleurs on ne dit pas encore “RNB” on appelle ça du “Groove” sur Fun Radio — il faudra attendre l’année suivante pour que le RNB devienne réellement mainstream ici grâce à “Dieu m’a donné la foi” d’Ophélie Winter. En tout en novembre 1994 elle présente le Hit Machine pour quelques mois encore en compagnie de Yves Noël…

La story de Mariah Carey

Olivia Godat : Mariah Carey naît en 1969 ou 1970 (parce que quand on est une vraie diva, on ne donne jamais son âge !) à New York, d’un père afro-vénézuélien et d’une mère d’origine irlandaise.

Sa mère, donc, est chanteuse d’opéra de formation et elle l’initie au chant dès ses trois ans. Le divorce de ses parents, les problèmes financiers et le racisme qu’elle subit étant issue d’un mariage mixte la poussent à se réfugier dans la musique. Ado, elle devient choriste pour des sessions de studio.

La suite de l’histoire est digne d’un conte de fées : à 19 ans, elle réussit à s’incruster à une soirée show business et tend sa démo à Tommy Mottola, le grand patron de Sony. Au retour de la fête, il l’écoute dans sa limousine. D’ailleurs nous aussi on va l’écouter tout de suite, tiens :

Insert – démo (extrait)

Donc Tommy est sous le charme et décide de la signer immédiatement. Il met tout de même 2 semaines à la retrouver pour lui proposer un contrat. Il finit même par l’épouser en 93.

Et telle une Cendrillon du ghetto, Mariah Carey sort à tout juste vingt ans son premier album, sobrement appelé Mariah Carey, qui se classe numéro un des charts et remporte deux Grammy awards. C’est le début d’une longue série de succès. Elle enchaîne les tubes : « Vision of Love », « Love Takes Time », « Someday, I Don’t Wanna Cry », “Can’t let go” ou “Emotions” le fameux titre où elle chante comme un dauphin. Extrait :

INSERT — EMOTION

et puis bien sûr il y a “Hero” en 1993 qui va la faire exploser à l’international, notamment en France.

INSERT — HERO

Au début des années 1990, personne ne gère le hit parade, le brushing, le jeans taille basse et les 5 octaves comme Mariah Carey. Mariah plaît à tout le monde. Elle cultive son côté diva et en rigole même. On dit d’elle qu’elle ne se lave que dans des baignoires remplies d’eau minérale, elle répond qu’elle préfère les bains de lait ! On dit d’elle qu’elle demande la présence de vingt chatons blancs lors de l’inauguration d’un magasin, elle répond qu’elle n’est pas mémère à chats. On aime Mariah pour sa musique mais aussi pour son caractère de diva bitchy.

Manu : Mais revenons à l’année 1994. Mariah est au pic de son succès, elle a déjà deux albums à son actif et sa maison de disques lui propose un disque de Noël.

Au début, Mariah ne comprend pas. L’album de Noël est un passage obligé dans la carrière d’une star américaine, mais en général ça arrive plus tard, quand ta notoriété est déjà bien installée et surtout que tu es en fin de contrat avec ton label mais que tu lui dois encore un album. C’est souvent l’album un peu bouche-trou. Celui qui ne demande pas trop trop de travail. Le faire si tôt dans une carrière, ça ne s’est jamais vu ! Mariah accepte mais elle sait ce qu’elle veut : elle ne reprendra pas des chants classiques, elle ne veut pas de ces chansons tombées dans le domaine public. Elle veut écrire ses propres chansons.

Et c’est une grosse prise de risques ! Car les classiques restent les classiques, ils sont liés à nos souvenirs, à l’enfance. De nouvelles chansons n’auront pas le même poids émotionnel, c’est évident ! Et de là à en faire un hit … ! C’est pourtant ce qu’il va se passer pour la chanson « All I want for Christmas is you » !

INSERT — ALL I WANT…

Pour écrire les paroles, Mariah décide de parler de Noël évidemment mais surtout de cette histoire d’amour perdue dont le retour serait même mieux que tout ce qu’elle pourrait recevoir en cadeau. C’est un chant de Noël qui devient une chanson d’amour. Et inversement. L’idée, c’est d’en faire un classique. Comme si on l’avait entendu toute notre enfance.

Manu : Et ça marche, c’est un énorme carton : la chanson rentre directement à la 12e place du top charts radio.

Incroyable ! Les critiques applaudissent “All I Want for Christmas Is You”. Pour le journal le “Chicago Sun-Time”s, c’est : « l’un des derniers grands ajouts de la musique pop de Noël ». La chanson rencontre du succès en Australie, Japon, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni. Elle devient la 19e chanson du xxe siècle la plus téléchargée, la chanson de Noël la plus vendue. Selon The Daily Telegraph, il s’agit de la chanson de Noël la plus populaire de la décennie au Royaume-Uni. Rolling Stone positionne la chanson à la quatrième place de la liste « Greatest Rock and Roll Christmas Songs ».

Le 24 novembre 2019, la chanson obtient trois records dans le Livre Guinness des records comme étant la chanson de Noël la plus vendue de tous les temps, la chanson la plus écoutée sur Spotify, ainsi que la chanson de Noël étant classée le plus de fois n°1 en Angleterre.

En 2000, la chanson renaît encore grâce à un nouveau remix nommé So So Def Remix, avec de nouvelles paroles et un son plus urbain grâce au featuring de Jermaine Dupri et Bow Wow. Et puis, il y a aussi la reprise avec Justin Bieber en 2011. Mariah en mode mère Noël cougar sous le sapin, qui rigole très fort au blagues de Justin en caressant son chien. Chaleur !

INSERT — Justin Bieber
[INSERT] https://www.youtube.com/watch?v=fGFNmEOntFA

Manu : Mais ce qui est encore plus fort, le véritable tour de force, c’est que ça recommence chaque année : dès le mois de novembre, « All I want for Christmas is you » remonte au top des classements.

Et c’est toujours un succès. Il y a eu évidemment la BO du film « Love Actually » qui a relancé la machine en 2003. Mais le phénomène ne retombe pas : la chanson va même prendre la tête des meilleures ventes de singles aux USA, pour la première fois le 16 décembre 2019. Soit 25 ans après sa première sortie ! Ça n’était pas arrivé depuis 60 ans pour une chanson originale de Noël !
Un record, donc mais surtout une belle opération pour Mariah ! Elle aurait déjà empoché plus de 60 millions de dollars de royalties.

Mariah a tout simplement cassé le game du chant de Noël. Elle fait désormais partie du Noël de millions de personnes à travers le monde, au même titre que la dinde aux marrons, la bûche de chez Picard et le vieil oncle raciste super gênant.

Noël, c’est devenu sa marque. Et tant pis pour le gros barbu en rouge. La queen du sapin, c’est Mariah : Elle en a fait des compils, un film d’animation, des livres pour enfants (vendu à plus de 750 000 exemplaires aux USA), des goodies… En 2010, elle sort un deuxième album de Noël, « Merry Christmas II You », et depuis 2014, elle donne des tournées « All I Want for Christmas Is You » un peu partout dans le monde.
Bref, de début novembre à fin décembre, Mariah vit sa meilleure vie !

Le making-of de "Merry Christmas"

MANU / C’est parti avec toi Grégoire pour les coulisses de Merry Christmas, un album qui s’inscrit dans la longue tradition des albums de Noël..

Grégoire Sauvage : Oui Manu, aux Etats-Unis, chanter Noël est une longue histoire. De Nat King Cole à Bob Dylan, des Jackson 5 à Michael Bublé en passant par Frank Sinatra ou encore Céline Dion, la liste des artistes qui ont chanté la magie des fêtes de fin d’année est aussi longue qu’une lettre au Père Noël.

Même si Mariah Carey se défend bien dans cette catégorie, elle est encore loin de battre le King, Elvis Presley et son Elvis’ Christmas Album, sorti en 1957, l’album de Noël le plus vendu de tous les temps.

L’autre boss de Noël, c’est Bing Crosby. Le chanteur américain a largement popularisé le genre dans les années 1940 avec White Christmas, qui est par la suite devenue la chanson la plus vendue de tous les temps selon le Guinness des Records avec pas moins de 50 millions de copies du seul single écoulées dans le monde.

Bing Crosby reste aussi célèbre pour son interprétation de Santa Claus is coming to town, un classique de 1934, devenu incontournable pour qui veut chanter Noël, on fait le grand écart avec la version chanté par Bing Crosby et son swing léger comme une brise du mois de décembre et celle de Mariah Carey avec ces arrangements 90s, un brin dégoulinant mais une jolie trouvaille rythmique avec ce contre-temps sur le refrain, ça change un peu des versions traditionnelles

INSERT — Santa Claus is coming to town

Manu/ On vient d’entendre cette reprise de Santa Claus is coming to town et des reprises il y en a pléthore sur l’album…

On y retrouve des cantiques de Noël comme O Holy Night, alias Minuit Chrétien, mis en musique par le Français Adolphe Adam en 1847, c’est un disque également avec une forte identité Gospel et soul, très influencée par les productions de la Motown et du producteur Phil Spector, Exemple avec cette reprise de Baby Please Come Home, de Darlene Love, extrait d’une compilation de Noël signée du producteur déchu, sortie en 1963, A christmas gift from Phil Spector. On écoute l’original et on enchaîne avec la version de Mariah.

INSERT — Baby please come home

Manu / Et alors Grégoire, comment il a été enregistré cet album de Noël ?

Mon cher Manu, il a été enregistré en plein été, pendant les premiers mois de l’année 1994, à la Hit Factory de NYC. C’est pas encore Noël à ce moment-là mais on a pris soin d’installer un sapin dans la salle de contrôle pour faire souffler l’esprit des fêtes de fin d’année sur cet enregistrement.

Pour apporter de l’authenticité aux chants d’église qui composent une bonne partie du disque, on fait appel à Loris Holland, un compositeur, producteur et claviériste d’origine guyanaise, je vous le donne en mille, il a également mis la main à la pâte sur Grace de Jeff Buckley, et ce monsieur a également la particularité d’être le directeur musical de la Brooklyn Pilgrim Church, plutôt malin d’embarquer ce genre de profil pour chanter la magie de Noël.

Autre personnage clé de l’album, Dana Jon Chappelle, l’ingénieur du son en charge de bichonner la voix de Mariah Carey, c’est l’un des hommes de l’ombre qui va accompagner la diva pendant toute sa carrière.

Manu/ Mais le grand manitou de Merry Christmas, c’est le producteur et compositeur Walter Afanasieff

Complètement, c’est la tête pensante du disque, il co-signe avec Mariah la quasi intégralité des titres et il va accompagner la chanteuse tout au long de sa carrière. Walter Afanasieff, il fait partie de ces gens très peu connu du grand public, un peu comme alors que l’on connaît tous son travail, un peu David Foster dont a parlé sur notre épisode Withney Houston. Ce Walter Afanasieff, il a bossé avec Barbara Streisand, Michael Jackson encore Céline Dion pour laquelle il a co produit le célèbre My Heart Will Go On, extrait de la BO de Titanic.

Mais évidemment le grand fait d’arme de sa carrière, c’est ça :

INSERT — intro all i want

All I want for Christmas is You, un titre composé à quatre mains, né d’un ping pong musical lors d’une session de travail à New York entre Afanasieff au piano et Mariah Carey à la voix, l’idée est alors de créer un morceau au tempo rapide dans la veine des productions de Phil Spector avec comme point de départ la célèbre mélodie au début de chaque couplet, un cocktail gagnant que nous décortique Walter Afanasieff himself

INSERT WALTER ITV “Les arrangements sont très simples sur ce morceau, à tel point que je trouvais ça même un peu simpliste et je n’aimais pas trop ça parce que les musiciens savent que (…) on dirait des exercices pour s’échauffer la voix.

A partir de cette mélodie, on a construit, étape par étape, un morceau dans la pure tradition rock n roll sur quatre accords…
ET je pense que tout cela a permis au morceau d’être apprécié dans le monde entier, les gens se disaient “mais en fait je ne peux pas me l’enlever de la tête!”.

Le génie de Mariah Carey, ce sont aussi les paroles.
Selon moi, il s’agit de la seule chanson de Noël au tempo rapide qui parle d’amour et les gens adorent cette chanson positive et que n’importe qui peut chanter pour quelqu’un qu’il aime, que ce soit un père pour sa fille ou un mari pour sa femme : “tout ce que je souhaite à Noël, c’est toi”

Et donc après cette session de travail d’anthologie, Walter file enregistrer avec des musiciens « All I Want » mais, peu satisfait du résultat, il décide de tout faire lui-même par ordinateur, on est jamais mieux servi que par soi-même, et oui tout est fake dans ce morceau, sauf la voix de Mariah Carey… Je veux pas être mauvaise langue, mais à mon avis, ce Merry Christmas n’a pas dû coûter bien cher, quelques choristes, des chants de Noël déjà écrits et déjà repris maintes et maintes fois, le tout programmé sur ordinateur et BIM! emballé c’est pesé, c’est le jackpot depuis 25 ans pour la mère Mariah.

Trève de plaisanterie, Je vous propose tout de suite d’écouter le multipiste de All I want for Chistmas is You, pour mieux comprendre la fabrication de ce morceau culte.

INSERT — Multipiste
Commentaire multipiste

MANU / C’est un album qui est vraiment porté par cette chanson qui cartonne encore aujourd’hui…

Chanson qui rend heureux, un peu à la manière de Don’t stop me now de Queen

Globalement, C’est un album assez malin, il arrive à marier le meilleur de la tradition des albums Rythm n Blues de Noël des années 60 avec cette production que je qualifierai de “karaoké”, sans doute liée à l’utilisation de logiciel de programmation musicale, mais le disque conserve malgré cela un son hyper chaleureux, avec des arrangements je le disais dégoulinants, reverb à donf, sons synthétiques, bref, c’est “too much” mais cela le rend indiscutablement sympathique, ajoutez à cela un répertoire “soul” dans lequel Mariah Carey excelle, et vous obtenez l’un des albums de Noël les plus écoutés de la planète chaque année.

L'univers graphique de Mariah Carey

Manu : On va maintenant parler de l’artwork de “Merry Christmas” avec toi Fanny, mais d’abord de son image ! Parce que la manière dont on présente parce que Mariah Carey à ses débuts va venir cocher toutes les cases du parfait produit marketing

Il y a une chose que j’ai envie d’aborder pour commencer, que je n’avais pas réalisée avant et qui m’a frappé en regardant là un petit docu d’arte sur Mariah Carey, c’est la manière dont son image a été marketée par Tommy Mottola, son ex-mari et producteur. Mariah pour moi, ça a toujours été la diva métisse over-glamour, la définition du glam, du bling bling et du too much, qui sortait des balades sirupeuses et des tubes r’n’b quand j’étais ado. Mais ça c’est la Mariah de la fin des années 90 et début des années 2000 avec laquelle j’ai grandi. Je connaissais beaucoup moins son début de carrière, et je me rends compte qu’en fait elle a été propulsée sur le marché exactement comme Britney Spears.
Mariah Carey, au début, c’est la girl-next-door gentille, sage et serviable, qui est jeune, jolie et mince mais qui surtout ne fait pas de vagues. Je pense que Tommy Mottola n’aurait pas supporté d’en faire un sex-symbol, il aurait été trop jaloux. Et puis surtout la question de sa couleur de peau revient sans cesse dans les interviews alors que moi, c’est quelque chose que je ne voyais pas, que je ne vois jamais. Dans le docu d’arte, tout tourne autour de ça, du fait qu’elle a été lancée sur le marché comme une chanteuse pop blanche, qu’elle a cartonné auprès des blancs et que ces mêmes gens se sont dit « enfin, c’est génial, on a une chanteuse blanche qui va pouvoir concurrencer Whitney Houston. »
Toutes ces questions là me rendent malade à vrai dire, parce qu’elles trahissent l’obsession américaine pour les origines ethniques, qu’elles reflètent le racisme systémique et la concurrence culturelle entre noir et blancs. Comme si les blancs dans l’industrie musicale ne supportaient pas que les noirs ou les latinos soient de meilleurs musiciens, de meilleurs performers qu’eux. C’est un débat infect.

Manu : J’avoue que j’avais pas trop réfléchi à ces questions là non plus. Et du coup, est-ce que cette image bien lisse se retrouve sur la pochette de l’album ?

Complètement, la Mariah de l’album « Merry Chrismas » c’est le cliché de la petite fiancée de l’Amérique avec son grand sourire colgate, sa permanente brushée des années 80, sa taille 34 et sa combinaison moulante de mère noël sexy. Ça ne nous dit rien de qui est Mariah, surtout que toute l’imagerie autour de Santa Claus est une construction des médias américains d’abord, reprise par la publicité ensuite, comme on le sait, avec le coup marketing de Coca Cola dans les années 30. Là, on se croirait dans un téléfilm de noël de M6 (ouais faites pas genre, je sais que vous les matez ces téléfilms vous aussi…)
Bref, sur cette pochette, on a une photo de Mariah prise par Daniela Federici, elle apparaît seule accroupie dans un paysage enneigé d’un blanc immaculé. Dans la partie gauche de la compo, on a une grande lettrine rouge avec les initiales M et C entremêlées, ça tombe bien c’est à la fois les initiales de Mariah Carey et de Merry Christmas. Le directeur créatif de chez Sony qui a fait le design, Christopher Austopchuk, a joué là-dessus. La police d’écriture choisie pour le titre des chansons a extrêmement mal vieilli, on est très loin des canons du graphisme actuel. Si jamais vous voulez vous amuser à répliquer ça pour vos cartes de voeux, faites vous plaisir, le nom de la police c’est French Script.
Au dos de la pochette on a la tracklist sur fond blanc avec une image de traineau tiré par des rennes et un cadeau emballé dans du papier cadeau rouge. Allo 3615 cliché ? Oui c’est ici !

Inserts

Manu : Bon, j’ai un peu peur de ce que tu vas nous dire sur le clip de All I want for Christmas is you alors…

Oui, les clips au pluriel parce qu’il y en a eu 3 de réalisés et ça ne vous étonnera pas si je vous dit que dans les 3 on se croirait… dans un putain de téléfilm de noël de M6 !

Le premier clip de « All I want for Christmas is You » a été faits par Diane Martel, une réalisatrice qui a beaucoup collaboré avec Mariah au fil des ans, elles ont fait 7 vidéos ensemble. C’est une succession de plans tournés en mode film de famille au caméscope, avec beaucoup de grain, beaucoup de bougé et beaucoup, beaucoup de symboles de noël : les tenues rouge et blanches, les bougies, la crèche, les enfants qui jouent dans la neige, le patin à glace, le tas de cadeaux au pied du sapin, les jouets en forme de renne, le bol de chocolat chaud, rien ne manque.

Dans le premier clip de « All I want for Christmas is You » filmé en décembre 1993, on entre dans l’intimité (fabriquée) de Mariah qui nous ouvre les portes de sa maison de vacances. Elle est en famille avec ses chiens et son mari de l’époque Tommy Mottola qu’on voit déguisé en père noël. Ils font de la luge, roulent en motoneige. Ça se veut aussi feelgood que la chanson que ça illustre, y’a beaucoup de sourires et de bons sentiments. Mais d’un point de vue filmique, on peut pas dire que ça soit révolutionnaire. Le seul truc notable qui ravira les fans je pense c’est que certaines séquences du clip sont des backstages de la séance photo de la pochette, Mariah porte la même tenue, on la voit poser à côté des rennes. Et puis voilà c’est à peu près tout.

Manu : Mais si tu parles de premier clip, ça veut dire qu’il y en a un deuxième ? C’est quoi c’t’histoire ?

Oui, tout à fait, il y a un deuxième clip, qui a été réalisé par Mariah en plus ! Je ne comprends absolument pas le bail. Ils ont juste dû se dire « on est pétés de thune, Mariah est une star, si elle veut passer derrière la caméra et avoir deux clips, alors elle aura deux clips. »

Toujours est-il que tout à l’heure Grégoire évoquait le nom du célèbre producteur Phil Spector qui dans les années 60 a raflé la mise avec un album de noël intitulé A Christmas Gift for You from Phil Spector dans lequel on trouvait des reprises de chants classiques de la saison et des compositions originales interprétés par Darlene Love, Les Ronettes et les Crystals. Cela vous rappelle quelque chose ? C’est normal ! Cet album, c’est LA référence numéro 1 de Mariah Carey pour créer son « Merry Christmas » à elle.

C’est donc tout naturellement qu’elle a voulu y rendre hommage dans sa version du clip d’All I Want for Christmas is you, une vidéo on ne peut plus simple qui se passe sur un plateau de tournage blanc dans un grand studio, Mariah est seule sur un podium en train de chanter, 3 choristes sont sur un autre podium avec 2 danseuses entourées de spots lumineux en forme de sapin. Ce clip est tourné en noir et blanc et toutes les femmes sont lookées comme dans les années 60, en petite robe droite et bottes blanches.

La vidéo, étonnamment minimaliste, fait penser aux passages télé des Ronettes, un girls band connu pour son tube « Be my baby » que j’écoutais en boucle quand j’étais petite et que je continue d’adorer. Je pensais pas me trouver de point commun avec Mariah en faisant cette émission, merde, je suis obligée de bien l’aimer maintenant !

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “