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Noir Désir “666.667 Club” avec MiKL (2 Heures de Perdues)

(1996)

EN QUELQUES MOTS

Dans cet épisode, on va vous parler d’un album qui a beaucoup compté pour moi. Je dirais même “qui m’a fait passer musicalement à l’âge adulte … : 666-667 Club de Noir Désir ! 

C’est un disque engagé et sans concession, qui place Noir Désir sur le podium des plus gros vendeurs de rock français, après Indochine et Téléphone.

Il contient quelques uns des grands monuments de notre hexagone comme “un jour en France”, “l’homme pressé” et “à ton étoile”.

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Retour en 1996

Voilà pour les 12 titres, et même les 13 titres de l’album parce qu’il y a un même un titre caché qui s’appelle “song for J L P”. // 666 667 Club c’est le 5ème album studio de Noir Désir. Il sort le 11 novembre 1996 en Compact disque, Cassette et vinyle sur le label de m’sieur Eddie Barclay chez Universal.

La story de Noir Désir

Manu : On va vous raconter maintenant la story de cet album. Parce que si on revient 2 ans plus ça va plutôt mal pour Noir Désir. Le groupe est épuisée par la tournée de Tostaky, Bertrand Cantat se fait opérer des cordes vocale… En fait Noir Déz est presque laissé pour mort, c’est ça Olivia ?

Olivia : Absolument, mon cher Manu ! On est donc en 1996. Tu viens de le dire, Noir désir est rincé par une tournée où ils ont absolument tout donné. Cantat a de gros problèmes de voix. Il tient essentiellement grâce à des injections d’anti-inflammatoires. Il doit même se faire opérer et surtout se reposer. Le groupe commence à comprendre que son équilibre tient aussi grâce aux pauses qu’ils font entre deux tournées. En gros, ils sont contents de jouer ensemble mais ils sont aussi contents de pas se voir tout le temps. Bref, c’est pas la grosse forme et ils commencent à se poser la question : est-ce que ça vaut le coup de continuer ?

la densité des textes
la politisation

Boum… le mot est lâché : Cantat durcit le ton et appelle un faf un faf !
Il pose un constat lucide et inquiet sur la société, notamment la montée du FN.

INSERT —

F.N, souffrance
Qu’on est bien en France
C’est l’heure de changer la monnaie
On devra encore imprimer le rêve de l’égalité
On ne devra jamais supprimer celui de la fraternité
Restent des pointillés yeah, yeah, yeah
(…)

le succès auprès du grand public
la tournée et les concerts de soutien aux différentes associations
les Victoires de la musique

En 1998, Noir Désir est nommé dans 5 catégories mais boycotte la cérémonie. Ils gagnent 2 victoires : Meilleur groupe de l’Année et Meilleur chanson de l’année pour l’Homme Pressé. A la fin de la cérémonie ils envoient un fax qui sera lu en direct.

Vous dire que nous ne sommes pas flattés par ces récompenses qui nous sont accordées serait mentir. Il n’y a aucun doute là-dessus. Nous sommes donc victorieux et cela suppose qu’il y a eu combat, ce qui parait un peu ridicule au regard de certains autres combats, sans oublier le fait que nous ne concevons pas comme des compétiteurs. En tout cas, nous voulons que cette victoire soit ressentie comme une preuve qu’il n’est pas nécessaire de perdre son identité et son âme pour se faire reconnaître, et que le chemin tracé doit l’être par les artistes eux-mêmes d’abord. Le choix de « l’Homme Pressé » nous ravit et nous laisse modestement à penser qu’il n’est pas anodin, les hommes pressés ne manquant pas dans la profession. Merci donc à ceux qui nous ont choisis. Pour le miroir tendu et le tir croisé. »

Manu : Merci Olivia. Alors moi j’ai une histoire marrante à ce sujet.

Le making-of de "666.667 Club"

Manu : Moi cet album s’il m’a autant marqué c’est par la puissance des riffs, cette tension permanente et la poésie des textes super beaux mais qu’on comprends pas toujours. Et d’ailleurs ce nom d’album tout pourri “666.667 Club” Grégoire ça vient d’où ?

Grégoire : Au moment de l’enregistrement en 1996, le groupe sort d’une période difficile, Noir Désir se demande même s’ils ne vont pas se séparer, il faut dire que ses membres se connaissent depuis l’âge de 17 ans et ils ont dû mal à relancer la machine après Tostaky, leur plus grand succès critique et public et qui remonte déjà à 1992, le groupe est aussi épuisé par les tournées sans fin et les concerts dantesques qui vont suivre, concerts immortalisés dans le disque live Dies Irae paru 1994. Noir Désir sort complètement rincé de cette période, rincé aussi parce que ça picole beaucoup au sein du groupe, ça fume, et ça ne dort pas beaucoup, résultat, Bertrand Cantat qui perd sa voix et le groupe se retrouve au chômage technique, et à tous ces problèmes, s’ajoute des tensions entre Frédéric Vidalenc, le bassiste, et le reste du groupe. Donc situation compliquée pour Noir Dez’.

Finalement, Cantat rééduque sa voix, Frédéric Vidalenc quitte le groupe et est remplacé par l’un des « roadies », l’un des techniciens de Noir Désir, le fidèle Jean Philippe Roy qui veut bien dépanner et qui finalement sera totalement adopté par les autres membres.

Le groupe entre en studio en août 1996 pour 2 mois d’enregistrement.

Direction les landes près de Dax au studio du Manoir, un studio bucolique au beau milieu d’une forêt de pin, on a d’ailleurs un petit aperçu de ce cadre privilégié dans le DVD intitulé Soyons désinvoltes n’ayons l’air de rien dans lequel on voit Bertrand Cantat faire une prise en extérieur pour le titre Septembre en attendant assis sur une chaise de jardin au beau milieu de la végétation.

Aux manettes de ce 666.6667 club on retrouve une vieille connaissance du groupe puisqu’il s’agit Ted Niceley, celui là même qui avait oeuvré sur Tostaky, lui aussi qui avait mixé Dies Irae l’album live dont je vous ai parlé. Ted Niceley, c’est un américain, une figure du punk hardcore, c’est lui notamment qui a produit les premiers disques du groupe culte Fugazi. Il est connu pour apporter à Noir Désir, ce son caractéristique des groupes de rock américain de la fin des années 80, c’est à dire un son brut et sec, de la puissance mais toujours avec un souci d’équilibre. Il est très exigeant avec les membres du groupe comme l’explique Denis Barthe, le batteur, il explique que sur l’enregistrement de Tostaky, je cite, « il nous a fait cracher nos dents. Sur le moment c’est super dur, il te fracasse, mais rétrospectivement c’est de bons souvenirs ».

Manu : Okay Greg, c’est le même producteur mais c’est un album quand même assez différent de Tostaky…

Tostaky c’était la boule d’énergie punk/blues, le boulet de canon lancé à 200 à l’heure, 666 lui cherche à ouvrir les horizons, une envie qui s’est déjà exprimé chez le guitariste Serge Teyssot Gay qui pendant la convalescence de Bertrand Cantat a sorti un album solo. Et donc sur 666 on navigue entre des morceaux bien rock, un jour en France, comme elle vient, lazy ou encore le génial Fin de Siècle, des titres à l’ambiance crépusculaire sur A ton étoile ou en attendant septembre, et puis des morceaux au tempo plus lent comme Ernestine, ballade vénéneuse dans laquelle on entend les envolées de violon tzigane signées Lajko Félix, du violon sur du Noir Désir ce n’est peut-être ça l’une des grandes nouveauté de ce 5ème album studio qui s’ouvre à d’autres instruments comme la clarinette basse, du saxophone ou de la bombarde bretonne qui a un son très proche de la Ghaita, sorte de hautbois utilisé dans le raï. Tout cela donne des accents Free Jazz et des consonances orientales à l’étrange morceau instrumental qui ouvre l’album…

INSERT — Extrait 666.667 club

Côté paroles, c’est du pur Cantat, avec des textes très politiques sur la montée du Front National dans un jour en France, le culte de la réussite dans un homme pressé ou encore la mondialisation piteusement victorieuse dans Fin de siècle

INSERT — Extrait Fin de Siècle.

L’album est chanté essentiellement en Français mais il y a aussi quelques titres en anglais comme ce Prayer for a Wanker, Lazy, et le titre cachée, un blues inspiré avec la voix de Cantat et une simple guitare acoustique, un titre en hommage à Jeffrey Lee Pierce du groupe The Gun Club décédé quelques jours plus tôt.

Intervention Michaël + extraits ?
insert 6
Gun Club vs Noir Dez
insert 7
the Doors
insert 8
Noir Dez
insert 9
Poppys
insert 0
Noir Dez

Manu : Moi qui était absolument fan du groupe, là je suis pas bien. Bon on va dire que c’est un hommage hein !

L'univers visuel de Noir Désir

Manu : Le premier contact que j’ai eu avec Noir Dez c’était devant Boulevard des Clips sur M6. Un jour j’allume la télé et je tombe sur le clip de “un jour en France” avec les 4 membres du groupes en animé japonaise. Whaaaat !! Je ne retiens pas encore le nom du groupe mais je suis comme un dingue. Je me tourne vers toi Michael, parce que tu as accepté de te replonger dans le clip-o-graphie du groupe, qui est assez malade…

 

chronique MiKL (…)

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “