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Fatboy Slim “You’ve come a long way, Baby”

(1998)

EN QUELQUES MOTS

Dans cet épisode on va vous parler de Norman Cook alias Fatboy Slim, sans doute le DJ anglais le plus célèbre du monde et de son deuxième album “You’ve Come a Long way baby” qui sort en 1998.

Installé à Brighton au Sud de l’Angleterre, Fatboy Slim invente la bande-son d’une aventure hédoniste et paillarde : le Big / Beat. Un mélange ultra efficace de Hip-Hop, Dance, Rock et Techno, sans autre but que celui de vous faire sauter.

Lui qui tout au long de sa carrière a collectionné les avatars et fait des loopings va finalement s’imposer comme une superstar et placer le Big Beat anglais sur la carte du monde, grâce à une enfilade de tubes comme “Praise you”, “Right Here, Right Now”, “Gangster Tripping” et bien sûr “The Rockafeller Skank”.

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Retour en 1998

Voilà pour les 11 titres de You’ve come a long way, baby. En tout cas sur la version Européenne. Sur la version américaine j’ai noté un truc marrant “Fucking in heaven” est rebaptisée “In heaven” — je trouve ça mignon — et le titre disparaît carrément en Arabie Saoudite ! Les Japonais, eux comme d’hab ont plus de chance : ils ont un track en plus.

C’est donc le 2ème album de Fatboy Slim. Il sort le 19 octobre 98, en Compact disque, Cassette, Minidisc et vinyle sur le label indépendant Skint Record.

On le retrouve dans les bacs de la FNAC aux côtés du “Clandestino” de Manu Chao, et du “Mezzanine” de Massive Attack, ainsi que de la comédie musicale Notre-Dame de Paris et la BO de Titanic.

L’année 1998 est marquée notamment par la victoire des Bleus en coupe du monde et la première techno parade qui réunira 200.000 personnes.

La story de Fatboy Slim

Manu : Alors on va revenir un peu en arrière et on vous raconter comment Norman Cook est devenu Fatboy Slim après avoir vécu 10.000 autres vies. Nous sommes au début des années 80, à l’université de Leeds.

Oui et contre toute attente son aventure musicale commence sous le signe du rock indépendant ! Il rencontre Paul Heaton à l’université de Hull, près de Leeds, qui lui propose de devenir le bassiste de son groupe, The Housemartins. De 1985 à 1988, le groupe qui préfigure la brit-pop à venir s’inscrit dans la mouvance engagée contre le gouvernement de Margaret Thatcher. Ils connaissent leur moment de gloire en Angleterre avec une reprise a cappella de « Caravan of Love « , le tube des petits Isley Brothers sorti un an plus tôt.

INSERT —Housemartins

Manu : Mais malheureusement Les Housemartins se séparent en 88 et Norman Cook retourne à Brighton d’où il venait.

Norman continue la musique mais brouille les pistes et multiplie les expériences. Il s’oriente alors vers la scène acid house et techno et devient DJ lors de raves. Cette reconversion avec le groupe Beats International lui apporte un nouveau numéro un en 1989 avec le titre « Dub Be Good To Me ».

INSERT —Beats International

DJ mais aussi multi-instrumentiste (claviers, basse, batterie) et producteur, Norman Cook multiplie les noms d’emprunt : il jouera dans Freak Power, il sera Pizzaman et le Mighty Dub Katza. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous mais une chose est sûre, il s’autorise tous les sons, tous les mélanges : hip-hop, rock, house, funk, soul…

À partir de 1989, il est connu pour ses fêtes incroyables à Brighton : Chaque week-end, les soirées sont plus folles et se finissent souvent chez lui, dans sa maison à flanc de colline qu’il appelle la House of Love. Tout y est permis, la nuit n’a aucune limite. Pour résumer et je cite ici Norman Cook, lui même : “Tout le monde prenait de l’ecstasy, on passait notre temps à s’embrasser, à se câliner, à se masser. Le simple fait de regarder un seau d’eau devenait une expérience extraordinaire, tout le monde en hurlait de bonheur !”

Quelques années plus tard, il inaugure un nouveau lieu de danse et de fête: La Big-beat boutique qui, entre temps et en partie grâce à lui, est devenue la capitale de l’hédonisme house. La légende raconte que les nuits étaient tellement chaudes que la condensation faisait pleuvoir à l’intérieur du club ! Ce lieu, c’est vraiment chez lui. Là où tout est possible. Il en parle dans une interview aux Inrocks en 98 :

“Cet endroit, c’est sacré pour moi. Je suis DJ depuis vingt ans et c’est le meilleur public que je connaisse. J’y suis chez moi, ce sont mes amis, ma famille… Pour un nouveau venu, l’ambiance de la Boutique peut être stupéfiante : c’est à la fois sauvage et très drôle. Pendant des années, les journaux de dance-music n’ont pas osé s’y aventurer, ils écrivaient que c’était un truc de mecs en sueur, de furieux… Alors que partout où je regardais, je ne voyais que des filles en soutien-gorge, hystériques ­ une chose inconcevable dans un club hip-hop, techno ou même house, très mâles… Les filles me disent qu’elles aiment la Boutique parce que notre musique est joyeuse, entraînante, que c’est le seul club où elles ne se font pas draguer lourdement…”

La boîte donnera son nom au Big-beat dont Norman va devenir le plus grand ambassadeur sous le nom de Fatboy Slim !

Il prend ce nom à partir de 96, un peu comme une blague.

Manu : Mais le grand virage qui va bouleverser sa carrière, c’est la rencontre avec les Chemical Brothers en 1996.

Norman est en pleine dépression, il vient de divorcer et n’est plus très motivé par la musique : il accepte tout et n’importe quoi, remixer Vanessa Paradis ou pire, composer la musique d’un jeu vidéo des Schtroumpfs.
Et puis un soir, les Chemical viennent l’écouter mixer. Sans attendre, ils l’invitent derrière les platines de leur club londonien, le Heavenly Social et parviennent à le convaincre d’enregistrer un nouveau disque. Ce sera le premier album de Fatboy Slim, “Better Living Through Chemistry”, sur le label indépendant Skint.

Plus rien n’arrête Norman qui, sous cette nouvelle identité de “Gros garçon maigre” en français dans le texte, devient l’idole des nuits sans fin et sous substances. Cet album, c’est celui de sa renaissance, du long chemin parcouru.

Deux ans plus tard et comme un clin d’oeil à ce grand retour qu’il n’attendait plus, il revient encore plus fort avec You’ve Come a Long Way, Baby. L’album sort le 19 octobre 1998, toujours sur le label anglais Skint basé à Brighton. C’est un label assez pointu que le fans de Big Beat connaissent bien.

Manu : You’ve Come a Long Way, Baby est l’album qui va tout exploser : gros succès public et critique, un Brit Awards en 1999, l’album est certifié 4 fois disque de platine.

Le disque était évidemment très attendu. Norman en parle en 1998 dans une interview qu’il donne aux Inrocks :

“Je ne suis pas allé aussi loin que j’aurais voulu, je me suis parfois retenu. Pour la première fois, j’ai enregistré un disque en sachant que beaucoup de gens allaient l’écouter. Le succès de Rockafeller skank m’a fait un peu paniquer et j’en suis presque arrivé à souhaiter un flop du disque, que je retrouve ma tranquillité”

Énorme carton, on l’a dit et ce qui va venir décupler le pouvoir de ces morceaux créés pour être des tubes, c’est la publicité et les films.

Quelques exemples :
INSERT — Hook The Rockafeller Skank

The Rockafeller Skank fait partie de la bande originale du jeu vidéo FIFA 99. On le retrouve également en 1998, dans Elle est trop bien, mais aussi dans.le film Peut-être de Cédric Klapisch.

INSERT — Right Here, Right Now

Right Here, Right Now sera utilisé notamment en France par Adidas, PMU, Nissan, le film Lara Croft: Tomb Raider en 2001…

Selon Stephen Thomas Erlewine, critique pour le site AllMusic, You’ve Come a Long Way, Baby « n’est pas passé loin d’être l’album ultime et définitif de big beat … un disque d’une seule facture, rempli d’une imagination débordante, de rebondissements inattendus, de hooks grandioses et de rythmes incroyables !”

En guise de conclusion, je voulais rapidement évoquer ce que Norman pense lui-même de sa notoriété et de son succès. Je trouve que ça détonne complètement avec le personnage de gros fêtard qu’est Fatbloy Slim, son double maléfique.

Il dit, au sujet de son 3e disque qui arrivera en 2000, Halfway between the gutter and the stars (A mi-chemin entre le caniveau et les étoiles) :

« Il fallait que je me reconnecte avec celui que je suis au fond de moi. Jouer la pop-star, ça n’avait jamais été mon but et là, je me retrouvais à discuter avec les vedettes du cinéma, à passer mes disques face à des milliers de filles hystériques. Au fond de moi, je suis timide et réservé. Constamment, je pense être l’objet d’un malentendu… Je ne peux décemment pas jouer la star avec mon physique : je suis un geek, quelqu’un qui s’habille comme un plouc. »

Manu : J’ai lu aussi qu’on disait de Norman qu’il était le mec “le plus gentil homme de l’industrie musicale” parce qu’il est super humble il a carrément le syndrôme de l’imposteur et qu’il est en plus très franc, notamment quand il parle en parle en interview des drogues qu’il prend quand il fait de la musique (coke, ecstasy, kétamine). Il est super transparent.

Aller on va faire une courte pause musicale et s’écouter Gangster Tripping. A tout de suite.

INSERT — Gangstas Trippin

Le making-of de "You've come a long way, Baby"

MANU/ On reste à Brighton, maintenant avec toi Greg. Tu t’es intéressé à l’enregistrement de cet album – fait maison – comme souvent à cette époque dans le monde de la musique électronique…

Oui on est alors en plein dans la période faste du home studio et donc c’est logiquement que Norman Cook s’attelle à créer cet album dans la house of Love, le surnom donné à son domicile de Brighton. Il utilise un bon vieil Atari ST, un clavier et bien sûr échantillonneur, vous allez le voir, cet album n’est en réalité qu’un collage de samples venus de tous les horizons. Chaque morceau contient de nombreux extraits d’autres chansons, une bribe de mélodie, une ligne de guitare, un coup de caisse claire si savamment coupés-collés, tordus, maquillés qu’ils en deviennent méconnaissables.
«Le sampling a été pour moi une découverte fondamentale, simplement parce que j’y ai vu une extension de mon rôle de DJ,” explique Norman Cook dans une interview donnée à Libération à la fin des années 90 “la possibilité d’imbriquer les morceaux plus subtilement que les platines. Avec mes collages, j’ai l’impression de piloter un groupe sous acide, je n’arriverai jamais à tirer ces choses-là d’un ensemble de musiciens.»

 

MANU/ L’idée de cet album c’est d’arriver à retranscrire sur vinyle et CD l’énergie de ce que l’on appelle alors le Big Beat

Ce mélange de breakbeat, de techno, de rock et de hip-hop souvent joué mid tempo entre 90 et 120 BPM et qui fait alors fureur chaque vendredi au Concorde Club de Brighton où officie notre cher Norman Cook depuis 1995. Une musique de pur divertissement qui revendique sa superficialité, à l’opposé de l’intelligent dance music de l’époque hype et cérébrale.

Le journaliste de Vice, Jonny Coleman est peut-être celui qui résume le mieux la recette de ce sous-genre techno qui va exploser les Charts de la fin des années 90, avec notez-le, un brin d’ironie :
Chopez un breakbeat et compressez-le généreusement.
Copiez-collez quelques passages de disques soul et funk.
Chopez une voix (« get busy, child ») et agrémentez-la de quelques samples de vieilles comptines pour enfants ou de bandes originales.
Comblez les trous avec une ligne de synthé ou deux.
Twistez le tout avec une dose d’agression rock, de psychédélisme ou d’influence rave.
Rincer, et répéter.

MANU / La recette est appliquée à merveille par Norman Cook sur le single Rockafeller Skank…

Car Norman Cook est passé maître dans l’art du sample. Il possède une impressionnante collection de disques vinyles et un petit carnet dans lequel il répertorie les samples Breakbeat ainsi que leur BPM pour pouvoir ensuite les retrouver plus facilement. Sur le single Rockfafeller Skank, le DJ commence par la voix, il s’agit d’un sample de Hip Hop, plus précisément du rappeur Lord Finesse, mais dont le rythme a été modifié.

INSERT — Lord Finesse

A ce premier sample, Norman Cook ajoute le riff de Just Brothers des Sliced Tomatoes, hit de l’année 1972 sur les dancefloor américain
INSERT — Sliced Tomatoes

Puis alors que notre DJ se trouve en vacances au bord de la plage, il voit des surfeurs et là bim ! Il pense à music surf, voilà le dernier élément qui lui manquait avec cet extrait de la BO du film de 1959 Beat girl signé John Barry.
INSERT — Beat Girl

On continue avec Gangsta’ tripin sur lequel Fatboyslim utilise un sample d’un EP un peu obscur de DJ Shadow, le titre s’appelle Entropy.
INSERT — DJ Shadow

Sur cela il ajoute un bon groove funky, en l’occurrence Ann Robinson avec le titre All Brothers et il sample la basse de Barkin up the Wrong tree de James Young
INSERT — Ann Robinson + James Young

Enfin dernier élément, les voix en mode Beat box, il s’agit des Dust Junkys, sur l’album Beat box wash
INSERT — Beat Box Wash

Et on peut répéter ce même exercice sur tout l’album qui multiplie les hommages à la soul music mais aussi au mouvement hip hop notamment sur le titre Kalifornia qui reprend Planet Rock d’Afrikaa Bambata.

MANU/ Et au final Greg, ce disque deviendra un manifeste du son Big Beat qui a beaucoup contribué à définir le son des années 90

Oui c’est vrai que c’est le premier sous genre de la techno à remporter un succès populaire. Avec cette musique, Fatboy Slim et les Chemical Brothers remplissent des stades et deviennent les premiers showmen du genre, bien avant les Daft Punk. Le succès est considérable mais de courte durée. Le genre va s’épanouir grosso modo entre 1995 et 2000 avant de décliner jusqu’à prendre une connotation péjorative car cette musique va être rabâchée dans des spots publicitaires ou de grands événements sportifs et perdre peu à peu de son authenticité et de sa créativité. ET ça ce n’est pas moi qui le dit mais c’est Damian Harris lui même, le patron du label Skint qui signe Norman Cook. Malgré cela, le son hédoniste du big beat a été un précurseur de la dance music d’aujourd’hui et a aussi contribué à tracer la route à des artistes techno qui allaient marqué les années 2000 comme Justice ou plus tard encore, Jamie xx.

L'univers visuel de Fatboy Slim

Manu : Yes je crois que ce qui a tué le big beat c’est le remix d’Elvis Presley par Junkie XL “A Little Less Conversation” en 2002. Personnellement pour moi ça été l’overdose !

On va maintenant s’intéresser à l’image de Fatboy Slim, à travers la pochette de son album et quelques clips qui sont juste dingues ! Qu’est-ce que tu peux nous dire là-dessus, Fanny ?

Ecoute, je ne connaissais quasiment rien à Fatboy Slim en dehors de quelques images impactantes. La pochette de l’album « You’ve come a long way baby » en est évidemment une. Si vous passiez comme moi votre temps fourré au rayon musique de la Fnac quand vous étiez ado alors impossible d’être passé à côté. Je pense que c’est vraiment une des pochettes culte des 90s et elle on doit sa conception au studio anglais Red Design.

En couv’ on a un photomontage qui montre dans la partie droite un jeune homme obèse, lunettes noires vissées sur le pif, sourire aux lèvres, une clope à la main et qui porte un T-shirt marron sur lequel est écrit « I’m #1 so why try harder / Je suis n°1 donc à quoi bon faire plus d’efforts ?». La photo de ce garçon a été prise en 1983 lors du Fat Peoples Festival à Danville, dans l’état de Virginie aux USA. Elle était disponible à l’achat sur la banque d’images de l’agence de presse Rex Features donc c’est là que les D.A. sont allés piocher.

Manu : Et pardon je te coupe : vous savez qu’un appel à témoin a été lancé pour retrouver le mec ! Tout ce qu’on sait c’est qu’il s’appelle Mark Johnson…

Dans la partie gauche on voit la photo d’une grande avenue dans une ville des Etats-Unis. En haut y’a le nom ‘Fatboy Slim’ écrit avec une typo manuscrite, en bas le titre du disque en majuscules blanches et dessous le logo Parental Guidance Explicit Lyrics donc on a parlé plusieurs fois dans des épisodes précédents.

Au dos de l’album, il y a une surimpression de 2 photos évoquant encore les States, une autoroute dans un paysage désertique et une plaque d’immatriculation du Texas.

Je pense que vous vous doutez qu’afficher l’image d’une personne obèse a quelque peu fait flipper les diffuseurs américains donc pour les US strictement, il existe une version alternative de l’album avec en couverture une photo des étagères fournie de milliers de vinyles de Norman Cook. Oui c’est un peu pourri à côté de l’original mais on est peu de choses face au rigorisme moral de l’opinion américaine !

Manu : C’est clair ! D’ailleurs on en l’a pas dit mais si Fatboy Slim a commencé à faire le DJ à 15 ans c’est parce que c’est un gros collectionneur de vinyles et qu’il était le seul de ses petits camarades à acheter les derniers hit du moment en support physique. Je rappelle qu’on est à la fin des 70s, qu’il n’y a pas de MP3, donc si tu veux passer une bonne soirée t’as intérêt à inviter Norman Cook à ta boume d’anniversaire !)

Bref il y a une pochette d’album iconique d’un côté et de l’autre quelques clips qui vont eux aussi marquer les esprits !

Ah oui, clairement ! En premier y’a le clip de Right Here, Right Now qui est en soi un morceau de bravoure, réalisé par le duo anglais Hammer & Tongs. A vrai dire le scénario du clip est un hommage au générique du dessin animé « Il était une fois la vie » qu’on a tous regardé quand on était petits allez, avouez ! (pause, réaction ?)

Au cours des 3 minutes 48 que dure la vidéo, on balaye 350 million d’années d’évolutions de la vie sur terre, des abysses aux premiers mammifères jusqu’aux singes pour arriver à l’humain qui termine sa progression en se transformant en un homme blanc obèse vêtu du même tshirt exactement que sur la pochette de l’album. Une première boucle de bouclée ! Si vous êtes prof de SVT, surtout ne projetez pas cette vidéo en classe car elle est complètement fausse d’un point de vue scientifique. Si vous êtes prof de musique, par contre vous pouvez y aller parce que le morceau est bien cool !

Changement de décor. je vais maintenant vous parler de Spike Jonze que j’adore. C’est le fer de lance du cinéma indépendant américain à qui l’on doit les bijoux Her et Dans la peau de John Malkovich mais aussi plein de clips super pour Weezer, Bjork, les Chemical Brothers, Sonic Youth ou encore Daft Punk. On parlait déjà longuement de lui dans notre épisode dédié à l’album Homework d’ailleurs. Et pour cet album il va réaliser la vidéo du morceau Praise You !

INSERT — Praise You

Manu : Y’a une anecdote complètement folle là-dessus, en fait Spike Jonze était fan du tout premier single extrait de l’album, The Rockafeller Skank, mais la réalisation du clip avait été confié par le label à quelqu’un d’autre

Comme Jonze était deg’ il a tourné sa propre vidéo et a envoyé la cassette VHS à l’hôtel où séjournait Norman Cook à Los Angeles avec un petit mot genre : « Hey j’ai filmé ce type en train de danser sur ton morceau. Bisous, Spike ».
Et alors qu’il était sur le point de faire tourner le clip de Praise You par quelqu’un d’autre, Cook a dit à ses équipes : « Si on arrive à trouver ce barjo de crackhead et le faire danser sur mon prochain single, alors ça sera ça la vidéo ! » La blague, c’est que le mec en train de danser était Spike Jonze lui-même, chose qu’ignorait complètement le musicien !

Et là en fait le délire est parti assez loin ! Spike Jonze a décidé de donner un nom à son alter-ego saltimbanque, Richard Koufey, et de réunir autour de lui toute une troupe de faux danseurs appelée Torrance Community Dance Group, qui sont en réalité pour la plupart des acteurs. Il va ensuite tourner une fausse vidéo amateur qui est en fait l’enregistrement d’un flash mob organisé dans le hall du cinéma Fox Bruin à Los Angeles. En gros la troupe déboule un soir sans autorisation, il y a plein de badauds qui passent par là. Un mec pose un ghetto blaster par terre qui diffuse à fond Praise You et le happening commence. On voit la foule petit à petit s’arrêter pour regarder ce qui se passe, on voit le directeur du cinéma qui essaye en vain de les interrompre. Le tout filmé en une seule prise avec un camescope tremblotant tout pourri en mode Vidéo Gag. Budget total pour cette production légendaire? 800 balles ! Haha

Mais la blague ne va pas s’arrêter là ! Après sa sortie, le clip fait le buzz et devient super populaire. Dans la foulée il est nommé à 4 prix aux MTV Video Awards et en remporte 3 : Révélation vidéo de l’année, Meilleure Réalisation et Meilleure chorégraphie. Spike Jonze va chercher ses prix attifé en Richard Koufey et entouré de la fausse troupe du Torrance Community Dance Group. Tout ça alors que MTV refusait au départ de diffuser la vidéo, jugeant sa qualité trop mauvaise. La deuxième et dernière boucle est bouclée !

Manu : Franchement Fanny je crois que de tous les Radio K7 qu’on a enregistré jusque là c’est la meilleur histoire de vidéo clip. J’ai envie de te remettre une cassette en or à Spike Jonze. Allez voir ce clip, là tout de suite maintenant. Mettez ce podcast sur pause !

À PROPOS DE RADIO K7 PODCAST

Chaque mois dans Radio K7 on discute d’un album avec mes copains autour d’une table, parfois avec des invités comme Pénélope Bagieu ou Nicolas Berno. Il y a des chroniques et des débats, on s’interroge sur l’histoire du disque : comment il a été produit, ce qui a fait son succès, et puis finalement ce qu’on a envie d’en retenir 20 ou 30 ans plus tard.

Le 5 janvier 2020, Radio K7 est devenu le premier podcast indépendant sur la musique en France au classement Apple Podcast !

« On veut redécouvrir les 90s, apprendre des trucs et se marrer. »

Manu, Fanny, Olivia et Grégoire

“ Le but de ce podcast c’est de redécouvrir la bande-son des nineties. Parce que c’était celle de notre adolescence, qui a marqué toutes nos premières fois. C’était une période où la musique a commencé à prendre une grande place dans nos vies, avec les groupes qui ont forgé notre identité mais aussi nos plaisirs coupables. “