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Ben Harper “Fight for your Mind”

(1995) avec Nicolas Berno

EN QUELQUES MOTS

Dans cet épisode on va vous parler de Benjamin Chase Harper, alias Ben Harper, le gourou de toute une génération. En 1995 il sort un deuxième album, Fight For Your Mind qui le transformera définitivement en artiste-culte.

Soul, Blues, folk ou reggae, la musique de Ben Harper est parfaitement inclassable. Son succès il va le construire à l’écart des médias, grâce au bouche-à-oreilles de ses fans qui y voient un digne héritier de Bob Marley, quand d’autres y voient la réincarnation du Christ !

Quoi qu’il en soit les titres qu’il contient “Burn one Down”, “Excuse Me Mister” ou “Ground on down” sont devenus des classiques, et on peut raisonnablement le considérer comme le meilleur album de sa discographie.

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Retour en 1995

Voilà pour les 14 titres de Fight For Your Mind, le deuxième album de Ben Harper.

Il sort en catimini au milieu de l’été le 1 Août 1995 en CD, Cassette et vinyle chez Virgin.

1995 c’est grande année pour la musique et pour les vins de Bordeaux. Et c’est aussi le passage de relais entre le grunge qui disparaît avec Kurt Cobain et la house qui sera popularisé par Daft Punk. En France on écoute Coolio, Céline Dion, Scatman et la BO du Roi Lion !

Forrest Gump remporte 11 oscars, Mike Tyson remonte sur le ring et moi je redouble ma sixième !

 

La story de Ben Harper

Manu : On va maintenant découvrir ensemble l’histoire et le parcours de Ben Harper grâce à toi Olivia

Olivia : En effet, mon cher Manu, souvent je vous parle de musiciens au caractère fort, qui passent des nuits et des nuits à s’entredéchirer sur l’enregistrement de leur album. Qui s’épuisent, se cassent la voix (et les nerfs) sur des tournées sans fin. Finissent par se séparer, puis se reformer, puis se re-séparer….

Et bah là, c’est tout l’inverse…

Ben Harper c’est l’incarnation du mec cool, il est sympa, c’est un musicien de grand talent, toujours proche de ses fans. Il est authentique, il s’engage politiquement. Le mec coche toutes les cases ! Too good to be true ! Mais qui est donc ce type ?!

Revenons un peu à l’origine du projet :

Ben Harper commence à jouer de la guitare pendant son enfance en Californie. Il faut dire que le petit Ben a grandi dans une famille de musiciens.
En 1958, ses grands-parents maternels ont fondé The Folk Music Center and Museum dans cette petite ville de Claremont en Californie. C’est un magasin, mais aussi un musée d’instrument très réputé; on y trouve des instruments très anciens et de tous les pays. Pour les curieux, une scène du documentaire “Pleasure and Pain” se déroule d’ailleurs à l’intérieur de ce magasin.

Donc, on l’a compris, il a grandi au milieu des guitares et des banjos. Et surtout Ben (ouais, je l’appelle Ben) a passé beaucoup de temps dans l’arrière boutique de ce magasin. Il a non seulement appris à jouer de toutes sortes de guitares différentes mais il s’est également formé au métier de luthier en travaillant sur les instruments que les clients apportent à faire réparer.

Ce magasin c’est vraiment une institution, beaucoup de musiciens y sont passés.

Pour l’anecdote, la grand-mère de Ben Harper aurait accompagné Joan Baez à l’un des de ses tout premiers concerts, au Pomona College. Et la légende dit que Joan Baez était tellement nerveuse, qu’elle aurait vomi dans la voiture de sa grand-mère.

C’est aussi au magasin que Ben va rencontrer son producteur, Jean-Pierre Plunier. Mais ça c’est notre cher Greg vous en parlera plus en détails.

On comprend donc que le petit Ben, devenu grand, n’est pas tombé très loin de l’arbre familial : il s’est forgé pendant ces années à Claremont une solide culture musicale, un savoir-faire unique et une connaissance incroyable des instruments. La musique est un langage, une grammaire qu’il maîtrise depuis toujours. Ce qui explique certainement qu’il déteste s’enfermer dans un style en particulier. C’est d’ailleurs cette grande facilité à naviguer d’un style musical à un autre qui va devenir sa signature.

Dès 14 ans, Ben commence à jouer sa musique dans des petites salles locales. Au début c’est assez confidentiel, mais il attire l’attention de certains artistes, notamment Taj Mahal, un musicien de blues.

INSERT — Taj Mahal “Leaving trunk”

Taj Mahal se souvient qu’il faisait une sieste l’après-midi avant un spectacle prévu à Claremont quand il a été réveillé par des notes de guitare.
Il descend voir qui joue. Petit malaise : Ben Harper s’excuse de l’avoir réveillé. Taj Mahal lui répond: « La seule chose qui me dérange, c’est pourquoi on entend personne jouer comme vous !»

Les deux musiciens vont rapidement devenir amis et le bluesman va prendre Ben sous son aile. Il l’invitera à jouer avec lui sur scène lors de sa tournée de concerts.

En 1992, Ben Harper a 22 ans. Avec un ami guitariste, Tom Freund, il enregistre un premier LP (Pleasure and Pain). Ce disque attire l’attention des producteurs, ce qui l’amène à signer un contrat avec Virgin Records pour sortir son premier véritable album Welcome to the Cruel World qui reçoit un accueil très favorable.

INSERT — Like a king

Le magazine Billboard déclare à l’époque: « Certaines de ces chansons sont amenées à devenir de vrais classiques” … On salue sa voix enfumée et son travail de guitare obsédant.

Et puis les choses vont assez vite. Il part en tournée, fait la première partie des Fugees, de the Pharcyde, PJ Harvey, Dave Matthew, Pearl Jam… et un an plus tard, en 1995, il enregistre déjà un deuxième album Fight for your Mind plus mature et plus engagé politiquement.

Manu : Et c’est sur cet album que Ben Harper commence à jouer avec les Innocent Criminals ?

Olivia : Mais tout à fait mon cher Manu ! Si Ben reste, comme sur son premier album, un artiste solo, il commence aussi à s’entourer peu à peu de ces musiciens avec qui il va jouer pendant des années aussi bien en studio qu’en tournée, les Innocent Criminals.

D’après Juan Nelson (l’un des membres du groupe), c’est Ben Harper lui-même, qui a proposé ce nom. Il fait référence à la présomption d’innocence aux États-Unis et à la différence de traitement entre les noirs et les blancs. Un présumé innocent noir comparaissant devant un tribunal n’est pas forcément coupable mais est obligatoirement un criminel innocent…

Cet album très authentique se fait vite une place et va révéler Ben Harper à son public. En France (l’un des pays où Ben va très vite rencontrer le succès), l’album sera deux fois disque d’or, soit plus de 200 000 albums vendus !

Ben s’affirme, il laisse découvrir ses nombreuses facettes. La critique évoque sa capacité à aller de la folk au funk, en passant par le reggae, le rock et le gospel. Et de créer un ensemble cohérent et homogène. La musique est pour lui un accès direct à ses émotions.

La presse évoque Jimi Hendrix, John Lee Hooker, Bob Marley.
Bob Marley, c’est en effet une référence qui reviendra souvent : la même approche spirituelle de la musique, l’engagement politique, dans le titre de l’album “Fight for your mind” aussi et puis la chanson “Burn One Down” qui fait évidemment référence au cannabis. Une chanson qui va un peu le poursuivre et lui donnera une image de fumeur de chichon. Aujourd’hui, il ne renie pas son “Burn one down” mais ne la joue en revanche plus du tout sur scène.

Le magazine Vibe dit “qu’il fusionne la rage des années 60 avec les frustrations des années 90”.

Car si la musique de Ben Harper ne passe pas à la radio, que ses clips ne sont pas matraqué à longueur de journée sur MTV, c’est que quelque chose se passe ailleurs.

Et c’est indubitablement la scène qui va créer sa base de fans, ce lien très fort qu’il entretient avec son public. Il part quasiment 3 ans en tournée entre son 1er et son 2e disque. Et lui et son producteur le savent, c’est comme ça qu’il touchera le coeur des gens.

Pourquoi ? Les concerts de Ben Harper sont expériences de vies, des messes, des moments d’une intensité rare.

Pourtant il ne décolle pas de sa chaise pendant quasi toute la durée du concert. Il est juste magnétique, on ne voit que lui. Et une fois le concert fini, il n’hésite pas à aller à la rencontre de ses spectateurs. Il parle avec tout le monde et signe tout ce qu’on lui donne à dédicacer, même sous la pluie.
Authentique, simple et proche des gens, Ben a un petit côté gourou de la bienveillance et l’amour.

Le bouche-à-oreille va très vite fonctionner. Il y a une séquence d’ailleurs dans le documentaire “Pleasure and pain” où on demande aux spectateurs de l’un de ses concerts comme ils ont connu la musique de Ben Harper. Tous expliquent que c’est qqn qui leur a fait découvrir. C’est l’album que l’on conseille à ses amis et on sait que ça va leur plaire à coup sûr.

Fight for your Mind, c’est aussi l’album où il va commencer à prendre la parole politiquement. Les croyances spirituelles et politiques de Ben Harper sont profondément ancrées dans sa musique. Les critiques évoquent souvent une intensité émotionnelle et une intelligence lyrique qui parlent directement au cœur. Les chansons comme «Oppression», «God Fearing Man» et «Excuse Me Mr.» témoignent des injustices et de l’oppression. Souvent en interview, il répond qu’il est trop jeune et pas assez mûr pour répondre à la question du journaliste. Il joue le jeu de la promo, réponds volontiers aux interviews mais il n’hésite pas à dire au journaliste que sa question est nulle !

Le mec a 24 ans mais il sait déjà très bien ce qu’il fait et ce qu’il veut : un monde plus juste, plus ouvert, plus authentique où la musique deviendrait cette rivière dans laquelle on se baigne tous.

Car, je le cite, : La musique est la voix de l’esprit. Elle dépasse le langage, l’âge et la couleur de peau dans le coeur et l’esprit des gens.
Amen !

Manu : Et toi Nicolas, est-ce que tu fais partie de ces fans qui ont découvert Ben Harper grâce à un copain ? Est-ce que c’est un truc qui te touchait cette dimension spirituelle à l’époque ?

Le making-of de "Fight for your Mind"

MANU : Greg je me tourne maintenant vers toi pour que tu racontes la fabrication de l’album. Tout à l’heure Olivia nous a parlé du Folk Music Center où bossaient les grands-parents de Ben Harper. J’aimerais qu’on y revienne Greg parce c’est aussi un lieu central pour la conception de Fight For your Mind.

Grégoire : Et oui car au Folk Music Center, il y a un habitué du lieu qui va avoir un rôle déterminant dans le début de carrière de Ben Harper. Cet habitué il s’appelle Jean-Pierre Plunier, c’est un français, un breton pour être plus précis. Un sacré personnage qui a habité entre le Sri Lanka, Thaïlande, Inde, Vietnam ou encore le Japon avant de rallier la Californie hippie à la fin des années 70. Passionné de musique folk, il apprend à jouer de la bombarde, il va d’ailleurs être contacté par le Folk Music Center qui cherche à se procurer un exemplaire de cet instrument typique de la musique traditionnelle bretonne.

Et donc Jean-Pierre Plunier qui habite à Claremont devient une connaissance de la famille Harper, il rencontre le petit Ben alors qu’il n’a que 8 ans, le voit jouer avec ses frères mais ce n’est que des années plus tard alors que Ben Harper a une vingtaine d’années que leurs chemins se recroisent. On est en 1991. ET Jean-Pierre Plunier va devenir à ce moment-là à la fois le manager, le producteur et même le père spirituel de Ben Harper. Ils vont même habiter ensemble pendant 3 ans. Ben lui amène ses compositions et lui apporte sa vision : il imagine des arrangements, choisit des instruments et trouve les musiciens qui vont finir par donner vie au morceau. Son objectif : trouver la bonne résonance et parvenir à une certaine zénitude dans le son, sans doute l’influence du Japon, pays dans lequel il a habité plusieurs années.

Et en plus de tous ces talents, Plunier a des connexions dans le monde de la musique, une formation de photographe, et donc pour démarcher Virgin, il va présenter le vidéo clip qu’il a réalisé du titre ‘Whipping boy’ présent sur l’album ‘Welcome to the Cruel World’. Bingo! La major est d’accord pour signer ce jeune prodige de la guitare slide.

INSERT — Whipping Boy

Virgin veut donc signer le jeune Ben tout en le cantonnant à la catégorie folk singer. On le perçoit plutôt comme un héritier de Ry Cooder plutôt que comme la nouvelle rock star qui va exploser les Charts américains. Et pourtant c’est exactement ce que veut faire Plunier de son protégé. Trouver une place pour lui entre Public Enemy et les red Hot Chili Peppers. C’est ce qu’il va parvenir à faire en deux albums seulement, d’abord avec Welcome to the Cruel World puis celui qui nous intéresse, le fameux Fight For Your Mind.

MANU: Et alors comment ça se passe l’enregistrement ?

Cela se passe au Grandmaster recorders à Hollywood, Los Angeles, des studios bien connus de la côte Ouest fréquenté dans ces années folles par No Doubt, les Red Hot ou encore Bad Religion. Jean-Pierre Plunier joue donc le rôle de directeur artistique mais l’enregistrement est lui confié à Bob Coke, qui a notamment bossé au cours de sa carrière avec Noir Désir, Bashung ou encore Phoenix. On est sur un album folk/blues de 14 titres mais avec des accents gospel, reggae et même soul comme sur le lumineux «Gold to Me ».

INSERT — Gold to me

Au coeur du son de ‘Fight For your mind’ il y a évidemment la célèbre guitare Weissenborn dont Ben Harper est l’un des plus grands spécialistes. Weissenborn c’est une marque de guitares hawaïennes. Elle tient son nom de son inventeur Herman Weissenborn, luthier allemand émigré aux Etats-Unis qui commença par fabriquer des ukulélés puis se concentra sur ses propres modèles de guitares hawaïennes. La fabrication était faite à Los Angeles au début du xxe siècle et le Folk Music Center était le lieu où l’on pouvait trouver ces guitares, des guitares pas tout à fait comme les autres je le rappelle car on les joue posées sur les genoux et on frotte les cordes avec un petit cylindre en métal que l’on appelle le slide.

INSERT — Ground on down

On écoutait Ground on down, un titre plutôt entraînant et groovy mais l’album dans son ensemble lui est plutôt mélancolique… hormis Fight for your mind, Gold to me ou encore Burn One down, hymne à dédié fumette de cannabis, l’album est plutôt low tempo emprunt d’une certaine gravité comme sur la superbe ballade « Another lonely day » ou encore «God fearing man», symphonie blues tragique de près de 12 minutes présente sur les dernières pistes de l’album

INSERT — God Fearing Man

MANU/ Greg pour conclure on peut aussi dire que c’est un album fondateur pour Ben Harper et la suite de sa carrière.

Oui car c’est un disque qui va asseoir sa popularité. Et surtout son dernier album solo avant de s’adjoindre les services des Innocent criminals, le groupe qui l’accompagnera sur tous ces prochains albums.

Mais déjà sur Fight for your mind on retrouve quelques uns des musiciens qui deviendront les fidèles compagnons de route de Ben Harper à commencer par Juan Nelson, extraordinaire bassiste dont le son rond et chaleureux fait des merveilles ou encore le batteur Oliver Charles et le percussionniste Leon Mobley.

Manu : Tu connais un peu l’histoire de Jean-Pierre Plunier, l’homme dans l’ombre de Ben Harper ? Nicolas, je voudrais revenir sur Burn One down, est-ce que c’est le morceau que tu chantais sur la plage avec un djembé ? 🙂

L'univers visuel de Ben Harper

MANU : Alors on va parler maintenant de l’artwork avec Fanny. J’ai pas envie de spoiler mais il y a quelque chose me dit qu’on va retrouver un personnage qu’on connaît bien 🙂

Fanny : Tiens tiens tiens ! Olivia en a parlé en début d’émission, notre ami Grégoire aussi juste à l’instant. je vous le donne en mille, derrière l’univers visuel de Ben Harper, c’est encore J.P. Plunier, le seul et l’unique, qui est aux manettes !

Alors, Greg l’a mentionné, J.P. a plusieurs cordes à son arc, dont celle de photographe. C’est évidemment pour cette raison qu’il prend en main la direction artistique de l’album, en collaboration avec un certain Tom Dolan, qui est graphiste et D.A. employé à l’époque par Virgin Records.

Ensemble, ils vont imaginer cette pochette un peu dark sur laquelle on peut voir le visage en noir et blanc d’Harper figé dans une expression qui s’apparente à de la souffrance, et placé au milieu de flammes rouges-orangé. Le fond tout autour est noir et des lettres blanches flottent sur toute la surface un peu comme des pâtes alphabet dans le bouillon de poule que te préparait ta daronne y’a 30 ans. Je sais que tu sais de quelles pâtes je veux parler.

Alors évidemment, visuellement c’est plus joli mais vous voyez le topo ! Ces lettres apportent deux informations essentielles : en haut y’a écrit Ben Harper et dessous Fight for your mind. C’est pas super lisible mais ça colle bien avec l’idée d’esprit dérangé qui se dégage de la pochette.

A l’intérieur de l’album on a un patchwork de photos prises par Bob Coke, Jeff Gottlieb et William Howard soit pendant la tournée soit pendant l’enregistrement en studio avec Ben et ses musiciens. Et au dos de l’album, on a les 14 morceaux qui sont listés sous 14 cocardes aux couleurs de la Jamaïque et de plusieurs pays d’Afrique (Angola, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Ouganda, Égypte, Niger, Ghana, Kenya, Nigeria, Somalie, Côte d’Ivoire et Éthiopie). C’est sans doute pour retracer les filiations culturelles et musicales de Ben ainsi que son background multiethnique.

D’ailleurs la cocarde, qui ressemble à une cible ronde avec des bandes de couleurs, est un signe visuel que l’on va retrouver très régulièrement chez Ben Harper par la suite, sur plusieurs autres pochettes, affiches, produits dérivés et même en gigantesque décor de fond sur scène lors de ses concerts.

MANU : Oui il a même créé une guitare signature pour la marque Martin avec une petite cible sur le manche ! En plein dans le mille. Martin c’est LA référence des guitares folk. Bon et alors, qu’est-ce que tu peux nous dire sur les clips de Ben Harper ?

Dans le cadre de l’album Fight For Your Mind, 2 clips ont été tournés. Essayez de deviner un peu dans l’entourage de Ben qui a bien pu les réaliser ? Quelqu’un qui a des skills en photo, en management, en production…
(…)

Bingo ! Ouais c’est bien JP Plunier qui signe les vidéos d »Excuse Me Mr’ à la forte fibre écologique et de ‘Ground on Down’ qui fleure bon la Californie. D’ailleurs c’est de cette dernière dont j’ai envie de vous parler…

INSERT — Ground on down

Ground on Down : La vidéo est en noir et blanc, il y a une sorte de pureté formelle, on voit l’oeil du photographe dans la manière de cadrer et de rendre les textures, j’ai trouvé ça hyper beau. Mais ce qui m’a plu surtout c’est qu’on découvre dans ce clip une pratique qui est ancrée dans l’ADN de Ben Harper depuis l’enfance : le skateboard.

Alors, ça n’est pas étonnant, pour un jeune qui a grandi à Claremont dans le comté de Los Angeles puisque la Californie est LE berceau de la culture skate. Le clip a d’ailleurs été tourné sur plusieurs jours dans un lieu qui s’appelle Chicken’s Pool. C’est un des premiers spots de skate en forme de piscine qui a été construit en 1991 à Huntington Beach, un lieu culte pour les skaters.

Dans la vidéo on peut voir quelques pointures de la discipline comme Jeff Grosso ou Lance Mountain faire des figures dans le « bowl », le bassin en béton, pendant que Ben est assis au milieu sur une chaise avec sa Weissenborn sur les genoux. Dans la chanson il parle du combat entre le bien et le mal, cite les figures de Dieu et du Diable que l’on retrouve dans la vidéo sous la forme de skaters l’un tout habillé de blanc, l’autre tout de noir.

Dès que j’ai vu ça j’ai repensé au film Les Seigneurs de Dogtown* qui raconte ce fameux été 1975 où à la suite d’une vague de sécheresse toutes les piscines du comté de L.A. se sont retrouvées à sec. Une bande de jeunes surfers marginaux déjà férus de skate s’est emparée de ces centaines de nouveaux terrains de jeu et a révolutionné l’histoire du skate en inventant des figures aériennes et des mouvements qu’on avait jamais vus. Cette bande est connue sous le nom de Z Boys du nom de la boutique de surf Zephyr à Venice. En plus du film qui leur est consacré y’a un super docu à voir sur Youtube**, que je vous recommande. Toute cette imagerie du skate à Los Angeles m’a aussi fait penser au film génial 90’s de Jonah Hill qui raconte l’histoire d’un ado un peu cassos qui va se lier d’amitié avec une bande de skaters. Le film est très réussi, la B.O. est complètement géniale. J’y repense souvent parce que l’esprit de cette période flotte dans une partie des disques dont on a parlé ici : Nevermind de Nirvana enregistré à Los Angeles, l’album de Rage Against de Machine, c’est tout imprégné du même esprit outsider 90s. J’adore, ça me parle vachement et je ne m’attendais pas à tomber là dessus en faisant des recherches sur Ben Harper, c’est pas l’image que j’en avais.

Mais dans la vie donc, Ben est un gros fan de skate, il a repris sur le tard et poste plein de vidéos de lui en train de skater sur son compte insta perso. Et sur son site officiel, il y a une section Activisme, où on retrouve une liste de 9 ONG qu’il soutient, parmi lesquelles la Fondation Tony Hawk pour la création de skateparks à travers les Etats-Unis + Fondation Surfrider pour la protection des côtes, de l’océan et des spots de surf. Y’a pas à dire, Ben Harper, c’est quand même de loin de Roi du cool.

* réal : Catherine Hardwicke, cast : Heath Ledger, Emile Hirsch, Pornstache, John Robinson (Elephant, Gus Van Sant), Nikki Reed, Johnny Knoxville, Michael Angarano
** Dogtown and Z-Boys réalisé par Stacy Peralta lui-même

Manu :

C’est génial, je me souviens qu’à l’époque j’achetais le magazine Crazy Roller. C’était le magazine de la glisse et du skate. J’en faisais pas mais je trouvais ça trop cool. Et musicalement d’ailleurs, le roller n’avait pas d’étiquette. On pouvait écouter de tout tant que c’était cool et alternatif : Slayer, Les Beastie Boys, la Souris Déglingué, NTM…

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Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

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« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “