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Beastie Boys “Ill Communication”

(1994)

EN QUELQUES MOTS

Dans cet épisode on va vous parler de Mike D, MCA et Ad-Rock, les 3 petits blancs becs des Beastie Boys. En 1994, alors que l’âge d’or du hip hop touche à sa fin, les Beastie Boys finissent enfin par être au sérieux. Il faut dire que l’image white trash de “Fight for your right (to party)” leur a longtemps collé à la peau.

Les Beastie jouent maintenant de vrais instruments et élargissent leurs influences. Le groove est insoutenable, les samples sont travaillés, leurs flows redoutables, bref, le son des Beastie Boys est inimitable.

Grâce à des titres comme “Sure shot”, “Get It Together” et bien évidemment “Sabotage” , Ill Communication va se hisser en tête des charts et devenir un des disques les plus importants et influents de l’histoire du hip-hop.

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Retour en 1994

Voilà pour les 20 titres de Ill Communication ! C’est déjà beaucoup et j’ai noté qu’il y en avait même 24 sur la version japonaise !

C’est le 4ème album des Beastie Boys. Il sort le 23 mai 1994 en Compact disque, Cassette, vinyle sur leur propre label, Grand Royal, chez Capitol Records.

1994, c’est une année incroyable pour le Hip-hop. On parle même de l’age d’or du hip hop cette année là parce qu’on y retrouve plusieurs disques majeurs. On retrouve au rayon rap US de la FNAC le “Illuminatic” de Nas, “Readie to Die” de Notorious BIG et le “Southern playalistic cadillac muzik” d’Outkast. En France c’est l’année de “Prose Combat” de MC Solaar et “95 200” de Ministère AMER. Voilà ça c’est pour en citer quelques uns mais il y a en a pas mal.

La story des Beastie Boys

Manu : Olivia, on va maintenant revenir un petit peu en arrière sur la genèse d’un groupe, à la géométrie variable.

Olivia : Nous sommes en 1979, 4 ados un peu punk, un peu chelou issus de la classe moyenne de Manhattan décident de créer un groupe de punk hardcore baptisé The Beastie Boys : Adam Yauch (surnommé « MCA ») à la basse, Michael Diamond « Mike D », (au chant), John Berry (guitare) et Kate Schellenbach (batterie)

C’est John Berry (le guitariste) qui trouve le nom de « Beastie Boys » : B.E.A.S.T.I.E., c’est l’acronyme de Boys Entering Anarchistic States Towards Internal Excellence.

Alors d’abord ça ne veut pas dire grand-chose (Garçons entrant dans les États anarchistes vers l’excellence interne) et puis en plus c’est faux, car il y a une fille dans le groupe.

Le groupe gagne rapidement le soutien de la scène underground newyorkaise : Bad Brains, Dead Kennedys, Misfits, Reagan Youth. En novembre 82, les Beastie Boys enregistrent un EP intitulé Polly Wog Stew, produit par le label Rat Cage.

On écoute un extrait de «Egg Raid On Mojo» tiré de cet EP :

INSERT — Egg raid on mojo

John Berry (guitare) quitte le groupe en 1983 et est remplacé par Adam Horovitz, guitariste de The Young and the Useless. Le groupe enregistre son premier morceau hip-hop, intitulé « Cooky Puss », toujours sous le label Rat Cage. Le titre est inspiré d’un canular téléphonique qu’ils avaient l’habitude de faire : en fait, Cooky Puss est le nom d’un gâteau en forme de personnage qui faisait la pub du restaurant Carvel Ice Cream à la télé.
La bonne blague (…non) va devenir un petit succès dans les boîtes underground de New York.

On entend le canular au début du morceau :

INSERT — Cookie puss

Après le succès de Cooky Puss, le groupe commence à tourner de plus en plus dans les clubs, et décide d’engager Rick Rubin (DJ Double R) pour mixer pendant leurs concerts. Rubin, c’est celui qui va les faire glisser progressivement du punk rock vers le hip-hop.

Et la mayonnaise prend : quelques mois plus tard, Rubin créé avec son ami Russell Simmons le label Def Jam Recordings.

INSERT — Dej Jam clip
[INSERT] clip promotionnel pour Def Jam / docu Spike Jonze à 20 :40

Russell Simmons, qui n’est autre que le frère de Rev Run du groupe Run-D.M.C, connaît beaucoup de monde dans le milieu et flaire très vite le potentiel de ces petits blancs, un peu cons, qui font du hip-hop. Quelques mois plus tard, ils se séparent de Kate (la batteuse) parce qu’elle ne correspond plus à l’image badass du groupe.

Les Beastie Boys commencent à attirer l’attention du grand public grâce au petit succès de plusieurs maxi-45-tours et vont faire la première partie de la tournée de Madonna en 1985.

Manu : Pas sûr que ça plaise aux fans de hip hop, ça !

Olivia : En effet, ça va pas forcément donner beaucoup de crédibilité au groupe.

Il faut attendre une tournée avec Run-D.M.C. pour qu’ils se fassent vraiment accepter par le milieu. Leur musique commence à être jouée dans les clubs. Ils se lancent alors dans l’enregistrement d’un EP, Rock Hard, qui reprend « Back in Black » d’AC/DC.

C’est LE morceau qui va les lancer et surtout poser les premières bases de leur style à la frontière du punk et du rap :

INSERT — Rock hard
[INSERT] extrait : https://www.youtube.com/watch?v=dsVAOjVYQnY

En 86, ils sortent leur tout premier album studio, Licensed to Ill, sur les labels Def Jam et Columbia Records. Énorme carton !

Stephen Thomas Erlewine du site web AllMusic, explique que « peut-être que Licensed to Ill était inévitable — un groupe de blancs qui mélange rock et rap, à qui on attribue la première place des albums dans l’histoire du hip-hop ». A la fin des années 80, le fait qu’ils soient blancs va leur permettre d’atteindre les radios et les télés. Ce que les noirs ne parviennent pas à faire ! C’est le même phénomène décrit par Eminem quelques années plus tard dans son titre « White America » : « Let’s do the math: if I was black, I would’ve sold half »

Licensed to Ill devient l’album de rap le mieux vendu des années 1980, et accède à la première place du classement du Billboard dans lequel il reste 5 semaines. Le clip du single (You Gotta) Fight for Your Right (To Party!) passe en boucle sur MTV.

Du jamais vu pour un album de rap ! Il s’en vendra plus de 10 millions d’exemplaires !

INSERT — You gotta fight

C’est la consécration : ils partent en tournée dans le monde entier avec pour décor de scène un pack de bière géant, un zizi gonflable de 12 mètres et une strip-teaseuse dans une cage. Leur concert sera interdit dans les états du sud et à Londres et provoquera des bagarres en plein Paris.

Pour le 2eme album, les choses se compliquent avec Def Jam. Ça va aller jusqu’au procès : Selon le groupe, le label leur doit encore de l’argent. Selon Def Jam, Russell Simmons est le seul responsable du succès du groupe et de l’avoir rendu crédible aux yeux de la communauté noire. L’affaire va retarder la sortie du deuxième album des Beastie Boys Paul’s Boutique, en 1989, qui sera signé chez Capitol Records.

Pour l’écrire, ils s’enferment tous les trois dans une villa très 70’s sur les hauteurs de L.A. Ils font beaucoup la fête mais parviennent tout de même à enregistrer un album qui doit marquer leur grand retour.

Evidemment, c’est pas tout à fait ce qu’il va se passer : Paul’s Boutique est déclaré comme catastrophe par la presse et largement boudé par le public.
Malgré tout, ils ne se découragent pas. Ils décident de repartir complètement à zéro et de se remettre au travail comme jamais. Ils créent leur propre studio d’enregistrement et leur label, Grand Royal.

Et enregistrent un 3e album, Check Your Head, qui sort en 1992. L’album navigue entre hip-hop old-school, funk et jazz tout en renouant avec leurs racines punk hardcore. Check Your Head sera certifié double disque de platine aux États-Unis.

A peine quelques mois plus tard, ils repartent déjà en studio et le 8 mai 1994 sort leur quatrième album, Ill Communication, qu’ils considèrent un peu comme une suite de l’album précédent, Check Your Head.

Ill Communication démarre directement à la première place du Billboard 200 et les singles Sabotage et Sure Shot aident à le certifier double disque de platine. Il faut dire que le clip de Sabotage, réalisé par Spike Jonze, passe en boucle sur MTV.

Ces deux albums, Check Your Head et Ill Communication ont profondément changé le groupe, les personnes et les musiciens qu’ils voulaient être. C’est aussi le début de l’engagement politique de Adam Yauch. Quelques années plus tard, il monte le Tibetan Freedom Concert et parvient à réunir les Smashing Pumpkins, Radiohead, Björk ou Rage Against the Machine, afin de récolter des fonds pour le mouvement de la libération du Tibet.

La sortie d’Ill Communication a défié les critiques les plus durs du groupe. C’est ce que l’on pourrait appeler l’album de la maturité, de leur maturité. Il a en tout cas été l’un des plus marquants de la décennie. Ce sont les Beastie Boys dans leur état naturel, quand ils n’ont plus rien à prouver.

Le making-of de "Ill Communication"

MANU : Allez on passe à l’enregistrement de ce « Ill communication », quatrième album des Beastie Boys, album que l’on peut considérer comme le grand frère de leur précédent disque « Check your head »

Oui c’est vrai qu’il y une parenté avec Check Your head qui contient déjà ce mélange des obsessions culturelles des Beastie Boys, ce bric à brac de références et de son Hip-Hop, punk hardcore, jazz latino et funk. Mais Ill communication parvient à sublimer la formule en proposant ce que l’on peut qualifier de collage gargantuesque et déroutant où dès les 15 premières minutes on passe d’une grosse claque hip hop à une cavalcade punk décapante, en passant par un morceau instrumental aux airs de « Spy Funk » avec Bobo on the corner.

Il y a de quoi devenir schizo. Comment on fait pour enregistrer un disque aussi bordélique? Dans une interview les Beastie Boys expliquaient qu’ils se focalisaient sur un style de musique pendant deux ou 3 jours d’affilée avant de changer d’atmosphère en fonction de l’humeur.

Manu : Alors justement, Greg, l’enregistrement ça s’est passé où ?

Rap east coast, vous me dîtes forcément enregistrement à NYC, c’est vrai : la première partie du travail a lieu au Tin Pan Alley studios, essentiellement pour boucler des instrumentaux, mais ensuite c’est à Los Angeles que l’histoire continue. Et plus précisément au G-Son Studios. Ce lieu d’enregistrement ce n’est pas vraiment un studio comme les autres, ce serait plutôt le Quartier Général des Beastie Boys, un lieu qu’ils ont aménagé dans les années 91-92 dans une friche commerciale.

L’endroit est très spacieux, c’est une ancienne salle de danse, les Beastie ont pu y installer une rampe du Skate Board et un panier de basket pour se détendre et puis l’autre gros avantage c’est que cela leur permet de prendre leur temps et d’éviter de douiller pour un studio professionnel. Pendant les sessions d’enregistrement, leur producteur, Mario Caldato, pouvait ainsi laisser tranquillement les bandes tourner lors des longues jam sessions de nos trois new yorkais préférés.

Manu : Greg, l’enregistrement de l’album va s’étaler sur 6 mois, ce qui est assez rapide mais on peut dire que la gestation de l’album a commencé bien avant…

Oui dès la tournée pour l’album Check Your head, les Beastie Boys vont piller tous les disquaires qu’ils croisent sur leur chemin, c’est presque une compétition entre les membres du groupe. Et de leurs trouvailles, les 3 mélomanes vont extraire la matière première d’Ill communication à commencer par l’un des samples les plus célèbres de l’histoire du hip-hop :

INSERT — MLT Sabotage

INSERT — Jeremy Steig // Sure Shot
JEREMY STEIG, HOWLIN FOR JUDY 1969 /// Sure Shot

INSERT — The Moog Machine // Get it together
THE MOOG MACHINE 1969 Aquarius et let the sunshine in / Get it together /// Eugene Mac Daniels, Headless Heroes 1971

INSERT — Bob Dylan
Bob Dylan, Quinn the Eskimo sur l’album biograph en 1985 / Do it

Des samples, il y en a des dizaines et des dizaines, on ne peut pas tous les faire écouter évidemment.

MANU : Ill communication c’est loin d’être un album composé uniquement de samples c’est aussi un album avec de vrais instruments.

Oui de vrais instruments et de vrais musiciens, les Beastie Boys eux mêmes, Adam Yauch à la basse, Ad-Rock à la guitare, Mike-D à la batterie. Sur Ill communication, ils s’entourent du claviériste Mark Ramos Nishita alias Money Mark, ami de longue date du producteur des Beastie depuis l’album Paul’s Boutique, Mario Caldato. Sans oublier Eric Correa dit Eric Bobo. Lui c’est un génie des percussions depuis qu’il a 5 ans, il est le fils d’une légende du jazz afro-cubain et il joue un rôle considérable sur Ill communication d’ailleurs le titre Bobo on the corner lui rend hommage. C’est aussi une référence à l’album On the Corner de Miles Davis. Sorti en 1972, ce disque jazz rock a beaucoup influencé les Beastie Boys////

INSERT — On the corner

On retrouve ce côté musique improvisée et jam session qui plaît à nos 3 new-yorkais, et l’influence de Miles Davis, de cet album en tout cas, elle est certaine quand on s’attarde sur les morceaux instrumentaux jazz de l’album comme cet excellent « Sabrosa »

INSERT — Sabrosa

Manu : Et Greg, ils utilisent quoi les Beastie Boys comme technique d’enregistrement ?

Mais j’en sais rien Manu !! j’étais pas là-bas et j’avais à peine 8 ans à l’époque. Mais t’inquiète pour le savoir, posons directement la question aux Beastie Boys que l’on retrouvent dans une interview où vous allez pouvoir goûter à l’humour pince sans rire des Beastie. On est en 1994 au coeur du réacteur, dans les G-son studios

INSERT — ITW

« Nos techniques d’enregistrement ? Beaucoup de gens estiment que notre son n’est pas vraiment travaillé et structuré, ils pensent que l’on fait ça rapidement et sans trop réfléchir. En réalité ils ne comprennent pas toutes les compétences, la patience et le soin apporté à nos ajustements de fréquences, nos réglages, nos techniques vocales. Concernant notre matériel, regardez il y a un peu de matériel dernier cri mais c’est surtout de la seconde main. Ce n’est pas nécessairement bon marché, c’est juste du matos bien pourri. Non pas forcément pourri, disons « sexy ».

Laisse moi dire un mot Mike, en fait aujourd’hui avec les avancées technologique il devient très difficile d’avoir un son pourri sur son disque parce que les équipements sont tellement performants qu’il faut faire beaucoup d’efforts pour parvenir à avoir un son aussi mauvais que le nôtre »

Tous les groupes du monde aimeraient sonner aussi mal que les Beastie Boys c’est certain et surtout sur ce Ill communication, plus qu’un album culte de hip-hop des années 90, un album d’esthète indémodable.

 

L'univers visuel des Beastie Boys

Manu : Ou plutôt, plus qu’un album culte de hip hop des 90s, c’est un putain de disques punk ! c’est rock, c’est DIY, c’est sale quoi. Sauf cette pochette qui est elle nickelle. Alors je me tourne vers toi Fanny, on lui met quelle note à cette pochette des Beastie Boys ?

Fanny : Écoute, moi je suis super contente. On me met dans les mains un album que je ne connais pas, je découvre sa pochette que je n’ai jamais vue et la pochette en question c’est une belle photo en noir et blanc qui fleure bon l’amérique des années 60 donc ça part bien, je suis contente.

Et puis après je creuse un peu, je découvre que son auteur c’est le grand photographe Bruce Davidson, un américain de l’agence Magnum formé aux côtés d’Henri Cartier-Bresson, vous imaginez bien que ma joie va grandissant.
Donc cette pochette, on voit quoi dessus ? C’est une photographie de rue prise au drive-in du restaurant Tiny Naylor’s à Los Angeles. On y voit un homme penché à travers la fenêtre de sa voiture avec un gros microphone entre les mains, en train de commander à bouffer. On voit d’ailleurs le menu du restau dans le tiers gauche de l’image.

La photo a été prise en 1964 alors que Davidson avait été envoyé par le magazine Esquire réaliser un reportage sur Los Angeles. Mais ses photos qui montraient plutôt le L.A dérangeant que le glamour hollywoodien n’ont pas plu et n’ont finalement jamais été publiées.

En 2013, il explique dans le magazine Juxtapoz comment sa photo s’est retrouvée sur l’album des Beasties Boys : « Quelqu’un m’a appelé et a dit « on aimerait utiliser une photo pour la pochette. » J’ai dit que je devais écouter la musique avant de donner mon accord… Je veux dire, je ne suis pas du tout mélomane, je n’écoute pas grand chose en dehors de Bach, vous savez. Mais bref, on m’a envoyé une petite cassette avec la musique et je n’y ai rien compris. On aurait dit un langage secret. C’était en dehors de mon domaine de compréhension. Donc je les ai rappelés et j’ai dit « La musique est super, vous pouvez utiliser la photo ! »

Manu : J’avoue qu’entre Bach et les Beastie, y’a un gros gap ! Il a bien fait de donner son feu vert en tous cas !

C’est clair ! En plus de Bruce Davidson, on trouve le nom de Gibran Evans au design de l’album, c’est pas un mec très connu mais il a quelques références sympa à son actif comme des pochettes d’albums d’Aerosmith, des Smashing Pumpkins ou de Beck.

Gibran Evans c’est le fils de Jim Evans aussi connu sous le nom de TAZ, un dessinateur de BD underground qui a collaboré avec quelques grands noms très cools des comics underground comme Robert Crumb ou Rick Griffin et qui a créé énormément d’affiches de concerts rock complètement psychédéliques.
En toute logique, pour l’album Ill Communication, Gibran a demandé à son père Jim de dessiner une typo sur mesure avec laquelle sont écrits le titre sur la pochette et tous les textes du livret. Livret qui est d’ailleurs illustré de photos en noir et blanc prises pendant l’enregistrement et des paroles de chansons et crédits habituels, le tout mis en page sur fonds de couleurs monochromes.
C’est pas révolutionnaire mais ça fait bien le job. Globalement, c’est un chouette design d’album, surtout grâce à la photo de Bruce Davidson !

Manu : Alors oui, la pochette est cool, mais quelque chose me dit Fanny que le clip dont tu vas nous parler tout de suite est encore plus cool !

J’avoue que les Beastie Boys nous ont pondu là un clip vraiment de haute volée.

Pour le réalisateur, pas de grande surprise si je vous dis qu’il s’agit une nouvelle fois de l’américain Spike Jonze, vraiment LE nom incontournable des 90s en matière de vidéo. Et c’est totalement mérité, le mec a un univers drôle et décalé complètement unique.

Pour le clip de Sabotage, force est de constater qu’encore une fois notre ami Spikey s’est surpassé

INSERT — SABOTAGE

L’idée de départ pour le clip, c’est Adam Yauch qui revient dessus en 2008 pour le magazine Q : « Ad-Rock voulait qu’on fasse une séance photo déguisés en flics en civil en train de planquer, assis dans une bagnole entourés de gobelets de café et de boîtes de donuts. On a parlé de cette idée à Spike et il a dit « OK, faisons-ça ! ».

Je pense qu’on a tous grandi le nez collé devant la télé à regarder des vieilles séries policières : Starsky et Hutch, Rick Hunter, Hooker, Hawaï police d’état et j’en passe !

Ce clip, c’est un hommage à tout cet univers testostéroné et un peu fake. On y voit nos 3 beasties avec perruques, grosses moustaches et lunettes aviateur courser des malfrats dans une débauche de plans rythmés qui empêchent toute tentative de résumer ce qu’il se passe.

Ça court dans tous les coins, ça fait des roulades, ça saute de toits d’immeubles, ça défonce des portes, c’est vraiment le délire : vous prenez toutes les scènes cliché du genre policier, vous mettez dans un shaker, vous ajoutez une bonne dose de LOL et vous avez la recette du clip de Sabotage !
Vraiment je vous le recommande.

Manu : C’est vrai que c’est complètement culte ! Et le clip a cartonné sur MTV qui le diffusait en boucle ! Il y a eu 6 nominations aux MTV awards mais zéro récompense donc lors de la cérémonie… c’est le couac !

C’est le sabotage version Beastie oui !

Ce qu’il se passe c’est donc qu’on a ce clip qui cartonne à la télé et 6 nominations. Le trophée de la Vidéo de l’année est remis à Cryin’ d’Aerosmith.
Quand un peu plus tard on annonce que le prix de la Meilleure réalisation est décerné à Everybody hurts de R.E.M., Adam Yauch fait irruption sur scène pendant que Michael Stipe récupère son trophée. Il porte une tenue bavaroise avec moustache, perruque, grosses lunettes et déclare que c’est un scandale, que c’est Spike Jonze qui aurait dû gagner !
On écoute un extrait :

INSERT — MTV Awards

Voilà, ce qui est marrant, c’est que c’est la première intrusion sur la scène des MTV awards pour faire un scandale sur un prix jugé mal attribué, souvenez-vous du tollé provoqué par un certain Kanye West lorsqu’il a fait pareil en 2009 avec Taylor Swift.

Sauf qu’Adam des Beasties Boys était déguisé en Nathanial Hornblower, un personnage de réalisateur suisse qu’il avait déjà endossé dans le passé. La private joke ne pouvant être comprise que par les fans du groupe, le scandale est passé crème, les gens se sont juste dit « bon ouais c’est les beasties, c’est des comiques, c’est pas bien méchant. »

Manu : Et moi ça me rappelle aussi ce que tu nous avais raconté dans l’épisode sur Fatboy Slim, quand Spike Jonze était allé récupérer son MTV award pour le clip de Praise You déguisé chorégraphe de flashmob ! Ils se sont bien trouvés les gars, tous des zinzins !

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “